La Lettre de ToutEduc n° 764
Paru dans La lettre le mercredi 25 juin 2025.
La lettre du 25 juin 2025
Feuilleton. Malgré l'agitation politico-médiatique que continue de susciter l'assassinat par un enfant d'une surveillante, ce dont témoigne la revue des débats de cette semaine, malgré les résultats au CRPE (le concours de recrutement des professeurs des écoles) que ToutEduc est le premier à donner et qui sont d'une étonnante stabilité, l'actualité en matière d'éducation reste sur pause. Nous publions donc le second épisode du premier volet de notre série, "Histoire secrète du ministère Blanquer", consacré à la maternelle obligatoire.
Dans le premier épisode (ici), nous avons vu que la décision de rendre obligatoire l'instruction à partir de 3 ans avait été prise en parfaite méconnaissance de cause de son coût pour les finances publiques, au moins 45 M€, peut-être le double. Mais quel était le but d'une telle mesure ?
La seule explication donnée porte sur les enfants de 3 à 5 ans non scolarisés, 26 000 selon le directeur de l'enseignement scolaire d'alors. On peut penser qu'ils sont surtout en Guyane et à Mayotte, deux départements où l'on sait déjà que la loi ne s'appliquera pas. Jean-Michel Blanquer, lorsqu'il était recteur à Cayenne, y avait d'ailleurs créé un "observatoire de la non-scolarisation". En 2019, avant la loi, 97,5 % des 3 ans et 100 % des 4-5 ans sont scolarisés, en 2023 ils sont 99 % des 3 ans, toujours 100 % au-delà. La loi a permis de gagner 1,5 point de scolarisation des enfants de 3 ans. Si ses effets sont quantitativement faibles, c'est que l'objectif était d'abord symbolique.
Une passe d'armes lors de l'examen de la loi "confiance" au Sénat en révèle un aspect. Le ministre aurait voulu que les 3 ans qui rentrent déjeuner chez eux reviennent à l'école dès 13h30 (ou 14h) pour y faire la sieste, sauf exception validée par le DASEN. Les sénateurs LR, estimant qu' "imposer une fréquentation continue et à temps plein dès la petite section de maternelle n'était ni réaliste ni bénéfique pour les enfants", imposent un amendement: "pour la première année d’école maternelle, un aménagement temporaire de l’assiduité de l’enfant peut être décidé par le directeur d’école, sur proposition de la famille et dans le cadre d’un dialogue avec l’équipe éducative".
Mais pour comprendre pleinement le sens de cette disposition de la loi de 2019, il faut attendre les articles 49 et suivants de la loi "valeurs de la République" (du 24 août 2021) qui prévoient que "l'instruction obligatoire est donnée dans les établissements ou écoles publics ou privés". Ce n'est donc pas l'instruction qui devient obligatoire dès trois ans, mais la scolarisation. Dès lors qu'il y a oblligation, il doit y avoir possibilité de contrôle, donc des programmes suffisamment contraignants pour qu'un inspecteur puisse sanctionner tout défaut de mise en oeuvre. L'abaissement de l'âge de la scolarisation s'inscrit clairement dans une volonté de normalisation et d'encadrement de l'enfance. Ce sera l'un des thèmes récurrents de notre série. Prochain épisode de ce premier volet : quel bilan ?
LES DEPÊCHES
Les enseignements, la pédagogie
Education aux médias et à l’information : le CLEMI appelle à la création d'instances indépendantes de Réseau Canopé (la dépêche)
Les écrans et les "3 ans", des compétences scolaires très différentes selon qu'ils jouent avec les jours avec école ou sans école (DEPP) (la dépêche)
Baisse du niveau des élèves : le Haut commissariat au plan soutient la réforme de la formation des enseignants (la dépêche)
Violences faites aux élèves : le mea culpa de l'enseignement catholique qui maintient pourtant ses fondamentaux (la dépêche)
L'avenir du système éducatif
Les Régions rêvent le lycée de demain dans un contexte de baisse démographique (la dépêche)
Nanterre se donne le temps de rêver l'éducation de demain (la dépêche)
Quelles sont les ambitions de Place publique pour l'Ecole ? (la dépêche)
Les personnels
Changement de tête au SNUIPP (la dépêche)
Effectifs, postes dans le 1er degré : il appartient au DASEN d'en décider (Conseil d'Etat) (la dépêche)
Formation des enseignants des collèges : privilégier les échanges entre pairs (CEE) (la dépêche)
Nomination des maîtres du privé sous contrat : la CAA de Lyon donne un mode d'emploi (la dépêche)
La revue des débats
Opinions sur l’École et l’éducation, Semaine du 15 au 21 juin 2025 (P. Watrelot) (la dépêche)
Officiel
Au JO, au BOAMP. Mélanie Grapinet, le cabinet d'E. Borne, les apprentis (la dépêche)
Au JO du 17 au 22 juin, au BO : les faits de violence dans le privé, la formation continue des enseignants (la dépêche)
A l'agenda
Du 25 au 28 juin - Malakoff - 38ème congrès de la FNAREN
Du 27 au 29 juin - Paris - Premier salon de la rentrée scolaire
Du 2 au 4 juillet - Sèvres. Éduquer dans un monde incertain : un enjeu mondial (Colloque international)
Du 7 au 9 juillet - Liège - Congrès international de l’AREF (Actualité de la Recherche en Éducation et Formation)
Du 19 au 22 août - Précieux (Loire) - Congrès de l'ICEM
Du 25 au 28 août - Ax-les-Thermes - 22ème édition de LUDOVIA (Université d’été du numérique éducatif)
Le 14 octobre - Dijon - Choisir, orienter et réussir dans le nouveau lycée général (IREDU)
Du 2 au 6 décembre - Evreux - Festival international du film d'éducation
Les 4 et 5 décembre - Aubervilliers - L’éducation et la formation des jeunes migrants au XXème et XXIème siècle (colloque international)
Du 22 au 24 avril 2026 - Paris - Biennale internationale de l'éducation, de la formation et des pratiques professionnelles
Le 11 juin 2026 - Nantes - "Devenir auteur, autrice de sa pratique, de son métier" (ICEM)