Rencontres de l'ORME : Viaeduc, un espace pour des échanges pacifiés entre les enseignants
Paru dans Scolaire le vendredi 02 juin 2017.
"On pose les armes, on bosse." François Catala résume ainsi l'état d'esprit des enseignants venus sur Viaeduc alors que , dans leur collège, certains pouvaient soutenir la réforme du collège tandis que d'autres, au contraire menaient la fronde. Mais sur "le réseau professionnel des enseignants", plus d'appartenance syndicale ni militantisme, le souci de partager entre pairs des ressources pour monter des EPI [enseignements pratiques interdisciplinaires] ou aborder un point délicat des nouveaux programmes, l'emporte sur toute autre considérations. A l'occasion des rencontres de l'Orme, le responsable du GIP donne à ToutEduc les principaux résultats de l'enquête menée fin mars auprès des usagers de la plateforme, inédits jusqu'à présent.
Lancé il y a 2 ans, Viaeduc compte 58 818 inscrits (dont 82 % d'enseignants), et compte bien arriver aux 60 000 à la fin de l'année scolaire, aux 85 000 à la fin de l'année civile, aux 100 000 l'an prochain. "C'est lorsqu'il atteindra les 150 000 que le réseau aura réellement des effets structurants sur la manière de travailler des enseignants." François Catala estime à 10 % environ le nombre de ceux qui discutent réellement et à 1 % ceux qui animent et font vivre le réseau, plus souvent des conseillers pédagogiques, des IEN, des personnels de direction, des IA-IPR. Les autres sont davantage consommateurs. Au total, 6 805 groupes actifs se sont constitués, souvent pour des raisons de proximité géographique ou disciplinaire, autour d'un projet, comme cela peut se faire dans un établissement. "C'est un prolongement de la vie réelle, une salle des profs élargie", commente F. Catala qui ajoute que, le plus souvent, les participants en attendent de pouvoir partager des ressources, mais très rarement de se faire valoir auprès de leurs collègues sur le mode "j'ai fait ça...".
En règle générale, un groupe est d'abord "fermé", et seuls ses membres ont accès aux discussions et aux ressources partagées, qui peuvent aussi bien avoir été élaborées par l'un d'entre eux que trouvées, sur Eduthèque ou chez tel éditeur, avec un commentaire du type "vidéo intéressante, que j'ai utilisée entre 2'35 et 4'48 avec mes cinquièmes pour illustrer tel chapitre du programme et ça a provoqué telles réactions...". Puis, quand le projet a été mené à terme, le groupe ouvre l'URL à tous les inscrits de Viadeo. Le fait que telle ressource ou telle démarche ait été validée par les pairs lui confère un indice de confiance complémentaire de celui que leur donne une reconnaissance institutionnelle. Et c'est bien le premier usage qui est fait du réseau, qui ne joue pas, "pas encore" pense son responsable, le même rôle qu'un réseau social où on trouve des "amis", où on forge des liens de complicité.
Moins de jeunes enseignants que prévu
Il a été surpris de constater que le pourcentage des jeunes enseignants était un peu inférieur à ce qu'il est statistiquement, comme si, lorsqu'ils arrivent dans leurs classes, ce n'était pas la priorité, qu'il y avait d'autres urgences qu'aller chercher auprès de collègues plus lointains des moyens de gérer les élèves. En revanche, l'interconnexion avec le programme M@gistere de formation continue à distance s'avère intéressante. La plateforme propose de compléter une communication plutôt verticale, descendante, par une offre horizontale qui va plus loin dans le temps et permet de "continuer à échanger entre collègues", de partager des retours d'expérience. De même, autour du MOOC "classe inversée", qui demandait aux participants de produire des cours, s'est constitué un groupe projet qui a ouvert ensuite son URL pour que tout un chacun puisse en profiter. "La communauté éphémère qui s'était constituée trouve une forme de pérennité."
Prochaines étapes du GIP, s'élargir à l'enseignement agricole, au privé sous contrat, aux établissements français à l'étranger, pratiquement sans communication institutionnelle, mais par le bouche à oreille, en profitant d'une notoriété qui croît doucement mais régulièrement.
Le site Viaeduc ici