N. Sarkozy : réformer le collège, redéfinir le métier d'enseignant, "réhabiliter le savoir"...
Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 05 janvier 2012.
"La première mission de l'école, c'est de préparer à la vie active" et "un diplôme qui ne débouche pas sur un emploi ne mérite pas le nom de diplôme", déclare Nicolas Sarkozy, ce jeudi 5 janvier, dans le cadre de "ses voeux au monde de l'éducation et de la recherche". Le président de la République reprend à ce sujet la proposition qu'il avait déjà faite de "rendre le système d'alternance obligatoire en dernière année de baccalauréat professionnel ainsi qu'en CAP" (voir ToutEduc, N. Sarkozy: les lycées doivent être des "lieux de vie", et avoir une mission d'insertion professionnelle).
Mais il estime surtout qu'après avoir réformé l'école primaire et le lycée, il doit "réformer le collège". Il évoque à ce sujet "deux pistes". Il faudrait, pense-t-il "recentrer la 6ème et la 5ème sur les enseignements fondamentaux en assurant une meilleure continuité avec le primaire", en organisant "un continuum". En 4ème et 3ème, il faudrait "organiser la diversité des parcours" puisque, dit-il, "il n'est pas normal que le collège actuel prépare exclusivement à l'enseignement général et pas à la voie professionnelle".
Enfin le président considère qu'il faut "redéfinir le métier d'enseignant", dire ce que "nous attendons" d'eux. Il évoque une revalorisation de leur rémunération, qui "a déjà commencé". "Il faudra aller plus loin". Mais les enseignants devront être davantage présents dans les établissements, avoir des bureaux "pour recevoir les élèves", faute de quoi ils sont condamnés "au seul contact de la classe". Evoquant l'autonomie des établissements, il dit son attachement au programme Eclair qui permet aux chefs d'établissement (mais N. Sarkozy commet à cet instant un lapsus et dit "enseignants") de recruter leurs équipes. Il imagine de même, "dès l'école primaire, de véritables équipes de professeurs autour du chef d'établissement".
Le chef de l'Etat dénonce "une fausse conception" de la Justice qui consiste "à donner la même chose à tout le monde" : "Nous avons confondu égalitarisme et égalité des chances (...) Ce fut un grand mensonge d'une partie de la société française". Il dénonce également "les doctrines faisant la part trop belle au seul épanouissement de l'enfant", alors que l'école a pour mission "la transmission d'un socle de connaissances, une culture et des valeurs communes". Plus loin dans son discours, il précise : "Nous voulons que l'Ecole soit le creuset de la Nation", mais il constate que "de ce point de vue, elle apparaît en difficulté".
Il considère qu'il faut "réhabiliter le savoir" puisque "c'est d'abord par son savoir que le professeur inspire le respect aux élèves qui lui sont confiés". Mais "nous savons que ça ne suffira pas" et que "les élèves ont changé" sous l'effet de causes complexes, dont l'immigration et "l'avènement de l'ère numérique qui bouleverse [leur] rapport au savoir". Il ne s'agit donc pas de revenir aux pratiques pédagogiques "du début du siècle dernier".
En ce qui concerne la situation actuelle, le président de la République "ne voit rien de choquant" à ce que les enseignants du second degré soient évalués par leur chef d'établissement, à condition que les compétences disciplinaires soient évaluées par l'inspecteur. Il reprend à son compte les résultats des évaluations de CE1 qui montreraient que, depuis les nouveaux programmes de 2008, "on a enregistré des résultats insuffisants mais spectaculaires". Il cite le chiffre de 100 000 élèves en un an attiré par les lycées professionnels grâce à leur réforme.
La vidéo de l'intervention du chef de l'Etat est consultable sur le site de l'Elysée, ici.
Sur ses interventions sur les questions d'éducation, voir aussi ToutEduc N. Sarkozy met en marche la "3ème révolution" de l'école (table ronde de La Canourgue) et N. Sarkozy annonce une réforme du statut des enseignants.