Hors-contrat: Le réseau "Espérance banlieues" confiant après son départ de la Fondation pour l'Ecole
Paru dans Scolaire le jeudi 26 septembre 2019.
Le réseau "Espérance banlieue" a trouvé "une fondation prestigieuse" pour l'abriter après qu'elle a quitté la Fondation pour l'école et elle préfère "regarder l'avenir" que de revenir sur la crise qui a amené son départ. ToutEduc a rencontré Vincent Lafontaine, le directeur général et Philippe de Beauregard, le référent pédagogique du mouvement, ce 26 septembre, jour de la conférence de presse de la FPE qui vient de licencier Anne Coffinier (voir ToutEduc ici). "C'est un débat interne à la Fondation pour l'école, nous avons servi de catalyseur à cette crise et nous en avons été , en quelque sorte, les victimes collatérales."
Ils n'en sont pas moins engagés collectivement pour une forme pédagogique qui previenne le décrochage scolaire des enfants des quartiers et réponde au "risque" qui menace "la cohésion de notre pays". Il faut transmettre à des enfants souvent issus de l'immigration "la culture française", "permettre à des Français de papiers de devenir des Français de coeur", qu'ils "s'inscrivent charnellement dans la société française", qu'ils l'aiment, qu'ils admirent les paysages, la gastronomie, les monuments, les chefs d'oeuvre...
Ils définissent la pédagogie de référence comme "un chemin lent vers l'abstraction", lequel passe par la manipulation et la résolution de problèmes concrets qu'il s'agisse pour les mathématiques de la méthode dite "de Singapour", pour laquelle ils travaillent avec Monica Neagoy (ici) ou de la méthode syllabique sous l'angle de la "logopédagogie". Les responsables défendent le caractère pragmatique de leur démarche : "les élèves savent lire et comprennent ce qu'ils lisent. Ils aiment les mathématiques." Les deux responsables se défendent d'avoir une approche idéologique, ils estiment d'ailleurs que la formulation de Lionel Devic lorsqu'il évoque la "vision anthropologique chrétienne" d'Espérance banlieue est réductrice. "Elle vient aussi de Platon, de Rome, de la culture judéo-chrétienne." Il s'agit, ajoutent-ils, d' "accueillir chaque enfant en qualité de personne", de permettre à ses talents de s'épanouir "au service des autres et de la société à laquelle il appartient", dans le cadre d'une "laïcité respectueuse", et non pas "agressive" à l'égard des diverses cultures religieuses.
Interrogés sur la situation du réseau, ses responsables indique qu'il compte 17 écoles, et estiment qu'au-delà de 25, les financements privés ne pourront plus soutenir son développement. "Le bassin du mécénat sera asséché." Le réseau veut conserver la liberté de choisir ses enseignants et directeurs d'établissement tout comme les méthodes pédagogiques, mais aussi "d'ajuster les programmes dans le respect du socle commun". Faut-il, par exemple, commencer l'anglais au cours préparatoire avec des enfants qui sont déjà bilingues puisque c'est une autre langue que le français qui est parlé à la maison ? C'est la question posée à divers représentants de la puissance publique, à l'Elysée, dans les Régions, auprès de préfets. "Ce qu'on essaie de faire les intéresse." Certaines écoles ont d'ailleurs reçu des financements d'Auvergne-Rhône-Alpes, d'Ile-de-France, des Bouches-du-Rhône..., en attendant que, éventuellement, d'autres dispositions assoient ces financements publics. Le réseau estime d'ailleurs avoir "une fonction d'incubateur" : "notre rêve est qu'un jour, on n'ait plus besoin d'Espérance banlieues."
Propos recueillis par P. Bouchard, relus par V. Lafontaine