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Ludovia

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le jeudi 30 août 2012.

"Je prends l'engagement d'inscrire la devise de la République, écrite sur le fronton de toutes nos écoles, dans les territoires éducatifs et numériques du XXIème siècle". A l'occasion de l'université d'été de la e-education, Vincent Peillon a rappelé que le numérique devait retrouver "toute sa place" dans le projet de refondation de l'école. La rénovation de cette institution, liée à "la construction de la Réublique du XXIème siècle", doit inclure la "dimension nouvelle introduite par le numérique dans notre culture et notre civilisation".

Selon l'ancien professeur de philosophie, les nouvelles technologies sont plus qu'un outil pédagogique ou un secteur économique: le numérique et Internet peuvent contribuer à "améliorer les valeurs républicaines de la société". Si l'école n'en prend pas conscience et passe à côté de cette "nouvelle révolution", elle marquera "le déclin de notre civilisation", a-t-il prévenu.

Du "grand plan" à une "stratégie ministérielle"

Or, comme le ministre de l'Education le notait le 30 mars dernier, la France est en retard dans ce domaine. "Si l'on établissait un classement lié aux usages pédagogiques du numérique, la France serait à l'avant-dernier rang de l'Union Européenne" avait-il estimé, avant d'annoncer la mise en place d'un "grand plan pour l'éducation e-numérique". Mardi 8 août, il a précisé que les actions menées s'inscriraient "au coeur du projet de refondation de l'Ecole" mais ne seraient pas l'objet d'un "nouveau plan" pour le numérique. "Il y en a eu trop, ils étaient trop petits, trop insuffisants", a-t-il expliqué.

La "stratégie ministérielle en termes d'e-education et de numérique" comportera trois volets d'action: le renforcement de l'équipement existant, la formation des enseignants et la mise en place d'une "nouvelle offre de service public éducatif" pour les élèves.

L'achat de nouvaux supports numériques risque d'entraîner des débats sur leur mode de financement et, au-delà, sur le rôle des collectivités territoriales. L'acquisistion du matériel numérique est ainsi à la charge des régions, alors que la formation des enseignants dépend directement de l'Etat. L'articulation de ces deux dimensions, ainsi que le statut et la rémunération du personnel de maintenance, ont pu occasionner des tensions.

Equipement numérique et décentralisation

Pour Claudy Lebreton, président de l'Assemblée des Départements de France, les collectivités "ont déjà développé des capacités énormes pour palier la déresponsabilisation de l’Etat dans le scolaire et l’extra scolaire". Du fait de la décentralisation, "plus aucune politique nationale ne peut plus se faire sans le budget des collectivités territoriales". Vincent Peillon a souscrit à cette analyse en annonçant que "l'acte III de la décentralisation" permettrait de mieux articuler l'action "éminente" des collectivités et celle de l'Etat, "qui parfois pèche".

En mars dernier, le ministre de l'Education avait rappelé que "l'Etat devait prendre ses respnsabilités" pour permettre à toutes les régions de bénéficier d'un équipement numérique.

Il existe actuellement de fortes inégalités territoriales en termes d'équipement numérique. "Les nouvelles lois de décentralisation devront assurer une meilleure égalité nationale en dotation d’ordinateurs pour les élèves", prévient Augustin Bonrepaux, président du Conseil général de l’Ariège. Pour Jean-Michel Fourgous, auteur d'un rapport sur les apprentissages du numériques à l'école (voir ToutEduc Rapport Fourgous : le numérique pour construire une école de la réussite de tous), le futur modèle économique du gouvernement devra "prévoir une tablette par élève pour tous les élèves, afin qu'ils baignent dans la culture numérique".

Priorités

La généralisation de l'usage du numérique se fera de manière progressive: il reste à établir des priorités d'action. En mars dernier, V. Peillon avait insisté sur le retard pris par les écoles primaires françaises en termes d'équipement numérique. "Le primaire a été oublié: seules 2% des classes de ce niveau bénéficient d'un tableau numérique", avait-il regretté. Il avait ainsi fait des écoles primaires et des régions en difficultés les cibles prioritaires de l'achat de matériel.

L'équipement ne fait pas tout: une exploitation optimale des supports numériques passe par une meilleure formation professionnelle des enseignants. La stratégie ministérielle dévoilée par V. Peillon prévoit de former "substantiellement" les enseignants aux "usages pédagogiques du numérique et d'Internet", dans le cadre des futures écoles supérieures du professorat et de l'éducation.

A terme, la France doit occuper une "place internationale dans la création de contenus et de services numériques". L'objectif affiché par le ministre de l'Eduction pourrait redonner espoir aux éditeurs de logiciels libres, qui attendent une aide publique depuis la signature d'un accord cadre avec l'Etat, en 1998 (voir ToutEduc Le logiciel libre doit-il, peut-il se situer dans l'ombre de Sankoré ? (salon educatec-educatice)).

"La première urgence, c'est de proposer des contenus créés par des pédagogues, pour des pédagogues" avait martelé V. Peillon en mars dernier, avant d' évoquer la mise en place d'une "politique industrielle" qui s'appuierait sur le dynamisme du secteur privé.

Une "politique industrielle"?

L'innovation pédagogique passe non seulement par la mise en commun des ressources des enseignants, mais aussi par la création "d'un lien entre temps scolaire et extrascolaire" des élèves, relève Jean-marie Merriaux, directeur du CNDP. Ces impératifs sont liés à la création d'une "e-école publique", dont l'idée avait déjà été évoquée par Luc Chatel (voir ToutEduc CNDP et CNED: deux acteurs clés pour le développement du numérique à l'école (Luc Chatel)). La "plate-forme collaborative et gratuite" annoncée par V. Peillon se doublera de la mise en place d'un "soutien scolaire en ligne". Une initiative peut-être liée à la nouvelle organisation du CNED, qui a présenté en juillet dernier son projet pour la formation à distance (voir ToutEduc CNED : nouvelle organisation et nouveau projet d'établissement sur fond d'inquiétude des personnels (S. Bergamelli)).

Cette plate-forme publique, rattachée à l'Education nationale, fournira une "alternative aux offres du secteur privé, déjà nombreuses". Le ministre de l'Education a insisté sur l'importance des acteurs du service public, sans revenir sur la "grande politique industrielle" qu'il avait appelée de ses voeux en mars dernier. Dans le cadre du "plan de F. Hollande pour l'e-education", Vincent Peillon avait affirmé que "le secteur privé devrait être aidé pour que se développe une véritable filière de création de contenus pédagogiques".

Le ministre n'a pas non plus évoqué l'intégration du numérique aux aprentissages des élèves, et donc son insertion dans les programmes. "L'écriture fluide sur un clavier me semble relever d'une mission qui doit être confiée à l'Education nationale", avait-il déclaré en mars dernier.

Vous pouvez visionner l'allocution de Vincent Peillon à Ludovia, réalisée par vidéoconférence, ici.
 

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