Scolaire » Actualité

Apprentissage de la lecture : des mesures inadaptées, hors-sujet, à-côté des enjeux selon plusieurs syndicats (PIRLS 2016)

Paru dans Scolaire le mercredi 06 décembre 2017.

"Un plan ministériel hors-sujet", "des mesures inadaptées", des propositions "à côté des enjeux", telles sont les premières réactions de plusieurs syndicats, suite à la présentation du plan ministériel concernant l'apprentissage de la lecture faite par Jean-Michel Blanquer (lire ici), hier 5 décembre 2017, jour où l'IEA et l'UNESCO co-présentaient les résultats des études internationales PIRLS et ePIRLS 2016 (Programme international de recherche en lecture scolaire), sur la base de données recueillies dans plus de 60 pays et territoires dépendants (lire ici et ici). "Hors-sujet", car "axé sur le déchiffrage et la maîtrise du code" alors que les élèves français ont surtout régressé sur les processus de compréhension les plus complexes", commente le SE-UNSA, rejoint par d'autres syndicats sur l'absence de prise en compte, et dans les temps d'enseignement en classe, de cette question de l'accès au sens.

Le SE-UNSA regrette que le ministre de l'Éducation nationale "évacue la question de l'accès au sens et privilégie les apprentissages formels en relançant les découpages traditionnels (orthographe, grammaire, vocabulaire)", alors que le SGEN et le SNUIPP s'opposent ouvertement au retour de la dictée quotidienne. L'inspecteur de l'Éducation nationale et secrétaire général du SNPI-FSU, Paul Devin dénonce, lui, "un vrai paradoxe" à vouloir présenter "les réorientations graphe-phonologiques (...) comme une perspective d'amélioration du classement français à PIRLS" alors même que l'enquête détaille les activités intellectuelles concernées et "insuffisamment mises en œuvre dans l'école française : inférences, anticipation, analyse stylistique et structurale, identification des intentions de l'auteur...". Et, comme le SGEN, il s'étonne de voir cette activité de compréhension reléguée hors de l'enseignement fondamental en classe, pendant les activités pédagogiques complémentaires (APC) en élémentaire et l'accompagnement personnalisé (AP) au collège.

9 heures de formation consacrées à la lecture, c'est trop peu

Les critiques se rejoignent également autour du rôle des enseignants et de leur formation. Neuf heures de formation annuelles consacrées à la lecture proposées aux enseignants, c'est trop peu, estiment le SNUIPP et le SE-UNSA, le premier appelant à "un grand plan de formation initiale et continue ambitieux et inscrit dans la durée", le second à "mieux outiller les enseignantes et les enseignants en développant notamment une formation continue de qualité qui croise leur expertise à l'ensemble de la recherche". Point sur lequel il est rejoint par le SNE et le SNALC qui invitent le conseil scientifique de l'Éducation nationale nouvellement créé (lire ici) à se saisir de cette question, mais s'abstiennent de critiquer les mesures annoncées par le ministre, en appellent à la demandent "au ministre de travailler à restaurer l’autorité des maîtres" et "d'ouvrir la formation sur la recherche scientifique sérieuse, après des décennies d'errance", la France ne pouvant plus "se permettre de rester bloquée dans une idéologie qui a largement fait preuve de sa nocivité" [le "pédagogisme", ndlr]. Les deux syndicats se joignent à l'appel à la mobilisation du ministre.

Le SGEN pour sa part dénonce des mesures qui "remettent en cause la professionnalité des professeurs des écoles qui ne pourraient plus choisir ou élaborer leurs supports d'enseignement ou concevoir l'organisation de leur enseignement adapté à l’observation qu’ils et elles font des apprentissages et difficultés de leurs élèves".

A noter que Claude Lelièvre, sur son blog (Médiapart, ici), propose une analyse des résultats des élèves français : "Nous sommes donc passés largement sous la moyenne des pays comparables au nôtre (une moyenne de l'ordre de 520 points) pour les niveaux élevés de compréhension de lecture ; mais nous sommes honorablement placés pour les deux premiers niveaux (ce qui montre que nos élèves savent 'lire' au sens de 'décoder' simplement les textes) (...) Comment progresser aux niveaux 3 et 4 de compréhension de l'écrit ? That is the question !" avant de se moquer des solutions proposées par le ministre.  

Camille Pons

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →