PIRLS 2016 : une maîtrise de la lecture en hausse presque partout dans le monde, d'autant plus que les enfants fréquentent la maternelle (PIRLS, UNESCO /IEA)
Paru dans Petite enfance, Scolaire le mardi 05 décembre 2017.
Une maîtrise de la lecture en hausse partout, qui a des effets positifs sur le long terme si celle-ci l'est dès la maternelle et avec un accompagnement des parents, tels sont les principaux enseignements du rapport de l'Association internationale pour l'évaluation (IEA) des acquis scolaires paru ce mardi 5 décembre 2017, et co-présenté le même jour à Paris avec l'UNESCO. En effet, conclut le rapport, 96 % des élèves en quatrième année de scolarité obligatoire, dont les résultats ont été observés dans plus de 60 systèmes éducatifs dans le cadre du Programme international de recherche en lecture scolaire (PIRLS), se situent au-delà du niveau international bas de ce programme. Un taux qui constitue une "première" dans l'histoire de l'étude, selon les deux organisations.
Après la Russie et Singapour, ce sont Hong Kong, l'Irlande et l'Irlande du Nord, la Finlande et la Pologne qui affichent les meilleurs résultats mais les améliorations sont "statistiquement significatives" dans 18 des 41 pays et territoires qui avaient déjà été comparés par le PIRLS 2011, pour la compréhension écrite, observe encore le rapport, alors que 13 autres ont obtenu des résultats équivalents à ceux de 2011. En lecture, les performances se sont améliorées dans 11 Etats et le rapport souligne une hausse de plus de 40 points pour les élèves de Hong Kong, de Russie, de Singapour et de la Slovénie.
Le poids de la maternelle, des parents, des ressources
Outre la hausse globale, le rapport met en évidence l'impact de certains facteurs sur les performances des élèves à "long terme". Les élèves qui sont allés à l'école maternelle pendant au moins trois ans - ils sont d'ailleurs plus nombreux, 59 % - obtiennent ainsi "de meilleures performances moyennes" en lecture.
L'environnement familial, un cadre d'apprentissage sûr et riche en ressources, ont également un impact favorable. Quand les parents disposent de beaucoup de ressources à la maison et ont souvent et parfois fait participer leurs enfants à des activités de lecture précoces, ces derniers présentent des performances moyennes en lecture plus élevées, puisqu'ils obtiennent respectivement les scores moyens de 529 et 505 contre 419 pour les élèves dont les parents ne le font jamais ou presque. Néanmoins, les organisations soulignent une tendance qu'ils jugent inquiétante : dans la moitié des états comparés (31), "les attitudes positives des parents concernant la lecture sont en baisse".
Même impact sur les résultats observés dans les écoles bien dotées, puisque l'étude souligne un écart de 14 points entre les élèves qui fréquentent des écoles riches en ressources et ceux dont les écoles manquent de ressources. De même, le niveau d'expérience des enseignants et la sécurité à l'école ont un impact positif. Les élèves qui ont déclaré être victimes de violences presque toutes les semaines (14 %), affichent un score moyen de 39 points en-dessous des résultats de ceux qui n'ont jamais ou presque jamais été victimes de violences. Concernant les enseignants, si leur niveau de qualification s'élève au moins au niveau de la licence ou d'un diplôme équivalent dans la plupart des états, l'étude observe que subsistent des différences "à la fois au sein et en fonction des territoires".
Un bon lecteur a plus de facilités à intégrer des informations via Internet
En 2016, le champs d'application du PIRLS s'est aussi étendu à un programme de lecture en ligne, le ePIRLS, auquel ont participé 14 Etats. Et ce programme montre que ce sont les bons lecteurs, et ceux qui ont l'habitude d'utiliser des ordinateurs dans un contexte scolaire, notamment dans le cadre des enseignements, qui rencontrent peu de difficultés avec la lecture en ligne et montrent des capacités élevées à intégrer des informations via des sites Internet et des fonctions interactives. Les élèves de Singapour, la Norvège et l'Irlande sont les plus performants en la matière.
Ce même jour, l'IEA et l'UNESCO publiaient une brochure ("Mesurer l'ODD 4 : la contribution du PIRLS") pour évaluer, à l'aune de cette étude, si ces résultats permettaient de valider le bien-fondé des objectifs fixés en éducation par le Programme de développement durable des Nations unies en 2015, objectifs à atteindre d'ici 2030. Ces résultats montrent que c'est le cas notamment pour les objectifs qui visent à développer les activités de lecture dès la petite enfance, un cadre d'apprentissage sûr ou encore à accroître le nombre d'enseignants qualifiés. Ils encouragent aussi à aller vers l'égalité des sexes et l'inclusion, puisque les filles sont en moyenne plus performantes que les garçons d'environ 18 points dans 48 pays et territoires (écart moins prononcé dans l'étude ePIRLS). Elles mènent dans les épreuves de lecture littéraire et informationnelle (extraction, déductions, interprétation et intégration de l'information).
Le rapport en français ici
Le rapport en anglais ici
Camille Pons