Le projet d'évaluation en maternelle émane de l'université de Grenoble
Paru dans Scolaire le vendredi 14 octobre 2011.
La divulgation d'un projet d'évaluation des élèves de maternelle a provoqué de nombreuses réactions syndicales et médiatiques. ToutEduc relève en outre que les épreuves de ce test ont été élaborées par le laboratoire Cogni-sciences de l'université de Grenoble, dont le docteur Michel Zorman est l'une des figures. C'est ce laboratoire qui travaille sur les programmes "Parler bambin" et "Parler", ce dernier faisant une large place à la "syllabique" (voir ToutEduc Parler bambin, un programme de recherche derrière l'opération médiatique et Lecture: vers un retour à la méthode syllabique?). Télécharger le projet, ici.
Sur le site "non fiction", Christian Laval, co-auteur de "La nouvelle école capitaliste", estime que "trier les élèves de moins de 5 ans en trois catégories sur la base de leurs conduites observées en classe (...) rapproche un peu plus l’éducation de l’usinage de pièces détachées ou de l’élevage de poulets en batterie (...) La nouvelle école capitaliste est précisément un système qui vise à produire de façon ultra-rationalisée, du capital humain, c’est-à-dire du matériau physique et intellectuel le plus parfaitement adapté à 'l’économie de la connaissance', nom que l’on donne à un capitalisme qui utilise de manière intensive, et use de façon accélérée, des 'compétences' cognitives, comportementales et psychiques que le système scolaire est censé lui fournir clés en mains" (...) Il s’agit de produire des individus qui auront à encaisser tous les chocs d’une économie de concurrence et d’innovation (...)" (ici).
Frédéric Jésu, pédopsychiatre très investi dans la dénonciation "des concepts envahissant de réussite et d'échec", estime pour sa part que ”l’étiquette dont parle le communiqué de la FCPE risque certes d’être 'anxiogène' pour les enfants. Elle risque en outre de l’être doublement : à l’école et pendant les temps scolaires, mais aussi pour et via les parents quand les enfants la ramèneront chez eux collée sur le dos ou sur les outils de correspondance école/parents, ce qui prolongera l’angoisse (les reproches, les réprimandes, les exercices et les rattrapages du soir et du week-end, les recherches d’évaluation et de formatage médico-psychologiques, etc.) au domicile et tout autour. Même les enfants 'RAS' pourront trembler chaque matin à l’idée de devenir 'à risques' ou 'à haut risques' le soir venu."