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Corps unique des psychologues de l'Education nationale : la première étape d'un processus (S. Sihr)

Paru dans Scolaire, Orientation le samedi 21 juin 2014.

La création d'un corps unique de psychologues scolaires est une revendication ancienne, à laquelle le ministère avait toujours opposé une fin de non-recevoir (voir ToutEduc ici). Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUIPP (le syndicat FSU du 1er degré), commente pour ToutEduc cette petite révolution.

ToutEduc : Comment expliquez-vous que le ministère satisfasse soudain cette très ancienne revendication, alors qu'il s'y était toujours opposé ? 

Sébastien Sihr : Deux facteurs ont joué : la nécessité d’aligner la situation (statut et formation) des psychologues scolaires sur ceux de la Fonction publique et l’obligation de trouver de nouvelles réponses au problème de vivier en adéquation avec la masterisation. Les psychologues scolaires travaillant au sein des RASED, auprès des élèves en difficulté, étaient recrutés parmi les PE (professeurs des écoles). Pour cela, il fallait avoir enseigné au moins trois ans, détenir une licence de psychologie et obtenir un diplôme (Diplôme d'Etat de Psychologie Scolaire) après un an de formation. La masterisation nous permet de reposer le statut des psychologues avec une nouvelle acuité : un recrutement spécifique par un concours spécifique de psychologue sans passer par le détour du concours de recrutement des enseignants, le CRPE. C’est la réponse que nous attendions pour une filière universitaire, la psychologie, qui manque de débouchés alors que l'Education nationale peinait à recruter des psychologues.

ToutEduc : La précédente mandature a vu les RASED mis en cause, tandis qu'en ce qui concerne les conseillers d'orientation-psychologues, on a beaucoup entendu dire qu'ils devraient être moins psychologues et davantage au fait des débouchés professionnels. Cette réforme va-t-elle sanctuariser la place de la psychologie dans l'Education nationale ?

Sébastien Sihr : En tout cas, elle acte une reconnaissance qui était fortement demandée et constitue une forme de sécurisation des missions et de la place de ces personnels au sein du système éducatif. Les psychologues apportent une véritable plus value. Leurs missions sont même de plus en plus diversifiées et complexes. Les demandes des familles mais aussi enseignants pour le suivi des enfants, des élèves se font à toutes les étapes de la scolarité et ne se limitent pas à la stricte psychologie des apprentissages ou au conseil limité en orientation. et une reconnaissance du fait que nous avons besoin de l'expertise de psychologues dans les écoles.

ToutEduc : Comment s'organise la suite des discussions ?

Sébastien Sihr : Nous en sommes à la première étape d'un processus, et les discussions vont se poursuivre cet automne pour l'organisation d'un premier concours qui pourrait voir le jour en 2016. Tout reste à construire. Nous devons débattre des modalités de recrutement, de la formation, des carrières, des conditions d'intégration des actuels psychologues scolaires dans le nouveau corps...

ToutEduc : Le SE-UNSA estime qu'une année de formation ne suffira pas. Qu'en pensez-vous ?

Sébastien Sihr : Nous sommes d'accord. Le ministère envisage un concours en M1 avec deux valences, premier degré et prévention à la difficulté scolaire ou second degré et conseil à l'orientation. Dans ce schéma, l'année de M2 devra permettre à la fois la validation du master mention "psychologie de l’éducation et de la formation", un tronc commun avec les enseignants, des stages sur le terrain pour travailler au sein des RASED avec les maîtres E et les maîtres G... C’est un contenu particulièrement dense. Il faut donc que le ministère ouvre un vrai débat sur la place du concours en lien avec le contenu de formation. En tout état de cause, nous pensons que la première année après titularisation doit permettre une entrée progressive dans le métier avec poursuite de la formation.

ToutEduc : Vous soutenez la division du corps en deux selon la valence choisie lors du concours, mais ne faudrait-il pas des psychologues de "l'école du socle", donc école + collège, pour traiter la difficulté scolaire ?

Sébastien Sihr : Les besoins des élèves ne sont pas exactement les mêmes en école primaire et en collège. Dans le premier degré, l’action des psychologues est d’apporter leurs compétences dans la prévention de certaines difficultés et dans l’aide aux équipes enseignantes. Dans le second degré, il s’agit d’aider les élèves dans l’élaboration de leur projet d’orientation scolaire. D’où la nécessité de valences qui correspondent à des terrains d’actions professionnelles spécifiques : l’école primaire d’un côté et le second degré et l’enseignement supérieur de l’autre.

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