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Bilan de pré-rentrée: le SNES regrette "l'absence de signes forts" du ministère sur des questions clés

Paru dans Scolaire le samedi 01 septembre 2012.

 "Aujourd'hui, le point de tension majeur concerne la réforme des lycées professionnels: l'évolution du nombre d'élèves est plus qu'inquiétant et les programms sont infaisables. Il y a une urgence absolue et on ne comprend pas l'attentisme du ministre sur cette question-là." L'agacement de Roland Hubert, co-secrétaire général du SNES, illustre l'état d'esprit du syndicat quelques jours avant la rentrée 2012.

A l'occasion de sa conférence de presse de rentrée, le SNES a salué le "retour du dialogue social" et reconnu que le ministère avait "pris conscience des enjeux pour l'avenir". Il a cependant regretté l'absence de signaux forts et de réformes nettes. Nuançant l'optimisme de V. Peillon, le syndicat a dressé "un bilan mitigé" des premiers mois du gouvernement.

Des filières professionnelles aux abois

Pour le principal syndicat des enseignants du second degré, la faible marge de manoeuvre du gouvernement n'excuse pas tout: certaines mesures auraient pu être prises rapidement.

La situation des enseignants en lycée professionnel alarme Roland Hubert. La réorganisation de la filière, ainsi que le faible nombre de professeurs titulaires dans certains lycées ont tendu les équipes pédagogiques et provoqué l'arrêt de projets innovants, comme le "bafa lycéen" (voir notre reportage Le "BAFA lycéen", un moyen de réconcilier "le jeune" et "l'élève"? (ID2)). Pour le SNES, des "mesures simples" auraient pu être prises pour maintenir "le viver d'enseignants et le matériel de cette section".

Lundi dernier, au cours de son déplacement à Créteil, V. Peillon avait affirmé à un jeune enseignant d'économie-gestion affecté à 100 km de chez lui qu'il avait "conscience" du problème de la titularisation des contractuels dans cette filière.

Prendre "à bras le corps" la question du recrutement

Au-delà du lycée professionnel, le recrutement des professeurs du second degré constituera "l'un des obstacles les plus difficiles à surmonter", rappelle Daniel Robin, cosecrétaire général du SNES. Il regrette que "le ministère ne semble pas vouloir saisir ce problème à bras le corps".

Les 22000 postes ouverts à la session 2013 des concours de recutement ne pourront pas être considérés comme des créations d'emplois: ils correspondent au remplacement des départs à la retraite. Cette décision "rompt clairement avec les politiques antérieures", mais sera loin d'être suffisante si le gouvernement entend tenir son engagement de créer 60 000 nouveaux postes d'enseignants en cinq ans. Cet objectif impliquerait plutôt de "tabler sur l'ouverture de plus de 30000 postes aux concours 2013", estime Daniel Robin.

Pour autant, l'urgence de la situation ne justifie pas une réforme immédiate des concours de recrutement. Le SNES souhaite que les enseignants restent recrutés à bac+5. "On ne voudrait pas que la place des concours soit guidé par un objectif conjoncturel, élargir rapidement le vivier des enseignants" explique D. Robin.

 Les emplois d'avenir se trompent de cible

Le SNES privilégie deux pistes principales pour recruter rapidement: la titularisation des contractuels et le prérecrutement de nouveaux enseignants. Pour ce dernier cas, la solution envisagée par le gouvernement ne semble pas convaincre le syndicat. Les emplois d'avenir "professeur" ciblent des étudiants en deuxième année de licence, qui passeront les concours de l'enseignement dans deux à trois ans. Ils n'auront donc pas d'effet sur les deux prochaines sessions.

"Au lieu de privilégier les L2, il aurait fallu commencer par cibler les étudiants actuellement en première année de master", regrette F. Rollin. "Il faut impérativement améliorer les conditions matérielles des étudiants aujourd'hui en M1 et M2 pour augmenter le taux de reçus", confirme D. Robin. "Or aujourd'hui rien n'a été fait dans ce sens".

De plus, pour Frédérique Rollet, le prérecrutement a été "artificiellement" rattaché au dispositif des emplois d'avenir. Les emplois d'avenir "professeur" souffrent actuellement d'une "cote mal taillée", selon la cosecrétaire générale du SNES: liés au ministère de l'éducation, ils restent dépendants d'un dispositif général rattaché au ministère du Travail. La secrétaire générale du SNES a fait part de ses "inquiétudes": "que vont faire les jeunes concernés, qui va les encadrer, comment vont-ils concilier leurs études et leur présence dans les établissements?" s'est-elle interrogée.

Mercredi 28 août, Michel Sapin avait souligné la cohérence de ces deux dispositifs. "Les emplois d'avenir et les emplois d'avenir "professeur" s'adressent au même public, des jeunes qui arrêteraient leurs études si on ne leur tendait pas la main. Le ciblage est le même."

Programmer une revalorisation salariale

Au-delà de la création de nouveaux postes, le ministère doit faire face à une désaffection de la profession d'enseignant. En 2012, 15% des postes ouverts au CAPES n'ont pas été pourvus (voir ToutEduc CAPES: 15 % des postes non pourvus). Les étudiants hésitent à s'engager dans des études longues qui aboutissent sur un salaire faible, le pouvoir d'achat des enseignants ayant continuellement baissé depuis dix ans. 

Pour V. Peillon, la réforme de la formation des enseignants permettra de résoudre la "crise de recrutment", qu'il se défend de confondre avec une "crise des vocations". Devant les nouveaux enseignants stagiaires du second degré de l'Académie de Créteil, le ministre de l'Education s'était félicité de la progression du nombre de candidats aux concours de la session 2013.

Frédérique Rollet estime qu'il y aura environ 10% de candidats supplémentaires. Cette augmentation constitue "un premier frémissement, mais reste largement insuffisante pour pourvoir tous les postes mis au concours".

Pour créer "une dynamique sur long terme", le SNES invite le ministre à inscrire l'augmentation des salaires des enseignants dans la loi de programmation prévue cet automne. "On ne pourra pas se contenter d'un discours de reconnaissance des personnels de l'éducation et négliger la question des salaires et des carrières".

Jeudi 30 août, V. Peillon, interrogé sur RTL, a assuré que les enseignants seraient mieux rémunérés dès que le budget du ministère le permettrait. "Il serait digne de les payer mieux si nous en avions les moyens. Lorsque nous les aurons, nous le ferons"

Vigilance

En termes de formation, les 3h de décharge prévus par Vincent Peillon ont envoyé un "signe positif" pour le SNES. Cette mesure doit cependant rester provisoire: elle ne peut se substituer à une véritable réforme de la formation des enseignants. Pour s'assurer qu'elle ne sera pas reconduite en 2013, le SNES entend demander des "précisions" à V. Peillon. "Si l'on reste en 2013 dans les mêmes conditions de rentrée qu'en 2012, ce sera un très mauvais signal envoyé aux enseignants. Il faut que le ministre montre sa volonté de changement radical", martèle F. Rollet. 

Le syndicat s'est montré déçu de la gestion de plusieurs autres dossiers: la réforme du lycée, le livret personnel de compétences, que V. Peillon a condamné mais conservé,  et le dispositif ECLAIR, "que le ministre aurait dû supprimer". Sur toutes ces questions, des signaux forts ont manqué. "On ne veut pas tout tout de suite, mais on souhaite au mons qu'une évolution soit programmée, et ce n'est pas le cas pour le moment".

Le syndicat du second degré a enfin exprimé "son désaccord" avec la création du métier "d'assistant de prévention et de sécurité" prévue par le gouvernement. 500 assistants devraient être recrutés à la Toussaint. Ils seront chargés de prévenir la violence scolaire dans les établissements les plus exposés.

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