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La lettre n°11

Paru dans La lettre le mercredi 10 juin 2009.

L'Ecole n'est pas au coeur de l'éducation, et un vent d'optimisme souffle sur le secteur. Ce sont les deux grandes leçons de ces quinze derniers jours.

Nous soulignions Sciences: privilégier les questions aux réponses et développer une culture, plutôt qu'un outil de sélection scolaire. Samedi dernier, à l'initiative des "Villes éducatrices" se sont réunies à l'Hôtel de Ville de Paris les principales organisations qui œuvrent dans le domaine éducatif, avec les élus de la plupart des grandes villes pour construire un projet consensuel. Certes, toute la société civile n'était pas représentée, puisque manquaient notamment les employeurs, qui disent leur mot sur les jeunes lorsqu'ils recrutent. Certes l'immense majorité des participants affichaient des valeurs situées "à gauche". Si ces assises aboutissent au début de l'année prochaine à un véritable programme pour l'éducation, ce qui n'est pas acquis, pourront-elles faire mieux que le proposer au pouvoir politique? En cas d'alternance en 2012, la gauche se sentirait-il tenue par ce texte? Rien n'est moins sûr. Mais il y a déjà deux acquis: même si l'Ecole joue un rôle essentiel dans l'éducation des jeunes, elle est loin d'en être le centre, même les syndicats enseignants le reconnaissent. Tous les acteurs ont un rôle à jouer, et tous doivent travailler ensemble, sans qu'il y ait pour autant confusion des rôles. On reconnaîtra là un des principes fondateurs de ToutEduc.

La réunion de 450 personnes, venues de Brest comme de Pessac, ou de Grenoble, est un événement d'importance, quelle qu'en soit l'issue. Résultat: aucun journaliste de la "grande presse", même spécialisée. Outre votre serviteur, étaient présents le Café pédagogique, venu en force, et le journal de l'OCCE (office central de la coopération à l'école). C'est un autre fondement de ToutEduc qui se trouve conforté: il y a urgence à inventer un autre modèle médiatique.

Deux autres événements, dans le domaine scolaire, donnent des raisons d'espérer. Nos confrères, comme on le leur a appris dans les écoles de journalisme, Descoings en appelle à la loyauté du politique, et ils en ont résumé les propositions, lesquelles n'ont rien de bien original. Mais ils ont peut-être raté ce qui était essentiel, un certain ton, une importance donnée aux individus, aux élèves considérés comme des personnes à part entière, et, plus original encore, aux enseignants vus autrement que comme des fonctionnaires plus ou moins dociles. Un peu plus que de bonnes intentions, on peut du moins l'espérer. Et surtout, Réforme du lycée: tout savoir du rapport Apparu, qui est convaincu de savoir ce qu'il faut faire. Quand bien même il aurait raison, les assises parisiennes nous le disent, la question est ailleurs: comment fonder une réforme sur un consensus, et reconnaître à chacun des acteurs le droit à la parole?

De son côté, avec une remarquable détermination, Constante macabre: "il y a lieu d'être optimiste" (André Antibi), cette sorte d'obligation qui s'impose aux enseignants de donner au moins autant de mauvaises notes que de bonnes notes s'ils veulent être pris au sérieux, ce dont ils souffrent, même si les principales victimes en sont les élèves. Or, étonnamment, le système commence à se demander si, effectivement, on ne pourrait pas changer les modes d'évaluation et de notation. On n'en est pas là, mais ce croisé d'un nouveau genre est invité au centre de formation des cadres de l'Education nationale, les parents du public et du privé le soutiennent, et même les inspecteurs... Une autre raison d'espérer.

L'optimisme est moindre, même s'il n'est pas tout à fait anéanti, du côté du SGEN-CFDT, Le SGEN-CFDT estime que les questions d'éducation restent mobilisatrices, même si les politiques sont en panne d'inspiration. Pour lui, c'est bien plus par sa méthode que par son orientation politique que l'actuel gouvernement est en train de ruiner le système éducatif du pays: brutalité et improvisation à l'Education nationale, sabrage à la hussarde à la Jeunesse et aux Sport, flou même pas artistique chez Martin Hirsch. Et à gauche, une fixation sur la question des moyens qui empêche le PS de faire la moindre proposition de réforme.

Pourtant la gauche, en son temps, a su réformer. Rocard, la seule réforme qui tienne le coup, 25 ans plus tard. Il nous a expliqué comment il avait fait, et à quelles conditions une réforme du système éducatif est possible. Disons-le tout de suite, ce qui était faisable dans un secteur dont nos grands intellectuels et nos médias se désintéressent, et peut-être même ignorent qu'il existe, ne l'est peut-être pas sous l'œil des censeurs.

Car c'est un fait : le feu des projecteurs n'aide pas à garder la tête froide et à réfléchir avant d'agir. La réaction du gouvernement face à la violence scolaire le prouve: Un nouveau plan de prévention de la délinquance! et des annonces choc dont on ne sait pas trop si elles ont été Violence à l'école: la surenchère expliquée par Xavier Bertrand. Cette opinion publique, dont rien ne dit qu'elle existe vraiment, mais Violence des jeunes: les deux écoles, et à qui l'on pense en priorité, « Mange ton pain ou j'en fais une sculpture ».

Ne vaut-il pas mieux savoir à qui l'on s'adresse réellement, identifier ses interlocuteurs, et savoir ce que l'on peut en attendre? ToutEduc choisira toujours de relayer l'information qui vous permettra de vous rencontrer: Qu'avez-vous fait de vos collèges « ghettos »?, un nouveau [#591], un projet de [#540]... Une autre manière de dire que nous voulons privilégier les réponses aux questions et développer une culture, plutôt qu'un outil de sélection, exactement Sciences: privilégier les questions aux réponses et développer une culture, plutôt qu'un outil de sélection scolaire.

En intervenant sur ToutEduc, vous prenez part activement au développement de cette culture commune, et vous faites tomber les cloisons qui vous séparent encore artificiellement les uns des autres.

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