Gènes de l'intelligence: le pré-scolaire contribue à leur expression (recherche américaine)
Paru dans Petite enfance, Scolaire le lundi 18 avril 2011.
Pour Elliot Tucker-Drob, psychologue (Université d'Austin, Texas), il ne faut pas opposer l'inné et l'acquis, "parce que l'environnement influence le développement des gènes de l'intelligence". Il est interviewé par "La Presse" de Montréal (interview signalée par l'AN@E). Il souligne que "chez les 5% les plus pauvres, l'influence des parents, s'ils parlent à leur enfant, l'encouragent dans ses jeux, explique presque la totalité des variations de développement cognitif. Chez les 5% les plus riches, seulement la moitié de la variation de développement cognitif s'explique par les différences d'investissement parental, le reste dépend des gènes."
L'influence des parents n'est en effet pas seulement le fait de leur action éducative, elle est aussi "indirecte", les parents aisés hésitant moins à fournir un jouet qui intéresse l'enfant: "Si le parent ne répond pas aux besoins de l'enfant, son développement sera entravé." De plus, "quand ils rentrent à la maison, les parents riches peuvent se consacrer à leurs enfants, parce que les tâches ménagères ont été confiées à des employés". Dans les milieux pauvres, "une intervention auprès des parents, pour qu'ils encadrent mieux le développement cognitif de leurs enfants, a un très grand impact". D'autres recherches montreraient qu'en matière d'intervention préscolaire, "plus on intervient tôt, plus on a un effet à long terme". Conclusion: "il vaudrait mieux réserver les subventions aux garderies et à l'école primaire, à la limite au secondaire", même si, à l'université, on peut encore "contrer l'effet de la pauvreté". Son étude montre que les gènes et le milieu socio-économique interagissent dès l'âge de 10 mois.
Le chercheur texan ajoute "que plusieurs gènes sont impliqués dans le développement cognitif. Aucun d'entre eux n'a d'effet très marquant à lui seul", même s'il semble "y avoir une relation modérée entre la taille de différentes régions du cerveau et les résultats aux tests cognitifs", la génétique semblant jouer un rôle dans le développement de ces régions.