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Anne Coffinier annonce qu'elle continue son combat pour la "liberté pédagogique"

Paru dans Scolaire le vendredi 27 septembre 2019.

"Capitaliser le savoir faire (acquis avec la Fondation pour l'Ecole) pour le mettre au service de la France." Anne Coffinier présente ainsi à la presse le sens de son action ce 27 septembre, au lendemain de son licenciement par la FPE (voir ToutEduc ici). Pour la figure emblématique du mouvement des "écoles indépendantes", "notre système scolaire a besoin de liberté" : Dans les établissements du service public, les innovations sont au pire étouffées, au mieux empêchées de diffuser. Le sous-contrat est condamné au "suivisme". Or notre pays est "très en retard", notamment pour l'accueil des publics en difficulté, les enfants dyslexiques par exemple, mais aussi en termes d'accueil de parcours différents, qui mettent l'accent sur le point fort d'un enfant ou qui privilégient, comme en Grande-Bretagne, le développement de la personnalité, du leadership, de la confiance en soi.

Elle inscrit le conflit avec les présidents de la Fondation pour l'Ecole et de la Fondation Espérance banlieues dans le droit fil de ses convictions. Tout commence, explique-t-elle, par une divergence stratégique. Elle avait participé à la création des premières écoles "Espérance Banlieues" avec pour projet d'en avoir "trois ou quatre", de les pousser vers l'excellence, d'amener des chercheurs à en évaluer les résultats, y compris en termes de résistance à l'islamisme, de façon à démontrer par l'exemple l'intérêt d'établissements "indépendants". Ce projet a été dévoyé, pense-t-elle, puisqu'il s'agissait pour les responsables de "multiplier le nombre des écoles" de façon "assez artificielle", sans suivi ni enquête de terrain. Elle évoque, parmi les évènements qui expliquent ce qu'elle voit comme un changement de cap, l'arrivée parmi les administrateurs de la FEB de la fondation Bettencourt-Schueller qui n'a pas les mêmes objectifs que la FPE. Or la multiplication du nombre des écoles allait nécessairement poser la question de leur financement par la puissance publique (voir ToutEduc ici).

Les débats mettent au jour les relations privilégiées entre les présidents de la FPE et de la FEB, Lionel Devic et Eric Mestrallet ont notamment créé ensemble une société de conseil aux écoles hors-contrat sans déclarer aux autres membres du CA un conflit d'intérêt potentiel. Apparaissent ensuite un certain nombre de difficultés qui mettent juridiquement en danger la FPE, fondation abritante. Anne Coffinier en avertit Eric Devic qui n'en tient pas compte, explique-telle. La tension monte jusqu'au conseil d'administration du mois d'avril qui commence par une prière, ce que ne manque pas de dénoncer le commissaire du Gouvernement, et qui dure 4h, en présence d'huissiers. Anne Coffinier décrit "une tension extrême". La Fondation Espérance Banlieue quitter la FPE.

Un financement qui soit plus souple que le chèque éducation

Cette séparation pose des problèmes juridiques et financiers, qu'il s'agisse de la valorisation de la marque créée conjointement ou des 5 % prélevés sur les dons. Les conditions en sont négociées par les deux présidents et avec la fondation Bettencourt-Schueller, sans débat au sein de la FPE. Elle s'accompagne de la signature d'une charte qui prévoit que le mouvement reconnaît "une vision anthropologique chrétienne", qu'il ne créera aucune école hors banlieue et que les écoles ne demanderont pas à passer sous-contrat. La séparation fait émerger d'autres problèmes juridiques, et Anne Coffinier estime qu'elle est en position de "lanceur d'alertes".

Mais elle annonce surtout qu'elle continue son combat pour "la liberté de l'enseignement", "tout devrait être en place à la mi-novembre". Elle envisage plusieurs axes, à commencer par "un travail de lobbying" pour "aider la France à faire sa transition éducative". Elle souligne que les dons ne peuvent être défiscalisés que s'ils vont à des écoles hors-contrat à but non-lucratif, avec des tarifs inférieurs à 300 ou 400€/mois, et qui "tirent le diable par la queue". Elle imagine aussi un mode de financement bien plus large que "le chèque éducation". Celui-ci permettrait uniquement à une famille de choisir une école, alors que bien d'autres modes de formation pourraient être intéressants et s'inscrire dans une perspective "tout au long de la vie". C'est un travail que ne peut pas faire la FPE, parce que son image est liée à celle des écoles qu'elle soutient, alors qu'elle plaide pour une action transpartisane, déconnectée de la collecte de dons et du financement.

Anne Coffinier pense possible d'associer tradition et modernité

Elle souhaite que l'association "Créer son école" qu'elle a créée en 2004 et qu'elle préside soit davantage proactive, qu'elle continue d'aider les projets qui répondent à des besoins, mais que, là où des besoins sont identifiés, elle organise la rencontre des acteurs pour faire naître des projets. Elle jouera encore son rôle d'observatoire et de formation des créateurs, et elle fournira des conseils aux parents, par exemple les "brexiters" qui cherchent en France des solutions pour leurs enfants qui soient davantage conformes à ce qu'ils ont connu en Grande-Bretagne. En ce qui concerne la formation des enseignants des 1er degré, l'Institut libre de formation des maîtres "peut vivre à part" de la Fondation pour l'Ecole. En revanche, pour le second degré, la plupart des professeurs de l'Académie du professorat ont démissionné et "il faudra concevoir autrement" cette offre de formation.

Et surtout, Anne Coffinier entend lutter contre les caricatures qui pèsent sur les écoles hors contrat. Elles sont immédiatement cataloguées, ou bien traditionnelles ou bien innovantes, comme s'il était impossible "d'associer tradition et modernité".

 

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