Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Le privé bénéficiera des mesures du "plan d'urgence" pour la rentrée 2012

Paru dans Scolaire le jeudi 05 juillet 2012.

"Les mesures d'ugence décidées par le gouvernement pour la rentrée 2012 s'appliqueront à l'enseignement privé". A l'occasion d'un point de presse, le secrétaire de l'éducation catholique Eric de Labarre s'est félicité du "contexte de paix scolaire" entre l'enseignement privé et un gouvernement de gauche "qui avait pu susciter certaines inquiétudes". C'est sans doute pour préserver ce climat apaisé que V. Peillon a reconsidéré la place de l'enseignement privé dans son "plan d'urgence" pour la rentrée 2012.

M. de Labarre a ainsi annoncé que les établissements privés du premier degré bénéficeront des recrutements prévus pour septembre. L'allocation de moyens à l'enseignement privé s'effectuera "à proportion du nombre d'emplois supprimés dans le public au cours des cinq dernières années". Sur 79 000 suppressions de postes, 6 507 l'ont été dans le privé, soit 8 % environ. A la rentrée, 70 postes iront donc dans les établissements privés du premier degré: ils s'ajouteront aux 1 000 postes que V. Peillon avait réservé à l'enseignement public, "qui a le plus souffert des suppressions de poste ces cinq dernières années". Ces embauches s'effectueront à budget constant, puisqu'il s'agit d'un "redéploiement des moyens d'enseignement". Les académies de Rennes (10 postes), Lille (7.5) et Bordeaux (5.25) en seront les principales bénéficiaires, tandis que l'académie de Créteil ne disposera d'aucun poste supplémentaire.

Paix scolaire

Les établissements privés accèderont aussi au recrutement des "1 500 postes d'auxiliaires accompagnant les élèves handicapés" que V. Peillon a annoncé mardi 3 juillet. Enfin, les lauréats des concours de l'enseignement privé bénéficieront des mêmes solutions que leurs homologues du public (accompagnement des professeurs des écoles stagiaires, décharge de service de 3h pour les lauréats du concours du second degré).

L'enseignement privé est aussi prêt à faire preuve de bonne volonté, soutient le secrétaire général. "Nous devons tenir compte des impératifs politiques des uns et des autres". M. de Labarre s'est montré favorable à un redéploiement des aides publiques en direction des établissements les plus en difficulté. "L'égalité des chances est une priorité absolue pour l'enseignement privé. Nous sommes favorables à une allocation des aides publiques adaptée aux besoins réels des populations scolarisées." Un tel redéploiement pourrait engendrer une diminution des aides allouées à l'enseignement privé. Il ne devrait pas pour autant mettre en danger l'équilibre économique des établissements privés : "Ce qui est en cause, ce n'est pas le financement des charges fixes des établissements, mais les allocations variables liées à la composition économique et sociale des élèves".

Pour M. de Labarre, cette redistribution implique de "déterminer des critères d'allocation objectivement recevables". En particulier, il a émis des réservers sur la pertinence de l'indicateur actuel de "diversité sociale" d'un établissement, à savoir le nombre d'élèves boursiers. Selon lui, les plafonds de ressource retenus pour l'allocation des bourses entraîneraient des "distorsions" dans le traitement des familles.

Une logique libérale?

Quelques éléments de tension perdurent pourtant. Le conseil général d'île-de-France a ainsi suspendu le financement des équipements, de la demi-pension et des manuels scolaires des lycées privés de la région. M. de Labarre a rappelé que cette mesure "a reçu l'aval des responsables de l'enseignement catholique" car elle a permis "une revalorisation de 42 % des forfaits matériels et personnels des établissements privés concernés". Pour autant, cette décision interroge "l'égalité des citoyens devant le service public, l'impôt et les prestations des collectivités". Par ailleurs, M. de Labarre a rappelé les problèmes que posait "la mise aux normes" des établissements privés en termes d'accessibilité pour les élèves handicapés. Il a rappelé que "les investissemts imobiliers des écoles privées ne peuvent être financés sur fonds publics". Pour M.de Labarre, "on ne peut pas demander à l'enseignement privé d'investir des sommes dont nous ne disposons pas dans un délai qui est trop bref pour nous."

Ces éléments sont davantage sources de débats que de tensions, grâce à l' "écoute mutuelle" qui régit les relations entre l'Etat et l'enseignement privé depuis le début du quinquennat. C'est ansi que M. de Labarre a rappelé la participation de l'enseignement privé à la "grande concertation" lancée par V. Peillon jeudi 5 juillet en vue de déterminer la "loi d'orientation de l'école" (voir ToutEduc Concertation). Les "pistes" proposées s'inscrivent dans la continuité du Manifeste pour l'enseignement catholique publié en janvier dernier (voir ToutEduc Manifeste de l'enseignement catholique : un discours sur la méthode).

Ces propositions s'inscrivent dans une logique libérale : les "conditions indispensables à la réforme du système" incluent l'autonomie des établissements et "la garantie du libre choix d'une école par les parents". Les régions devraient aussi bénéficier d'une marge de liberté plus importante, notamment au niveau de l'aménagement de la semaine de 4.5 jours. Le temps de travail des enseignants devrait aussi être libéralisé pour pouvoir s'adapter aux besoins locaux.

Renforcer le rôle des équipes pédagogiques implique de leur donner les moyens de travailler ensemble. La réforme des rythmes scolaires "doit donner du temps aux professeurs pour travailler ensemble". Leur évaluation doit aussi tenir compte de ce mode de fonctionnement. Il faut donc "rénover l'inspection en passant de l'inspection à l'évaluation, puis de l'évaluation individuelle du prof à une évaluation collective des établissements, des projets d'équipe."

Rationalisation des coûts

Les professeurs doivent aussi bénéficier d'une formation plus efficace, ce qui implique de "professionnaliser la formation initiale et rétablir une véritable formation continue". Le numérique doit aussi occuper une place de premier plan dans la formation initiale des enseignants. "Il ne s'agit pas de restaurer l'autorité des profs devant les élèves : il faut d'abord restaurer leur crédibilité, et pour cela le prof doit être dans son temps et savoir manier les outils que maîtrisent les élèves".

L'enseignement privé conseille aussi de "rationaliser" les moyens mis à disposition des équipes pédagogiques Pour cela, M. de Labarre préconise de concentrer les efforts "sur ceux qui en ont le plus besoin", à savoir l'école primaire, mais aussi diminuer certains coûts structurels dans le secondaire. Il conseille ainsi de réduire "le volume horaire d'enseignement des élèves", ainsi que le nombre d'options proposées. "Certaines options peuvent sans doute être supprimées si l'on examine, très attentivement, leur intérêt au regard de leur coût." Les disciplines à petits effectifs pourraient béénficier de l'essor de l'enseignement à distance. Enfin, les lycées technologiques et professionnels gagneraient à "réduire ou regrouper les matières enseignées", afin de "réduire le nombre d'enseignants intervenant dans une classe".

Eric de Labarre en convient: ces pistes de réfléxion ne seront pas toutes appliquées et ne sont pas toutes applicables. Elles ont avant tout pour objectif de nourrir la réfléxion. Cette période de débat n'en est pas moins essentielle pour installer "des leviers du changement", plutôt qu'une "réforme définitive de l'école". "Nous ne croyons pas au Grand Soir de l'école: les choses ne peuvent évoluer qu'avec le temps". C'est aussi "du temps" que demande l'enseignement privé à ses salariés précaires: en marge de la conférence de presse, les syndicats CFDT manifestaient pour renégocier la convention collective. 

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →