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Evaluation, notation ... Comment les utiliser au mieux pour favoriser les apprentissages ? Un dossier de l'IFE

Paru dans Scolaire, Orientation le dimanche 31 août 2014.

"Ce que 'mesurent' les évaluations, c’est en grande partie... l’effet de ces évaluations sur les apprentissages." Le dernier "dossier de veille" de l'IFE est opportunément consacré à l'évaluation des élèves, alors que la ministre lance, ce 1er septembre, l'appel à candidatures pour la constitution du jury de la conférence de consensus consacrée à l'évaluation (voir ToutEduc ici et ici). C'est que l'évaluation n'est pas "un thermomètre" de la réussite (ou de l'échec) des élèves, on ne mesure pas "de façon neutre ce qui a été appris". La revue de la littérature scientifique internationale montre "qu’il serait plus pertinent de prendre en compte dès le départ qu’enseignement, apprentissage et évaluation forment un continuum". Dès lors, l’évaluation peut devenir "non plus seulement un outil approximatif de contrôle mais aussi un levier pour mieux faire apprendre".

Le dossier passe en revue les différents sens que le mot évaluation peut prendre alors que "plusieurs ouvrages et articles récents évoquent la tension, la menace, la frénésie évaluative en même temps que la peur de l’évaluation". Ses auteurs, Olivier Rey et Annie Feyfant, distinguent les "contrôles" de type sommatif rencontrés tout au long de la scolarité, les évaluations certificatives (les concours et examens notamment), les évaluations pronostiques (examen d’accès ou d’orientation), les évaluations diagnostiques (les grandes enquêtes nationales ou internationales), et "l’évaluation formative", "souvent mêlée aux autres formes d’évaluation". Ils en mesurent aussi les enjeux, parfois tacites : "à travers les résultats des élèves, c’est souvent la performance des enseignants, des approches pédagogiques, des établissements ou des systèmes éducatifs qu’on cherche à mesurer."

Effets positifs ou pervers

Le dossier en analyse aussi les effets, positifs ou pervers : "L’esprit de compétition influe sur tous les acteurs de cette compétition : les élèves vont fournir des efforts pour le test et au moment du test ; les enseignants vont encourager la mémorisation et un apprentissage superficiel (mais rentable)" et les tests, fondés sur des "critères explicites" ont "favorisé une tension croissante dans les établissements scolaires". Ils ont promu un "modèle de la performance" qui entre en contradiction "avec l’idéologie d’une société de la connaissance tout au long de la vie, dans la mesure où la satisfaction d’indicateurs de court terme décourage l’apprentissage à plus long terme".

Les auteurs vont plus loin dans leur critique, ces tests, on l'a vu aux Etats-Unis, procurent "des informations trop pauvres pour établir un diagnostic utile", ils masquent "une hétérogénéité significative des causes de médiocres performances derrière des résultats équivalents". Plus généralement, "les élèves ajustent souvent leurs efforts à la présence (ou non) d’évaluations et orientent leur attention en fonction des épreuves finales (...) On fait toujours comme si l’évaluation arrivait de façon 'autonome' après l’apprentissage, alors qu’elle façonne en large part ce dernier." D'ailleurs, de nombreux enseignants "sont profondément convaincus que les élèves apprennent uniquement sous la menace de mauvaises notes".

Que signifie une note ?

Et qu'est-ce qu'une note? "Que signifie vraiment le point vert (acquis), orange (en cours d’acquisition), rouge (non acquis) ou un 12/20 dans telle ou telle matière ? Atteindre la moyenne signifie-t-il maîtriser l’essentiel ou être sur le chemin de sa maîtrise ? (...) Un 14/20 en mathématiques peut-il 'compenser' un 6/20 en français ou en EPS ?" Et le dossier revient sur l'histoire de la notation, sur le colloque d'Amiens en 1968 qui vit le ministre A. Peyrefitte proposer de substituer aux notes sur 20 une échelle de A à E, avant qu'Olivier Guichard rétablisse trois ans plus tard la note sur 20, "un outil peu précis mais blessant". La question se pose dans bien d'autres pays, "Au Québec, la question de la présence ou non d’évaluations chiffrées a fait l’objet de fortes polémiques" et les parents ont "revendiqué le maintien de notes 'traditionnelles' pour apprécier les progressions de la scolarité de leurs enfants". Même évolution dans le canton de Vaud ou en Communauté française de Belgique.

En France, "la réforme de l’évaluation des élèves semble inéluctable", ce qui suppose "une réflexion sur les modalités de l’évaluation mais aussi sur les motivations de cette évaluation" qui ne peut être "un but en soi", ce qui renvoie à d'autre interrogations; que sont ces "savoirs, connaissances et compétences" que les élèves doivent acquérir ? comment "intégrer, pas à pas mais aussi en continu, les démarches évaluatives" tout au long du parcours du socle commun ? Ne faut-il pas faire confiance aux enseignants ? "C’est lorsque les équipes s’interrogent sur la façon d’enseigner et sur la manière de mieux faire réussir les élèves qu’elles en arrivent tout naturellement à réfléchir sur la forme de l’évaluation". Le dossier passe en revue les diverses formes de l'évaluation dans de nombreux pays et en France, y compris "le mouvement contre la constante macabre".

Le dossier "Evaluer pour (mieux) faire apprendre", n° 94, septembre 2014, École normale supérieure de Lyon-Institut français de l’Éducation, Veille et Analyses, est téléchargeable sur le site de l'IFE, ici

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