V. Peillon et l'UNSS veulent "davantage prendre en compte les attentes des jeunes filles"
Paru dans Scolaire, Périscolaire le samedi 29 septembre 2012.
"Depuis deux ans et demi, nous n'étions jamais parvenus à adopter un plan à l'unanimité; aujourd'hui c'est le cas"." A l'issue de l'assemblée générale de l'UNSS, Laurent Petrynka a exprimé sa satisfaction : les 100 propositions qui composent le plan d'action 2012-2016 de la fédération du sport scolaire ont été votées sans aucun amendement, "à la virgule près", sous la présidence de Vincent Peillon.
Même si tout ministre de l'Education est statutairement président de l'UNSS, aucun ne s'était rendu à son AG annuelle depuis Xavier Darcos, en 2007. L'UNSS voit dans ce déplacement "un message d'apaisement et de confiance vis-à-vis de l'ensemble des acteurs du sport scolaire".
A la suite de V. Vourneyron (voir ToutEduc Le sport, un "moteur de réussite éducative" financé par les régions? (V. Fourneyron)), V. Peillon a décrit le sport scolaire comme l'un des piliers de la refondations de l'Ecole. Le ministre a maintenu le statut associatif spécifique de l'UNSS, confirmant ainsi ses déclarations après les critiques de la Cour des comptes (voir ToutEduc Sport scolaire : Vincent Peillon en défend le statut associatif, malgré les critiques de la Cour des comptes). "Le ministre donne tout son soutien à l'organisation du sport scolaire telle qu'elle est en ce moment", s'est félicité L. Petrinka.
Développement de la mixité... et des stéréotypes?
Dans la continuité du lancement d'un plan d'action pour l'égalité filles /garçons à l'Ecole (voir Touteduc L'Ecole doit redonner confiance aux femmes (V. Peillon)), V. Peillon a insisté sur l'importance de la mixité du sport scolaire. L'un des objectifs du plan d'action de l'UNSS sera de "multiplier par deux le nombre de sports où les compétitions se déroulent de façon mixte", précise L. Petrynka. L'UNSS cherchera aussi à développer son label "filles, sports et mixité", et le déclinera aux niveaux régional et départemental. L'UNSS s'apprête à développer des formations "axées sur l'offre sportive pour les filles". "Les professeurs d'EPS doivent davantage prendre en compte les attentes des jeunes filles", affirme L. Petrynka. Ils devraient plus souvent proposer "des sports plus adaptés aux demoiselles", comme "l'aérobic ou la danse". Pour lui, attirer davantage de filles dans les AS avec une offre "adaptée" et modifier les stéréotypes liés à certains sports sont deux objectifs "complémentaires".
En 2013, un partenariat avec la Fédération Françase de Football permettra de former les enseignants qui le souhaitent au football féminin. Mais les stéréotypes sont parfois fortement ancrés dans les familles, regrette le responsable de l'UNSS, citant l'exemple d'une équipe de rugby féminin où les joueuses, motivées, s'étaient heurtées au scepticisme de leurs parents.
Au-delà de leur participation aux activités sportives, les jeunes filles doivent davantage accéder à des postes à responsabilité. Cela peut passer par une formation à l'arbitrage: l'UNSS vise ainsi la parité sur l'ensemble du programme "Jeunes officiels". Elles pourraient aussi intégrer les comités directeurs des AS, même si le plan d'action de l'UNSS ne comporte pas d'objectif de parité à ce niveau.
"Se démarquer du modèle fédéral"
La participation des jeunes à l'administration des AS est un objectif majeur de la fédération du sport scolaire. Depuis la création de la fonction de "vice-président élève" auprès du président de l'AS, en 2010, la proportion de jeunes en charge et en responsablité dans les AS presque doublé: "elle est passée de 20 % il ya deux ans à 35 % aujourd'hui", se félicite L. Petrynka. Ces jeunes sont "les dirigeants sportifs de demain": pour développer leur formation, l'UNSS a noué un partenariat avec le comité olympique (CNOSF).
L'UNSS insiste d'ailleurs sur le volet éducatif de son action. "Nous organisons des compétitions, mais nous sommes dans la continuité de l'EPS. Nous faisons du sport, mais pas comme les autres", affirmait L. Petrynka en juin dernier dans un Sport scolaire: L. Petrynka précise la vocation de l'UNSS (exclusif)accordé à ToutEduc.
Le maintien de ce modèle hybride est source de débats au sein même des équipes enseignantes. "Les enseignants d'EPS sont très partagés sur les finalités associées aux rencontres: lieu de l'animation sportive de l'AS ou simplement espaces de compétition", note la fédération dans le bilan de son programme précédent. Elle rappelle aussi que les enseignants "invitent l'UNSS à se différencier par rapport aux autres fédérations sportives".
En 2011, un rapport de l'UNSS appellait à la mise en place de Construire des passerelles "entre l’école et le mouvement sportif" (rapport de l'UNSS)entre les AS et les clubs. Le développement de ces liens ne figure pas parmi les "réponses" des acteurs de la fédération du sport scolaire. Même si "favoriser la pratique sportive des licenciés UNSS vers le monde fédéral" figure parmi les propositions du plan d'action, les acteurs de l'UNSS veulent avant tout "se démarquer du modèle fédéral".
Les relations entre les enseignants d'EPS et les animateurs des fédérations sportives sont parfois Sport à l'école : les fédérations sportives se plaignent de ne pas trouver leur place. "Le rapprochement des AS et des fédérations est toujours un sujet sensible", confirme L. Petrinka. Pourtant, lorsque des conventions sont mises en place, "elles fontionnent bien". L'UNSS collabore avec 48 fédérations pour organiser les championnats nationaux ou former les jeunes arbitres et les cadres de l'UNSS.
Priorités
Dans cette optique "éducative", V. Peillon a invité l'UNSS à prêter une attention particulière aux élèves en situation de handicap, ainsi qu'aux zones d'éducation prioritaire. La fédération compte doubler le nombre de "sports partagés", pratiqués à la fois par des élèves valides et handicapés, et invite les lycéens scolarisés en établissement spécialisé à participer aux compétitions.
Même si "le taux de pénétration de l'UNSS est le même hors éducation prioritaire et dans les RAR", L. Petrynka appelle aussi à "modifier l'offre de formation de manière territoriale, afin de l'adapter aux besoins des jeunes". Les AS de quartiers prioritaires pourraient bénéficier de l'aide des autres AS grâce à une mutualisation des moyens. Pour permettre à l'ensemble des élèves de participer aux activités sportives, l'UNSS s'engage à maintenir le coût de l'adhésion aux AS sous le barre des 20€.
Au-delà de cet effort économique, le développement du sport scolaire pourrait se heurter à un obstacle pratique, lié à la réforme des rythmes scolaires. "Il faut que les élèves continuent à bénéficier d'un mercredi après-midi libre", plaide L. Petrynka, qui invite les établissements scolaires à effectuer un choix "pédagogique".