Le SNES réaffirme ses fondamentaux mais refuse l'immobilisme
Paru dans Scolaire le vendredi 06 avril 2012.
La "défense inconditionnelle des décrets de 1950" sur le statut des enseignants n'a obtenu que 7 voix sur 480 au congrès du SNES qui s'achève aujourd'hui à Reims. Anecdotique, le rejet de cet amendement, tout comme celui d'un texte qui refusait toute "évaluation collective" des enseignants ou l'idée même de "liberté pédagogique collective" sont révélateurs de l'état d'esprit d'un syndicat qui s'est installé dans l'idée qu'il y aura alternance dans quelques semaines, et qui s'apprête donc à négocier des évolutions du système éducatif.
Il n'en rejette pas moins vigoureusement l'idée d'une fusion école primaire-collège, ou le retour de la bi-valence pour les enseignants en 6ème-5ème. Il demande l'abandon immédiat du LPC (livret personnel de compétence). Mais Frédérique Rolet, co-secrétaire générale du syndicat FSU des enseignements de second degré, rappelle que le SNES a déjà utilisé le terme de compétences et ne récuse pas la notion, même si elle estime qu'elles "se travaillent dans les disciplines". De même, son organisation n'est pas hostile, pour les collèges, à une modulation des horaires, certaines séquences pouvant être allongées ou aménagées, deux enseignants intervenant en même temps, à la condition que soit distingué le temps de la transmission et celui de la construction d'objets interdisciplinaires. Il faudrait aussi "voir comment apporter des formes de diversification, sans recréer des filières". Avec l'école primaire, il faut "retravailler les transitions" et avec le lycée, dans la perspective d'un allongement à 18 ans de la scolarité obligatoire, repenser la continuité des cursus.
S'agissant du recrutement et de la formation des maîtres, il calcule qu'il faudra, si on remplace tous les départs à la retraite, et si on donne une décharge de 3 h. (un minimum) aux stagiaires, mettre 19 000 places aux concours, soit trois fois plus qu'actuellement, et pratiquement autant qu'il y a d'étudiants en M2 ! Sans renoncer à ce niveau de recrutement, il faudra donc trouver des "solutions d'urgence", en s'appuyant sur les actuels contractuels qui ne sont pas tous à plein temps, en puisant dans les listes complémentaires...
Sur le congrès du SNES, lire aussi "Un espoir de débouché politique aux revendications" pour le SNES et Congrès du SNES : les points saillants du texte soumis à discussion par la majorité.