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Comment améliorer l'évaluation scolaire ? (ouvrage)

Paru dans Scolaire le lundi 19 juillet 2021.

“L'objectif principal de l'évaluation scolaire devrait être l'amélioration de la formation des élèves“ estime à différentes reprises André Antibi dans son dernier ouvrage consacré à l'évaluation. Après avoir étudié les notes ou "la constante macabre" (un enseignant qui ne mettrait que de bonnes notes, même à une classe excellente, serait considéré comme laxiste, il faut donc qu'il y ait toujours de mauvaises notes, ndlr), l'auteur cherche, appuyé par de multiples témoignages de soutien, et alors que selon lui “actuellement, dans l’enseignement, le mot ‘évaluation‘ fait peur“, de trouver des pistes pour en faire évoluer les pratiques.

Pour cela, André Antibi distingue tout d'abord trois types majeurs d’évaluation : celle apparaissant avant d’enseigner de nouvelles notions (évaluation diagnostique, de niveau), celle intervenant pendant l’enseignement de ces notions (évaluation formative pour mesurer la compréhension), et après cet enseignement, celle pour en faire le bilan (évaluation sommative contrôlant la bonne assimilation). Le chercheur en didactique analyse : “deux des trois types d'évaluation, la diagnostique et la formative, sont peu présents, et semblent ‘écrasés‘ par l'évaluation sommative, c’est-à-dire les contrôles et leurs appréciations (notes, grilles, annotations...). Il semble que l'on oublie le rôle très important que devrait avoir l’évaluation pour la qualité de l'enseignement, en permettant sans cesse au professeur de mieux ajuster son enseignement, sans attendre le contrôle de fin de séquence."

Il considère que “l'évaluation diagnostique est celle qui est le plus ‘ignorée‘. Il apparaît très clairement que pratiquement personne ne fait systématiquement une évaluation diagnostique en début de cours ou en début d'une séquence d'enseignement. C'est bien regrettable, car il est évident que le fait de mieux connaître les prérequis des élèves ne peut qu'améliorer la qualité et l'efficacité du cours qui va suivre“. Il poursuit sur l'évaluation formative, pour laquelle “la situation est moins caricaturale, mais elle n'est pas réjouissante. Plus précisément, on peut avoir l'impression de pratiquer un tel type d'évaluation en posant, par exemple, des 'devoirs maison' ou en interrogeant en début de séance certains élèves. Mais je suis convaincu qu'on pourrait pratiquer beaucoup plus une telle évaluation ; mais cela suppose un changement de mentalité : il conviendrait, lorsque l'on enseigne, d'être sans cesse à l'écoute des réactions des élèves, pour mieux adapter son enseignement, son rythme, ses explications.“

Ainsi, si l'évaluation fait peur, "cela vient certainement du fait que l’évaluation est surtout réduite à l’évaluation sommative, qui donne lieu à l’attribution d’une appréciation, une note par exemple. Mais même dans le cas d’une évaluation sommative, un ‘mauvais‘ résultat ne devrait certainement pas être ressenti comme une sanction. Il est normal de commettre des erreurs en période d’apprentissage.“ Cette peur, on la retrouverait lors des évaluations nationales, les enseignants “craignant que leurs classes, et donc eux-mêmes, soient ‘montrés du doigt‘, en cas de résultats insuffisants. Dans un tel cas, certains chefs d’établissement ont une crainte analogue concernant la réputation de leur établissement.“ André Antibi assure au contraire que “de telles évaluations, effectuées en début d’année scolaire par exemple, constituent un bel exemple d’évaluation diagnostique ; elles devraient permettre de mieux adapter les programmes scolaires au niveau des élèves. (..) Je suis convaincu que ce type d’évaluation peut être très utile, à condition d’avoir conscience que cette démarche est destinée à faire progresser, et non pas à stigmatiser.“

Pour supprimer ces écueils de l'évaluation, comme d'autres (par exemple la constante macabre), l'auteur propose un système d'évaluation par contrat de confiance dit EPCC, présenté comme très facile à mettre en place. Ainsi, “avant chaque contrôle de connaissances, l’enseignant communique aux élèves une liste de questions, toutes traitées en classe, et informe les élèves que l’essentiel du sujet du contrôle sera constitué par certaines des questions figurant dans cette liste“ préconise-t-il, ajoutant ensuite une séance de questions-réponses, organisée quelques jours plus tard, avant le contrôle. Au cours de cette séance, précise-t-il, les élèves demandent au professeur, si besoin, des précisions sur des points mal compris figurant sur leur liste de révision.

Ce système d'évaluation serait actuellement utilisé par quelque 50 000 enseignants en France. L'auteur concède tout de même une “objection fréquemment apparue lors des très nombreux débats à ce sujet“, à savoir la crainte d’un apprentissage par cœur, sans vraiment comprendre. Il pointe cependant plusieurs avantages, à savoir que les élèves travaillent beaucoup plus, en confiance, car ils savent que leur travail sera récompensé, ainsi qu'une amélioration des relations élèves-professeur car “l’enseignant apparaît comme un vrai partenaire qui aide l’élève dans un climat de confiance“.

André Antibi propose également une évaluation des enseignants par les élèves. Il constate premièrement que dans la société, on évalue de plus en plus, un peu partout, que ceci est devenu presque une mode et qu'il est lui-même souvent sollicité pour évaluer une prestation ; il trouve “cocasse“ qu'on lui demande d'évaluer un livreur qui a simplement déposé un colis. Ainsi et de même à l'école, où le point de vue des élèves est souvent oublié, une évaluation pourrait être obtenue par exemple sous forme de questionnaires. L'auteur pense que “l'évaluation scolaire pourrait être utilisée de manière plus complète. En plus de sa fonction usuelle, concernant le niveau d'acquisition de l'élève, l'évaluation scolaire devrait également permettre au professeur d'avoir un retour sur son enseignement.“

Est enfin abordée la liberté pédagogique, et l'auteur de considérer qu' “il n’est pas toujours facile d’apprécier de manière parfaite et juste le travail d’un élève. Il y aura toujours dans cet acte un aspect subjectif incontournable, qui peut donner lieu à des appréciations discutables." Toutefois, il se dit “convaincu que la situation peut être considérablement améliorée en apportant des précisions concernant l’évaluation, en n’oubliant pas qu’une majorité d’enseignants sont disposés à perdre une partie de leur liberté pédagogique pour améliorer la situation (...). Lors d’un examen ou d’un concours, il convient que chaque correcteur suive scrupuleusement les décisions du jury concernant les consignes de correction, même lorsqu’elles ne correspondent pas à sa sensibilité.“

La folie de l'évaluation, André Antibi, 144p, 15€

Sur les ouvrages d'André Antibi, voir notamment ici, ici, ici, (...), ici

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