Le poids de la famille sur la réussite scolaire, une donnée difficile à mesurer (IFé)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 21 juin 2011.
Les recherches sur les incidences de l'investissement parental sur les résultats scolaires font l’objet de nombreuses études, aux Etas-Unis notamment, et elles pointent deux nécessités: "envisager un programme d’intervention préscolaire favorisant les compétences des enfants (...); mettre en place des programme d’aide aux familles défavorisés", conclut de son étude de la littérature sur le sujet Annie Feyfant dans un dossier de veille documentaire de l'IFé (ex INRP). Mais ces recherches sont à chaque fois accompagnées de réserves: "les hypothèses sont vérifiées dans des situations bien précises, elles sont dépendantes de la classe d’âge, du niveau scolaire, de la profession de la mère, etc. et ne sont pas reproductibles et généralisables".
Les variables utilisées pour mesurer les relations entre éducation parentale et performances scolaires sont en effet nombreuses, niveau d’instruction de la mère, du père, revenus du ménage, espace disponible dans le logement, valeur accordée par les parents à l’autonomie de l’enfant, valeur accordée par les parents au respect des normes sociales, attentes des parents envers l’école, style éducatif familial, accompagnement parental de la scolarité de l’enfant, rapport de l’enfant à la lecture, niveau d’aspiration scolaire des parents pour l’enfant , niveau intellectuel de l’enfant, mesure des performances scolaires...
Résultat, les analyses "ne sont pas neutres", que "trop de paramètres viennent influencer les résultats et commentaires". Les études qualitatives "ont tendances à généraliser sans base toujours très solide" et les études quantitatives "présentent de sérieux défauts quant à la définition des variables considérées". C'est ainsi que la variable "nombre de livres présents à la maison" est largement utilisée "parce qu’elle est plus facile à renseigner et à utiliser que des données sur les pratiques éducatives de lecture".
Les "styles éducatifs familiaux" sont fréquemment cités comme conditions favorables ou défavorables à "une scolarisation réussie", mais leur analyse doit "prendre en compte le style éducatif des enseignants", car "les résultats scolaires sont moins bons si les styles éducatifs sont trop différents". Or "la continuité des normes familiales et scolaires est davantage caractéristique des milieux favorisés que des milieux populaires", même si l’existence de pratiques homogènes des classes moyennes ou hétérogènes de la part des parents de milieux défavorisés "tient plus du cliché instantané que d’une cohérence généralisable".
Quant à "la prise en compte du capital culturel", elle se fait le plus souvent en tenant compte de la scolarité des parents. "Cependant, la corrélation positive entre diplômes et niveaux de compétences n’est pas systématique". De plus, "la littérature de recherche est plus abondante pour les enfants en âge préscolaire ou pour les élèves de primaire", alors que "des pratiques et attentes parentales qui s’avèrent positives pour de jeunes enfants peuvent avoir des effets moins favorables voire négatifs à l’adolescence". Enfin, il faut tenir compte de recherches récentes sur les enfants de milieux favorisés qui ne réussissent pas à l'école, ou, à l'inverse, d'enfants de milieux défavorisés qui ont une réussite exceptionnelle. Peut-être faut-il aussi prendre en compte des données génétiques (sur ces deux derniers thèmes, voir ToutEduc Comment les familles font-elles de leurs enfans de bons (ou de mauvais) élèves? (Colloque) et Gènes de l'intelligence: le pré-scolaire contribue à leur expression (recherche américaine)).