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Une nouvelle professionnalité enseignante ? Oui, mais laquelle, et comment ? (journée FESPI-CNDP)

Paru dans Scolaire le jeudi 07 novembre 2013.
Mots clés : FESPI, Pau-Langevin, statuts, 1950, climat scolaire, Dubet, Auduc, Debarbieux, Bernardin, Picard

"L’enseignant est une personne" remarquent deux élèves du CLE (collège-lycée expérimental) d’Hérouville Saint-Clair en préambule d’une journée de réflexion organisée par la FESPI (Fédération des établissements scolaires publics innovants) en partenariat avec le département Éducation & Société du CNDP, sur "la nouvelle professionnalité enseignante". Cette question de la personne, de la subjectivité enseignante a effectivement été au coeur des débats, marqués par la nécessité de "prendre acte que notre monde a changé", comme le dit George Pau-Langevin. Pour la ministre en charge de la réussite scolaire, "nous avons besoin de pratiques innovantes" et de structures différentes, il faudrait d'ailleurs "une structure [du type de celles que porte la FESPI] par académie". Et elle demande qu'on fasse "confiance aux acteurs de terrain".

Parmi ceux-ci figurent les enseignants, dont François Dubet (sociologue) fait remarquer qu'ils ne sont plus les anciens meilleurs élèves, mais que, dans une structure qui n'a pas changé avec la massification, ils sont amenés "à se débrouiller, à s'adapter sans se transformer". Et il demande pour eux une formation réellement professionnelle, comme pour les ingénieurs, dont les écoles recrutent à bac+2. Jean-Louis Auduc (Terra Nova) plaide pour des "enseignants concepteurs" d'une véritable ingenierie pédagogique.

Eric Debarbieux (délégué ministériel) évoque la nécessité pour les enseignants d'être formés sur des choses concrètes et redoute un échec des ESPE, quand le MEEF (master) de lettres modernes de Créteil compte 3 étudiants, et le MEEF de philo de Nice un seul. Quant à Jacques Bernardin (GFEN), il souhaite que la refondation soit "épistémologique", qu'elle porte sur le statut du savoir et du rapport au savoir, puisqu'il s'agit de "s'apprendre collectivement à penser par soi-même". Pascal Bouchard (ToutEduc) pose la question d'une mutation du processus de légitimation des enseignants. Suffit-il aujourd'hui d'incarner le savoir et d'avoir "la vocation", ce qui correspond davantage au modèle catholique qu'à un modèle professionnel, comme le remarque François Dubet ?

"Les bougers identitaires sont longs"

Patrick Picard (Centre Alain Savary/ IFE) souligne que "les bougers identitaires sont longs… comme pour les paquebots". Mais il faut se débarrasser de la nostalgie et passer à "un discours métier", travailler sur ce que nous savons des autres métiers, reconnaître que l’enseignant est un concepteur, un veilleur, un aiguilleur, un communicateur, passer d’un spécialiste des contenus à un spécialiste de la transmission qui travaille en équipe, renforcer les solidarités savantes, la formation continuée constituant sans doute le chantier principal.

Les représentants syndicaux estiment tous qu'il faut faire évoluer les missions des enseignants, comme le relève notamment Rodolphe Echard (SNPDEN). Peut-être d'ailleurs faudrait-il d'abord "revoir l'organisation du travail des élèves", fait remarquer Claire Krepper (SE-UNSA). Mais faut-il revoir pour autant les statuts de 1950 ? La question n'est pas taboue pour Frédérique Rollet (SNES-FSU), mais elle tient à un cadre national qui fixe des maxima de service, alors que Frédéric Sève estime qu'ils répondent aux nécessités de la comptabilité publique, mais que la régulation du travail des enseignants, incluant leurs tâches réelles, peut se faire au niveau local, par la négociation.

Un site "climat scolaire"

A noter que cette journée a aussi été l'occasion d'ateliers. Benjamin Moignard (qui travaille avec E. Debarbieux) a souligné à cette occasion que le profil "socio-économique" des élèves n'est qu'un facteur explicatif de la violence scolaire, et qu'il vient après bien d'autres, au premier rang desquels la stabilité des équipes, la clarté des règles qui régissent la vie des élèves, l'ouverture sur l'extérieur, le sentiment d'appartenance, l'architecture scolaire... Le CNDP vient d'ailleurs d'ouvrir le site coopératif "climat scolaire" (ici).

Quant aux établissements publics innovants, dont la ministre souhaite le développement, ils ne rassemblent actuellement que 2 000 élèves. L'atelier qui leur était consacré a montré comment les tâches étaient réparties, comment elles tournaient, combien le rapport au temps y était différent, que le nombre d'heures de cours par enseignant pouvait être réduit au profit d'autres missions, et que le plaisir d’enseigner comme le plaisir d’apprendre pouvaient être "dans le maintenant".

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