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Semaine de 4 jours et politique scolaire: les réponses de Grenoble

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire le jeudi 22 avril 2010.

Grenoble, Brest, Lille, Angers et Mulhouse ont initié un débat avec les parents et les enseignants sur les rythmes scolaires (ToutEduc, Débat sur le ryhtme scolaire: Un appel à la création d'une mission gouvernementale. (Paul Bron dans Le Monde)). Paul Bron,adjoint au maire de Grenoble chargé de l’éducation répond à ToutEduc à deux mois de la large concertation promise par Luc Chatel. Il montre également de quelle manière la contribution des collectivités à l’offre éducative s’est considérablement développée ces dernières années.

ToutEduc : Vous vous êtes récemment prononcé pour une "reprise du débat" concernant la semaine de quatre jours. Vous semblez avoir été entendu puisque son successeur, Luc Chatel, a annoncé qu’il allait mettre en place d’ici fin juin une conférence nationale sur les rythmes scolaires (Rythmes scolaires: Luc Chatel annonce une conférence nationale.)

Paul Bron : Que le ministère prenne conscience de la nécessité d’un débat, auquel doit participer l’ensemble du système éducatif, ne peut être qu’une bonne chose. Il était en effet aberrant de trancher ainsi, pour une question aussi importante – les rythmes scolaires de l’enfant – sans consulter, et surtout sans tenir compte des très nombreux avis contraires, de personnes ou d’organisations dont justement l’avis aurait dû être pris en compte, je pense notamment aux fédérations de parents d'élèves et à l’Académie de médecine…

ToutEduc : Et selon vous, quels sont les bons rythmes pour l’enfant ?

Paul Bron : Les choses sont assez claires du côté des experts. Il faudrait tout d'abord diminuer le temps d’école sur une journée, sachant que le temps de concentration de l’enfant est de 3 à 4 heures maximum, essentiellement le matin et en fin d’après-midi. Il s'agira ensuite de mieux le répartir dans la semaine ; en effet il est préférable de répartir le temps de concentration d'un enfant tous les jours en utilisant par exemple le mercredi matin, voire le samedi matin, ; puis équilibrer l’alternance des semaines de travail et de congé (l’idéal étant 7 /2). Enfin il faut également diminuer le temps de vacances d’été, en prolongeant par exemple l’année scolaire jusqu’au 14 juillet.

ToutEduc : Et que faites-vous des préoccupations des professionnels du tourisme ?

Paul Bron : Notre priorité c'est l'équilibre de l'enfant et l'aide à l'apprentissage. D’une manière générale la prise en compte des prérogatives et pressions de tel ou tel corps de métiers est secondaire. Par contre l'ajustement du rythme de l'enfant avec le rythme de sa famille est primordial. Mais nous avons au niveau des villes d’autres contraintes à intégrer : celles qui concernent le périscolaire, le temps après la classe… Des contraintes "positives" si vous voulez, qui prennent en compte également le rythme de la famille, afin de contribuer, à son éducation, aux cotés des autres acteurs. Pour toutes ces raisons, nous pensons que la réflexion ne peut être menée, et les décisions prises, qu’au niveau national. Même si les rencontres de proximité et les débats locaux, comme nous les avons organisés à Grenoble, s’avèrent très précieux pour faire prendre conscience de l’importance de cette question et pour favoriser l’évolution des mentalités et des échange avec les parents

ToutEduc : Une étude anglaise, menée par des universitaires d’Oxford et Essex, montrerait que les élèves bénéficiant de plateaux repas diététiques seraient plus performants que ceux fréquentant des cantines classiques. Les cantines étant de la compétence des communes, êtes-vous sensible à cette approche ? (Des plateaux-repas diététiques favoriseraient les résultats scolaires des élèves. (étude anglaise))

Paul Bron : La "cantine", pour reprendre ce terme générique, est l’un des éléments essentiels de la dimension éducative portée par les villes et qui n’est pas sans lien avec la question des rythmes scolaires. La cantine est en effet incluse dans le temps de la pause méridienne, et les enfants sont encadrés par des animateurs qui sont la plupart du temps des étudiants, qui n’ont pas ou peu d’expérience dans ce domaine. Un des engagements du Projet éducatif Grenoblois consiste à assurer une véritable continuité pédagogique, en proposant à des "référents animateurs" 18h de travail afin d'encadrer l'équipe de la cantine, de tisser des liens avec les parents et les directeurs d’école et d'assurer le péri scolaire le soir après l'école. Nous avons donc commencé cette année cette expérimentation, qui concerne 8 écoles.

Pour en revenir à la cantine elle-même, nous sommes très attentifs à l’aspect nutritionnel. Notre restauration scolaire est municipalisée, ce qui veut dire que la Ville en est totalement responsable ; les repas servis aux enfants sont de grande qualité, avec déjà 25% de label bio, un chiffre en constante augmentation. Et nous sommes en train de réfléchir à la mise en place de repas sans viande, qui seraient proposés à côté des repas "classiques". Ce qui nous paraît une formule favorisant à la fois le vivre ensemble, correspondant aux évolutions de la société et répondant à des préoccupations de santé publique et de non-discrimination.

ToutEduc : Certains chiffres de L’Etat de l’école ne manquent pas d’inquiéter (L'Etat de l'école: quelques chiffres. Ainsi plus de 21% des élèves français sont "mauvais ou très mauvais lecteurs", la capacité de lecture des jeunes enfants en France s’avérant significativement en dessous de la moyenne des pays européens ! Dans quelle mesure les collectivités peuvent elles agir pour contribuer à remédier à cette situation ?

Paul Bron : Nous travaillons en amont avec la petite enfance, autour du langage. Nous savons que les enfants des classes populaires arrivent, en moyenne, à l’âge de 3 ans, avec un retard de neuf mois par rapport aux enfants de cadres, au niveau de l'apprentissage du langage. C’est un gros problème.

Nous menons plusieurs actions sur l’apprentissage du langage avant l’école. J’en citerais deux : une structure passerelle, dans un quartier populaire, qui accueille une vingtaine d’ enfants repérés par les services sociaux comme n’ayant pas encore d'expérience de collectivité (dans une crèche, une maison de l’enfance…) et à qui trois personnes qualifiées, dont un instituteur détaché de l’ Education nationale, permettent d’acquérir des bases indispensables avant d’entrer à l’école ; l’opération "parler" qui correspond à la mise en place d’une méthode d’apprentissage du langage adaptable aussi bien à l'école que par les familles, les maisons de l’enfance, les crèches; nous expérimentons une nouvelle formule, le "parler bambin" dans 16 crèches (ToutEduc), les premières évaluations montrant des résultats probants, nous allons élargir cette expérimentation au cycle 1.

ToutEduc : Une "note d’information" publiée par le ministère de l’Education nationale sur le "Coût de l’éducation en 2008" montre que les collectivités territoriales assurent plus de 25% des dépenses intérieures de l’éducation, ce qui représente une augmentation de 10 points de leur part en 20 ans (Coût de l'éducation: le poids des collectivités s'accroît).

Paul Bron : Si l’on considère le seul premier degré, l’augmentation de la contribution des collectivités, en l’occurrence les communes, à l’offre éducation pendant le temps scolaire est encore plus importante puisque elle est passée de 22% à 40% en 8 ans. A ce qui relève du domaine "obligatoire" d'une commune - le bâtiment, l'aide au fonctionnement – sont venus progressivement s’ajouter un certain nombre d'offres contribuant à l'éducation de l'enfant : les postes d'ATSEM en maternelle, les éducateurs sportifs , les intervenants musicaux, la santé scolaire, la mise à disposition d'équipements culturels et sportifs, l'éducation à l'environnement etc ; sans compter la prise en charge du temps périscolaire : garderie, cantine, études, activités culturelles des villes. La ville de Grenoble consacre plus de 47 millions d’euros par an à l’éducation.

C’est vrai, le volet éducation est devenu un enjeu de plus en plus important pour les villes. D'ailleurs la demande des parents augmente aussi bien au niveau de la qualité de l'offre, avec le besoin d'élargir l’amplitude horaire de la garde des enfants au-delà de 17h30. Le partenariat est donc devenu indispensable avec les parents et les associations, comme avec l'Education nationale, d'où l'importance d'initier un projet éducatif global avec tous les acteurs.

C’est autour de cette notion de continuité éducative et d'éducation partagée que nous avons doté depuis deux ans Grenoble d’un "projet éducatif", qui est à la fois le fruit d’une consultation avec tous les acteurs et la mise en perspective d’une politique éducative fondée sur des engagements affirmés. C’est donc tout naturellement que nous avons intégré le Réseau Français des Villes Educatrices, un des réseaux les plus novateurs en matière d’éducation.

 

 

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