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Hors-contrat : où en est la Fondation pour l'école après le licenciement de sa secrétaire générale ?

Paru dans Scolaire le jeudi 26 septembre 2019.

"Incompréhension". Lionel Devic, président de la Fondation pour l'Ecole a fait part, ce 26 septembre, devant la presse, des raisons qui ont amené le bureau de la FPE à licencier Anne Coffinier, la secrétaire générale et fondatrice. Il ajoute : "Ce n'est plus celle que nous avons connue." Si les difficultés sont apparues au printemps, elles remontent à l'hiver dernier, après le recrutement à la fin de l'année dernière d'une salariée, Axelle Girard, "au comportement étonnant". Mais ce n'est que rétrospectivement qu'il a découvert qu'elle "semait la discorde", qu'elle adressait des mails à la secrétaire générale menaçant de démissionner si celle-ci ne mettait pas fin à des comportements "homophobes" et "racistes" au sein de la FPE. Lionel Devic nie leur existence, ou du moins qu'il en ait eu connaissance : "je n'ai reçu aucun témoignage sur ce sujet." Axelle Girard aurait de plus obtenu que le président soit empêché de prendre la parole lors de l'inauguration du salon "de la liberté pédagogique", en menaçant d'user de son influence pour qu'aucun élu LREM ne vienne.

A la même période se pose la question de la maîtrise du développement du réseau "Espérance banlieues", dont la fondation était abritée par la FEP. "Ce développement créait des déséquilibres, des tensions". Anne Coffinier a adressé au président une note détaillant des difficultés "techniques qui auraient pu être résolues par le dialogue", mais ne l'ont pas été, qu'il s'agisse de chèques de donateurs mal adressés ou de salariés d'Espérance banlieues qui travaillent dans les locaux de la FPE.

Le trésorier a alors suggéré une mission d'audit qui rend son rapport le 12 avril et qui décrit "des erreurs, mais rien d'illégal". Trois jours auparavant s'est tenu un conseil d'administration "très tendu" puisque la secrétaire générale "avait entrepris d'obtenir la révocation du président". Le commissaire du Gouvernement, présent comme il se doit pour une fondation d'utilité, est témoin de ces tensions, ce qui justifie qu'une mission de l'IGA ait été diligentée; elle devrait rendre ses conclusions au mois de janvier.

La séparation avec Espérance banlieues

Lionel Devic évoque encore "la connotation agressive" de déclarations par voie de presse, ou sur les réseaux sociaux de la secrétaire générale et son refus "d'accepter les décisions du bureau" parmi les fautes qui ont conduit à son licenciement. Une procédure est engagée contre un autre salarié, qui n'a pas été nommément désigné, et qui aurait publié sur la toile le contenu d'échanges internes au conseil d'administration.

Cette conférence de presse est également l'occasion d'évoquer la liquidation des liens avec Espérance banlieues. Fallait-il valoriser la marque pour déterminer les pertes et gains pour chacune des parties ? Déterminer la part des uns et des autres dans la constitution de ce capital immatériel aurait été trop complexe. Il était d'autre part prévu que 5 % des sommes récoltées pour le compte d'Espérance banlieues iraient à un fonds destiné à d'autres écoles implantées dans des "quartiers", mais la cagnotte n'a pas été constituée, elle serait de 428 000€. Les donateurs accepteraient-ils qu'une telle somme soit prélevée sur leurs dons pour d'autres donataires ? Anne Coffinier avait proposé que soit constitué pour ce montant un fonds géré par la FPE, mais dédié au soutien des écoles du réseau Espérance banlieue.

Une anthropologie chrétienne

C'est d'ailleurs l'occasion d'évoquer une certaine "ambiguïté" de ce réseau, dont les écoles sont a-confessionnelle, mais dont les principes sont "issus du christianisme" et qui témoigne d'une "vision anthropologique chrétienne". S'agissant de la FPE, Lionel Devic précise qu'elle a été fondée par des catholiques, mais d'abord soucieux de qualité, d'où le soutien, ponctuel, au mouvement "colibri", et l'aide apportée aux écoles Montessori pour mieux définir quelles initiatives pouvaient revendiquer ce label. Il admet par ailleurs avoir un compte twitter qu'il qualifie de "défouloir", partagé avec d'autres, et dont il n'assume pas tous les propos (ce compte, LeoDeClinvi, mène actuellement la bataille contre la PMA pour toutes, ndlr).

La conférence de presse permet aussi d'évoquer le financement des écoles hors-contrat. La FPE se prépare à une baisse des dons et du mécénat, mais, quoi qu'il en soit, ils seront toujours insuffisants pour répondre à la demande, surtout en ce qui concernait le réseau Espérance banlieues quand elle était abritée. La FPE avait travaillé avec François Fillon, alors candidat à l'élection présidentielle, pour permettre aux établissements hors contrat de recevoir les concours publics, ils auraient été liés par une convention avec l'Etat qui leur aurait garanti le droit de choisir leurs enseignants et leurs élèves. Lors des débats sur la "loi Blanquer", elle a obtenu qu'un amendement soit introduit qui prévoyait un assouplissement du "contrat simple" en ce qui concerne les programmes. Le rapporteur a jugé que le contrat tel qu'il existe satisfaisait à la demande. Pour sa part, le directeur de cabinet de Jean-Michel Blanquer a clairement indiqué à la FPE qu'aucune ouverture de classe sous contrat n'était prévue. Il serait toutefois "acquis à l'idée d'autonomie des établissements".

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