Le sens de l'école maternelle en arrière-plan du débat sur l'obligation scolaire à 3 ans
Paru dans Scolaire le lundi 07 novembre 2011.
Pour Luc Chatel, la maternelle n'est pas "espace d'accueil", elle est "une véritable école", "l'école du langage". Le débat sur la proposition de loi sur l'extension à 3 ans de l'obligation scolaire a été parasité par une question de procédure. Il n'en a pas moins été l'occasion, pour les uns et les autres de définir le rôle de l'école maternelle. Le ministre de l'Education nationale rappelle "la réforme de 2008, avec de vrais programmes d'acquisition de la langue, d'apprentissage de l'écrit, de découverte du monde, de respect des règles".
Il ajoute : "Nous avons travaillé à plus de progressivité entre grande section et CP car c'est à ce moment que tout se passe. Nous avons créé une aide de deux heures par semaine pour les enfants qui rencontrent des difficultés (...) Il faut assurer la maîtrise du langage par tous les enfants" et "il faut disposer d'outils pour appréhender nos enseignements". Il annonce qu' "un bilan des élèves sera obligatoire pour repérer les jeunes en difficulté".
Il se dit "favorable à une certification des enseignants en maternelle" et il est "persuadé qu'il faudra que cette école fasse partie de la scolarisation obligatoire", mais il est "convaincu qu'il est trop tôt pour le décider". Car "qui dit scolarisation obligatoire dit obligation d'assiduité" et donc, au préalable, concertation avec les familles comme avec les communes, ce qui explique son hostilité à la proposition de loi.
Brigitte Gonthier-Maurin, rapporteur (PS) de la commission de la culture évoque également son son "attachement au rôle clé de la maternelle, en particulier dans la lutte contre l'échec scolaire". Elle ajoute que "l'obligation aurait fait de la maternelle une école à part entière", sans remettre en cause la liberté des familles, puisque l'assiduité scolaire n'aurait pas été contrôlée.
Mais elle estime qu' "il faut mettre fin à une dérive de l'école maternelle vers l'école élémentaire dans ses missions et son organisation".
Pour Dominique Gillot (PS), "tout enfant doit acquérir des bases, des codes, des comportements : seule l'école publique laïque, gratuite et obligatoire est à même de le faire". Pour elle, "l'école maternelle accueille, scolarise et socialise. Elle fournit un cadre dans lequel l'enfant maîtrise ses impulsions, partage et apprend. (...) Pour que l'enfant se développe, il doit acquérir des savoirs mais aussi nouer des relations avec les autres." Elle voit encore dans la maternelle "un espace de transition entre les familles et l'école". Elle dénonce "le protocole d'évaluation" des enfants de grande section : "Au lieu d'y soumettre les enfants, pensez à les épanouir, monsieur le ministre. Ils ne sont pas des produits à normer !"
Pour accéder au compte-rendu analytique, cliquez La maternelle obligatoire : la proposition de loi examinée demain au Sénat, sur l'évaluation en maternelle, Maternelle: le projet de test d'évaluation contesté (Le Monde) et ici. Le ministre semble depuis avoir renoncé à son caractère obligatoire.