Sport scolaire: L. Petrynka précise la vocation de l'UNSS (exclusif)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 07 juin 2012.
L'UNSS organise un forum international à Toulon, demain et samedi. Le rapport des inspections générales sur son organisation est assez sévère. Son directeur général, Laurent Petrynka, répond aux questions de ToutEduc.
ToutEduc : Ce forum international est-il le premier ? A quelles nécessités répond-il ?
Laurent Petrynka : Oui. Nous avons mis à profit l'opportunité créée par la finale du championnat du monde de volley-ball scolaire. C'est un tournoi important, auquel participent 31 pays. Nous accueillons donc autant de délégations venues du monde entier, le mouvement olympique et les instances internationales. C'était l'occasion d'une réflexion sur le sport comme média pour la coopération internationale.
ToutEduc : Quels sont les sujets qui vous paraissent mobiliser justement la communauté du sport scolaire ?
Laurent Petrynka : Il y a d'abord une impulsion à donner à la pratique sportive pour les jeunes femmes et les jeunes filles... Alors que les équipes étrangères arrivent avec des arbitres adultes, toutes nos compétitions sont arbitrées par des élèves et l'UNSS y tient. Nous concourons d'ailleurs au WISE [le sommet international de l'innovation dans l'éducation au Qatar, ndlr] sur ce thème, "vers une génération responsable".
Se pose aussi un problème structurel. Le sport scolaire est organisé dans chaque pays, avec des instances internationales. Ne manque-t-il pas un échelon européen ? La Commission a prévu un budget pour le sport de 230 M d'euros pour les années 2014-2018. Nous devons nous organiser, sans concurrencer évidemment le niveau mondial, qui organise des compétitions dans 12 disciplines, 6 chaque année.
ToutEduc : Le rapport des inspections générales qui vient d'être publié par le ministère met en cause la gestion de l'UNSS. Qu'avez-vous à répondre ?
Laurent Petrynka : Les inspections ont porté sur le sport scolaire un regard perspicace et très intéressant. Un certain nombre de réformes, en réponse à leurs propositions ont d'ores et déjà été lancées, et je peux vous dire que nous avons changé de prestataire informatique, après appel d'offres ! La gestion des ressources humaines a été améliorée. L'ensemble des comptes nationaux et régionaux a été présenté au conseil d'administration. Les comptes départementaux le seront l'année prochaine. A Nancy au mois de juillet, un séminaire réunira les 173 cadres de l'association pour débattre des évolutions à venir. En revanche, nous sommes attachés au système de licence par établissement, qui permet d'avoir, pour chacun des élèves, des tarifs très faibles, en général inférieurs à 20 €.
ToutEduc : Le rapport ne pose pas seulement des questions sur la gestion de l'UNSS, il s'interroge aussi sur la nature même du sport scolaire... L'UNSS doit-elle être une fédération sportive ou un service du ministère de l'Education nationale?
Laurent Petrynka : Il appartiendra au politique de choisir. Mais je plaide pour conserver le modèle actuel, une association présidée au niveau national par le ministre, au niveau académique par le recteur, au niveau local par le chef d'établissement, donc avec une gouvernance qui déroge au modèle associatif, mais qui assure que nous nous situions dans la continuité du sport scolaire ... et qui garantit aussi, autant que faire se peut, nos financements par l'Education nationale.
ToutEduc : Mais le problème n'est-il pas plutôt "philosophique" ? Le sport scolaire doit-il, comme l'EPS, être un élément de la culture générale de "l'honnête homme du XXIème siècle" et donc s'inscrire dans le système scolaire ? Ou doit-il entraîner et sélectionner les meilleurs, dans un cadre compétitif, auquel cas c'est une fédération comme les autres, spécialisée sur une tranche d'âge plutôt que dans une discipline ?
Laurent Petrynka : C'est bien le problème posé. Et je réponds, les deux. Nous organisons des compétitions mais nous sommes dans la continuité de l'EPS. Nous faisons du sport, mais pas comme les autres. Nos équipes en tennis de table et en tennis sont mixtes, par exemple. Les compétitions sont arbitrées par des élèves. Les enseignants sont très attachés à ce modèle hypbride. Nous devons tenir la ligne de crête.
Entretien relu par L. Petrynka. Le programme du forum est à télécharger sur le site de l'UNSS, Le sport scolaire à l'heure des choix (Inspections générales).