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Lecture : ne pas méconnaître l'effet maître ni le plaisir d'apprendre (E Charbonnier et L Bigorgne)

Paru dans Petite enfance, Scolaire le samedi 22 septembre 2012.

En matière d'apprentissage de la lecture, même si des protocoles codifiés et systématisés apportent une efficacité mesurable, deux facteurs restent en grande partie insaisissables. Il s’agit du plaisir d’apprendre et de l’ "effet maître". Le premier, touche au plus profond de la subjectivité de l’enfant, le second tient au charisme d’un adulte parmi ses élèves. L’alchimie des deux ne procède certainement pas  d’une modélisation, pourtant il ne faut pas la laisser au hasard car de sa bonne évolution dépend une véritable démocratisation de la réussite scolaire. C'est ce qui ressort du débat organisé hier, 21 septembre par l’Association européenne des parents d’élèves qui interrogeait Eric Charbonnier (OCDE) et Laurent Bigorgne (Institut Montaigne). Tous deux prônent une démocratisation de la réussite et une lutte volontariste contre l’échec scolaire.

Les deux experts s'accordent pour dire que, grosso modo, l’Europe scolaire est scindée en deux zones. En caricaturant, on peut dire qu'au Nord l’enseignement est individualisé, l’évaluation des élèves est formative, le redoublement n’existe pas... Au Sud, et en France, l’enseignement est magistral, la notation est coercitive, le redoublement est fréquent. Toujours en caricaturant, la scolarité nordique (notamment en Finlande) est présentée à la fois comme bénéfique pour les élèves et valorisante pour les enseignants. Par contraste, l’école au Sud est un pensum permanent fait de cours rébarbatifs, de programmes drastiques, d’ennui, de décrochage. Même si ces deux types de scolarisation offrent un destin scolaire individuel très différent aux élèves, depuis quarante ans, ils augmentent régulièrement chacun à sa manière le niveau d’instruction des Européens. Toutefois, certaines contradictions demeurent. Ainsi en France, si 30 % des élèves réussissent bien dans leurs études, environ 20 % seraient en difficulté, voire en échec.

L’apprentissage de la lecture est le point d’ancrage de la réussite scolaire. Tous les enfants peuvent apprendre à lire. L’idée qu’il existerait une frange d’individus incapable d’accéder à la lecture est absolument fausse. Certes, L’origine sociale des élèves détermine la facilité et la précocité d’un accès aux livres et plus largement à l’usage de la langue. En l’occurrence le rôle de la famille est décisif. Par exemple, les observations d’Éric Charbonnier montrent que les parents qui lisent des histoires aux très jeunes enfants créent les bases d’une aptitude à l’apprentissage de la lecture dés années plus tard à l’école.

L’avenir de l’école dépendra du professionnalisme des enseignants

Laurent Bigorgne déplore le décalage entre l’importance de l’enjeu lié à lecturisation des enfants et le flou dans les méthodes. L’autonomie du maître n’est pas à remettre en question. Au contraire, dans le cadre d’un objectif national de réussite à la lecture chaque enseignant devrait pouvoir être plus libre qu’il ne l’est aujourd’hui. Mais, il faudrait alors être sûr que les méthodes d’apprentissage soient plus "scientifiques" en s’inspirant des recherches qui prouvent l’efficacité de certains protocoles. Dans cet ordre d’idée, l’association "Agir pour l’école" a mis au point un dispositif de résorption des difficultés en lecture qui démontre la corrélation entre la méthode d’apprentissage et la réussite des élèves. Parmi les enfants issus de catégories défavorisées à qui on applique ce programme, la proportion de ceux qui ont des problèmes pour lire passe de 20 % à 8 %.

Pour développer ce bien précieux, l’unique moyen est de former les enseignants. Il ne peut pas être question de les cloner en leur imposant des recettes. Il suffit seulement de les perfectionner, non pas par un accroissement de leur niveau universitaire ni par leur perfectionnement didactique, mais par une ouverture aux questions pédagogiques. La révolution culturelle à venir pourrait bien passer par la professionnalisation de sa relation individualisée aux besoins de chaque élève.

Le débat était organisé avec l'APEL (Association des parents de l’enseignement libre, ici) et la PEEP (Fédération des parents d’élèves de l’école publique, ici)

Le rapport de l'Institut Montaigne sur l'école primaire ici. L'institut Montaigne est engagé dans une réflexion, des débats et des recherches sur les questions sociétales. Elle réunit des intellectuels et des responsables économiques sur la base d’un consensus libéral.

Lire aussi sur l'OCDE, ToutEduc Il faut changer l'image de la voie professionnelle (OCDE). Sur "Agir pour l'école", Lecture: vers un retour à la méthode syllabique? et PARLER : "Le Monde" s'enthousiasme pour l'expérience menée par "Agir pour l'Ecole". Sur le programme PARLER, "Il n'y a pas de méthode Zorman" déclare à ToutEduc Michel Zorman

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