La Lettre de ToutEduc n°188
Paru dans La lettre le mercredi 13 novembre 2013.
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La Lettre de ToutEduc n°188, du 13 novembre 2013
A LA UNE. Juste avant que le contrôleur général des lieux de privation de liberté ne dénonce les manquements de deux CEF (centres éducatifs fermés), la nouvelle directrice de la Protection judiciaire de la Jeunesse nous a dit son souhait de recentrer la PJJ sur ses métiers et sa volonté d'affirmer la cohérence de son action.
ToutEduc a pu assister à un colloque international sur le climat et les violences scolaires, qui a été l'occasion de remettre en cause quelques certitudes "scientifiques".
Dubaï tente de concurrencer Doha, l'éducation est devenue un outil de la diplomatie d'influence.
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ENSEIGNANTS -ETABLISSEMENTS
Climat scolaire : d'abord une affaire de personnes (colloque international de Bonneuil) (lire l'article)
Un établissement scolaire peut-il être un lieu de formation ... pour les enseignants ? (Journée de l'IFE) (lire l'article)
Une nouvelle professionnalité enseignante ? Oui, mais laquelle, et comment ? (journée FESPI-CNDP) (lire l'article)
Un million de dollars pour le "meilleur prof du monde" : Dubaï concurrence Doha (lire l'article)
Recrutement des enseignants : le ministère signale une hausse du nombre des candidats (lire l'article)
Le budget de l'enseignement scolaire est voté en première lecture (lire l'article)
RYTHMES SCOLAIRES
Aucune difficulté dans la plupart des communes concernées, selon l'Education nationale (lire l'article) Le ministère présente ses recommandations sur la maternelle (lire l'article)
La sénatrice Françoise Cartron et Eric Favey (Ligue de l'enseignement) dénoncent les hypocrisies de ceux qui refusent la réforme (lire l'article)
Les positions de la mission sénatoriale, du SNUIPP, de la CSEN, du SGEN (lire l'article) Le SNALC demande une année de 35 semaines, le SNUIPP Paris pose un ultimatum, le SNUIPP réagit aux recommandations pour la maternelle, le SGEN n'appelle pas à la grève (lire l'article). A Paris, grève des agents des écoles maternelles et des animateurs (lire l'article)
La loi de refondation légitime le rôle des parents, des associations et des collectivités à l'école (Rencontres nationales des PEL) (lire l'article)
La position prise par le SE-UNSA ne le dessert pas auprès de ses adhérents (lire l'article)
ORIENTATION
Les CO-psys s'estiment "malmenés" et veulent préserver les spécificités de l'orientation scolaire (lire l'article)
Les missions locales pourraient bénéficier d'une rallonge budgétaire (lire l'article)
NUMERIQUE
Une politique d'éducation artistique et culturelle soutenue par le numérique (Aurélie Filippetti) (lire l'article)
"Apprendre à chercher, chercher pour apprendre" : un dossier des "Cahiers pédagogiques" (lire l'article)
PJJ
Catherine Sultan souhaite recentrer la PJJ sur les besoins des enfants en difficulté (lire l'article)
Le décret sur la transmission des informations préoccupantes est publié (lire l'article)
Le budget de la Justice adopté par les députés en première lecture (lire l'article)
AU JO
Au JO du 5 au 10 novembre 2013 : la protection de l'enfance, l'enseignement privé, des DASEN, des diplômes sportifs...
A L'AGENDA
Du 3 au 7 décembre, le festival du film d'éducation à Evreux (ce jour-là)
ANALYSE. "L'enseignant est une personne." Cette formule, magnifiquement naïve, d'une élève qui voulait vanter la qualité des relations humaines dans son lycée et qui intervenait en ouverture de la journée organisée par le CNDP et la FESPI (la fédération des établissements innovants) pourrait servir de bannière à plusieurs évènements scientifiques marquants de cette semaine.
C'est d'abord cette journée consacrée à la nouvelle professionnalité enseignante au cours de laquelle François Dubet (sociologue) fait remarquer que les professeurs sont amenés "à se débrouiller, à s'adapter", sans avoir les moyens de "se transformer" et Patrick Picard (IFE) d'ajouter que "les bougers identitaires sont longs… comme pour les paquebots".
C'est aussi la conférence organisée par la chaire UNESCO de l'IFE où sont soulignés le risque de voir les experts s’exprimer sur la formation des enseignants plus que les enseignants eux-mêmes et la nécessité de favoriser une reprise en main collective. Y a aussi été souligné le caractère nécessairement informel de cette formation de terrain qui doit prendre en compte "des compétences hétérogènes, adaptées aux situations locales", et "rendre visibles et discutables les compromis opératoires" passés par les acteurs, mais cela "par la bouche de ceux qui agissent".
Invités par Eric Debarbieux dans un colloque international sur le climat scolaire, deux chercheurs, israélien et américain, ont dénoncé les programmes de lutte contre les violences scolaires qui invitent à appliquer des recettes, des prescriptions fondées sur des "preuves scientifiques". Ils ne nient évidemment pas l'intérêt de la recherche pour comprendre quels sont les facteurs déterminants. On sait aujourd'hui de façon certaine que la stabilité des équipes et la bonne compréhension par les élèves des règles sont infiniment plus importantes que l'origine socio-culturelle de la population scolaire (certains utilisent d'ailleurs cette notion comme un euphémisme pour "ethnique"). Mais la qualité de la vie dans un établissement dépend finalement avant tout de l'engagement personnel des acteurs. Partout où le niveau de violence est très inférieur (ou très supérieur) à ce que l'on pourrait attendre au vu du contexte, se trouvent des personnalités hors du commun, qui ont (ou n'ont pas) un message à faire passer. Et à la limite, semblaient dire les deux experts, le message importe moins que sa force, que les convictions qui le portent, lorsqu'il est de paix et de respect. L'enseignant et le chef d'établissement sont donc bien "des personnes" qui peuvent, parfois, se laisser submerger par leurs émotions. La relation pédagogique n'est pas toujours facile à vivre. Un élève peut toucher un nerf sensible. Il faut que l'adulte trouve dans l'institution le soutien dont il a besoin pour prendre du recul. Mais comme les émotions ne sont pas mesurables, elles ne sont pas prises en compte par les programmes scientifiques, bien qu'elles soient essentielles. Car les élèves aussi sont "des personnes", et la classe le lieu de l'intersubjectivité. Si les établissements "innovants" y sont peut-être plus attentifs que d'autres, c'est vrai partout.
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