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Réouverture des écoles : des personnels très inquiets, soumis à des injonctions contradictoires (FSU)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 11 mai 2020.

Plus de 4 enseignants sur 5 se disent inquiets de repartir éventuellement en classe à compter du 11 mai, dont près de la majorité de "très inquiet". C'est l'un des enseignements de l'enquête Harris interactive pour le SNUIPP à l'occasion de la réouverture des écoles. "La réouverture des écoles dans les zones rouges, ce n'est pas sérieux, pas raisonnable", commente Francette Popineau. La co-secrétaire générale du syndicat 1er degré de la FSU répondait, ce 11 mai aux journalistes, en compagnie (numérique) du secrétaire général de la fédération, Benoît Teste, et de Didier Bourgoin pour le SNUTER et les personnels communaux.

Pour elle, cette inquiétude est liée au fait de n'avoir pas pu compter sur l'institution. La formule de Jean-Michel Blanquer, "on est prêt", a été comprise comme "débrouillez-vous", d'autant que le ministre a davantage communiqué avec les enseignants via les médias que selon les canaux institutionnels, tandis que de nombreuses questions restent sans réponse. Comment s'assurer que les familles ont contrôlé la température de leur enfant ? Et si un enfant présente des signes de contamination, comment l'isoler ? Faut-il le laisser tout seul dans une salle en attendant que ses parents viennent le chercher ? Les consignes sont contradictoires, en maternelle, il ne faut pas que les enfants partagent des jouets, mais ils ne doivent pas oublier de jouer et de manipuler ! Les personnels de crèche et les ATSEM doivent rester des professionnel.le.s mais risquent d'être mis.e.s en cause pour leurs gestes professionnels, lorsqu'il s'agit de consoler un petit par exemple... Et pour les enseignants priés de contacter les familles qui n'enverraient pas leurs enfants à l'école, comment les rassurer si eux-mêmes sont inquiets ? D'ailleurs, seules sept écoles sur dix devraient ouvrir dès cette semaine, 18 % la semaine prochaine, et 12 % n'ont pas de date de reprise.

Pour le SNUIPP, la question du "décrochage" est problématique. Outre que ce n'est pas un concept qui a beaucoup de sens dans le 1er degré, et qu'il ne permet pas de distinguer les familles dont les enfants n'ont pas pu, faute de matériel souvent, suivre l'école à la maison, l'administration pour son enquête compte les foyers avec lesquels aucun contact n'a été possible. Il suffit donc d'un mail échangé pour n'être pas considéré comme décrocheurs.

En revanche, et c'est un des points positifs de l'enquête Harris interactive, le lien entre l'école et bon nombre de parents sort renforcés de cette période, ils ont pris conscience de ce qu'est l'école, ils ont compris qu'enseigner n'était pas "donner des fiches" et que "le numérique n'était qu'un outil". De leur côté, les enseignants ont pu réévaluer l'importance des échanges avec les familles. Attention toutefois aux tensions lors de la réouverture. Les écoles ne pourront pas accueillir tous les enfants, "on va manquer d'enseignants", et certains parents pourraient "se montrer vindicatifs, voire menaçants".

Interrogée par ToutEduc sur les recommandations publiées par le CSEN (Conseil scientifique de l'Education nationale, ici), Francette Popineau pense que les enseignants devraient leur accorder "une importance moyenne". "La déconnexion avec le terrain est complète, et ces chercheurs inventent l'eau tiède. Toutefois, on sent que l'institution est pressée de mettre en place au plus tôt des évaluations, et si elles arrivent d'en haut, sur un mode injonctif, il va y avoir accrochage avec les enseignants."

Interrogé sur les fiches publiées sur le site Eduscol pour attirer l'attention sur les risques "de replis communautaristes" et de "dérives sectaires" (ici), Benoit Teste estime, à propos de la seconde, qu'effectivement "la problématique est importante" puisque les collégiens et lycéens sont restés seuls face aux écrans, mais il ajoute que dans sa formulation, ce texte témoigne d'un manque de confiance inacceptable à l'égard des enseignants et peut laisser entendre que toute critique de l'action gouvernementale pourrait s'apparenter à du complotisme. Pour l'autre, elle cible sans le dire les musulmans.

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