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CNED : nouvelle organisation et nouveau projet d'établissement sur fond d'inquiétude des personnels (S. Bergamelli)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le lundi 09 juillet 2012.

Le directeur général du CNED vient de présenter au cabinet du ministre de l'Education nationale  le "Projet d’établissement 2012-2015" de transformation technologique. Serge Bergamelli travaille actuellement à des ajustements d'organisation structurelle et managériale du Centre national d'enseignement à distance. ToutEduc lui a demandé quel était le sens de cette transformation, rendue nécessaire dans une période de forte inquiétude liée à la baisse importante des inscriptions.

ToutEduc : Vous lancez un "plan de transformation technologique" du CNED. Avant de nous en donner le sens, pouvez-vous nous décrire l'évolution de l'enseignement à distance ces dernières années. Xavier Darcos n'avait-il pas voulu qu'il devienne "la 31ème académie" ?

Serge Bergamelli : L'AEL ou "académie en ligne " (baptisée pour l’effet d’annonce : 31e académie) n'est qu'un élément du "plan de modernisation" qui avait été lancé par Jean-Michel Lacroix, alors que Xavier Darcos était ministre de l'Education nationale et mis en oeuvre par mon prédécesseur, Michel Leroy. Il s'agissait de numériser la totalité des cours, du CP à la terminale, et de les mettre en accès gratuit sur un site dédié. Mais, beaucoup plus largement, il fallait répondre à un bouleversement du paysage, lié à l'apparition de l'internet, et d'une nouvelle demande. L'opérateur public avait, à l'époque du papier, une situation de quasi monopole. Ce n'est plus le cas. Des entreprises privées y ont vu des opportunités de développement sur des marchés comme la préparation au concours de professeur des écoles. Les universités et le CNAM ont développé la formation à distance. D'autres éditeurs publics, qui avaient des contenus, comme la Documentation française, y ont ajouté des services, un suivi des étudiants, des chats, des forums, pour la préparation au concours de Sciences po... Et en tant que service public, nous nous devions de continuer à assurer des formations qui s'adressent à de très petits nombres d'inscrits, comme les agrégations de langues rares, qui ne sont pas rentables et pour lesquelles nous n'avons d'ailleurs pas de concurrents. Nous nous devons aussi de nous adapter immédiatement à tout changement de référenciel des programmes. Dans ce contexte en mutation, nos contraintes sont fortes.

ToutEduc : Avez-vous perdu beaucoup d'inscrits ?

Serge Bergamelli : Nous avions 400 000 inscrits en 2000 ; nous n'en avons plus que 200 000 en 2012, dont 80 000 élèves relevant de la scolarité obligatoire. Pour le concours de professeur des écoles (CRPE), le recul est très significatif (-80%). Cette chute des inscrits est dû non seulement à la réforme de la masterisation, et à la réduction du nombre des postes (qui a entraîné une diminution de l'attractivité du concours), mais également, comme je vous le disais, à une nouvelle forme de concurrence de la part des universités et du privé. Mais, au-delà de cet exemple, notre organisation (DG et instituts) ne nous permettait plus de répondre à l’évolution du paysage technologique. Il était devenu vital pour la pérennité de notre établissement de se transformer. C'est le sens de la réforme initiée par mes prédécesseurs. Le CNED était organisé en 8 instituts distincts, situés à Lyon, Grenoble, Toulouse, Rouen, Vanves, Lille, Rennes et Poitiers qui avaient chacun leur autonomie. Il était devenu difficile d’élaborer une stratégie cohérente et efficace. Ce rôle est revenu à la direction générale. Et pour professionnaliser nos personnels et redonner de la puissance aux métiers qui composent le CNED, des "directions métiers" ont été mises en place.

ToutEduc : Est-ce à dire qu'un auteur travaillant à Toulouse pouvait dépendre d'un directeur à Poitiers ?

Serge Bergamelli : Plus exactement, les directions métier étaient réparties sur tous les sites. Des personnes de Toulouse pouvaient dépendre d’une direction métier unique pour l’ensemble du territoire. Oui. Je suis convaincu de la pertinence de cette réforme et de nécessaires adaptations ; il fallait recréer un CNED unique pour assurer son avenir et espérer retrouver le volume des inscriptions des années 2000. En arrivant, mon diagnostic, établi par la rencontre de l’ensemble des personnels sur chaque site, a été le suivant : il manquait un volet ; il fallait rétablir un management de proximité sur les 8 sites. C'est ce que je suis en train de faire. Je viens d'installer des directeurs de plein exercice sur les sites de Lyon, Toulouse, Rennes, Rouen, Poitiers, Grenoble. Suivront Lille et Vanves.

ToutEduc : Cela suffira-t-il à réduire le malaise des personnels ? Selon nos informations, le nombre des congés maladie a été multiplié par 2,5 en deux ans sur le site de Poitiers (direction-générale). Votre DRH est un ancien de France-Télécom, et certains nous ont parlé de "harcèlement moral", voire de "management par la peur"...

Serge Bergamelli : Venir de France-Télécom n'est pas une marque négative. Ce sont des fonctionnaires d’Etat qui ont choisi de continuer leur carrière dans l’Education nationale. Je n'ai pas les chiffres exacts mais je n'ai pas nié, dès mon arrivée, l'existence d'un malaise. Le diagnostic est partagé était les organisations syndicales concernant l'absence d'un manager sur les sites. Il est dû, pour partie, à ce défaut auquel je suis en train d'apporter une réponse concrète. Laissez à ces directeurs de site le temps de s'installer, d’écouter, de comprendre les situations locales pour y apporter rapidement des solutions appropriées au plus près des attentes du personnel. Ce malaise est également dû à l'inquiétude que génèrent le bouleversement de notre environnement, et l'évolution de la demande des inscrits, qui veulent les services que l'Internet permet de rendre. Les métiers vont évoluer ; nous allons accompagner le personnel notamment grâce à la formation.

ToutEduc : D'où le plan de transformation technologique ?

Serge Bergamelli : Oui, c'est ce que nous appelons le "24-24". Le CNED doit se développer à l'international. Sur tous les fuseaux horaires, nous devons pouvoir répondre à tous ceux qui sont inscrits où qu’ils soient. Il est essentiel que nous offrions des formations et des services en ligne grâce notamment à la mise en place d’un espace virtuel ouvert à tous : l’ ENT (environnement numérique de travail). A l’ère du numérique, nous ne pouvons plus opposer enseignement à distance et formation en présentiel. Je vous en dirai davantage dès que le Projet d’établissement sera présenté aux personnels et à leurs représentants. Je leur en laisse la primeur.

ToutEduc : Pouvez-vous chiffrer vos objectifs ?

Serge Bergamelli : Avec 25 000 inscrits à l'international, nous n'avons pas la place que nous devrions avoir. Et au total, si nous arrivions à 250 000 inscrits, je serais heureux, ce serait un beau rebond. Un signe fort pour l’avenir de notre établissement. Une chance pour de nombreux apprenants qui comptent sur le CNED pour transformer ou relancer leur avenir professionnel grâce à la formation.

ToutEduc : La fusion du CNED et du SCEREN-CNDP est régulièrement évoquée. Savez-vous où en est ce dossier ?

Serge Bergamelli : Nos deux établissements sont créateurs et diffuseurs de ressources pour nos publics, respectivement : les apprenants pour le CNED, les enseignants pour le CNDP. A l'ère du numérique, il est essentiel de réfléchir à une mutualisation de nos moyens de production numérique pour développer notamment des solutions techniques les plus performantes au service de nos missions respectives. C'est sur ce dossier que nous collaborons actuellement à la recherche des synergies les plus pertinentes.

 Note: cet entretien a été relu par Serge Bergamelli, à la demande de ToutEduc dont les dépêches ne doivent pas pouvoir prêter à contestation.

 

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