Rythmes scolaires : 77 sections départementales du SNUIPP contre le décret.
Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 08 mai 2014.
Selon les informations dont dispose ToutEduc, la direction du SNUIPP (le syndicat FSU du 1er degré) a procédé à un tour de ses sections départementales avant la réunion du Conseil supérieur de l'éducation qui devait se prononcer sur le projet de décret d'assouplissement de la réforme des rythmes scolaires. 77 d'entre elles se seraient prononcées contre le texte, considérant qu'il ne répond pas à la demande de réécriture du "décret Peillon". A noter que le nombre des sections opposées à cette réforme augmente puisque, toujours selon les informations dont dispose ToutEduc, elles étaient 56 lors de la consultation interne qui avait précédé le vote contre la réforme l'an dernier.
Interrogé par ToutEduc, Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUIPP, estime qu'il ne faut pas tirer de conclusions de cette augmentation du nombre des sections qui marquent leur hostilité à la réforme. "Nous avons pris acte d'une ouverture, puisque ce décret permet de rassembler les activités périscolaires sur une demi-journée et oblige à la recherche d'un consensus entre la maire et les conseils d'école, mais il ne règle pas de problème de fond. Cette réforme est faite à l'envers, puisque ce sont les contraintes du périscolaire, en termes de recrutement des animateurs, de financement, de locaux, qui déterminent le temps scolaire. Il aurait fallu au contraire que ce soit l'Education nationale qui maîtrise la réforme. Nous n'avons pas demandé le retour à la 'semaine Darcos', contrairement à ce qui a été parfois écrit à propos des amendements déposés lundi dernier au CSE (conseil supérieur de l'éducation, voir ToutEduc ici), nous sommes favorables à un cadrage national sur 4 jours et demi, avec une possibilité de dérogation émanant des conseils d'école, comme c'était le cas avec le décret de 90. Il ne fallait rien s'interdire, y compris une semaine de 4 journées de 5h30 et un raccourcissement des vacances, en fonction des réalités territoriales. En montagne, dans certaines départements ruraux, dans les DOM, on voit des enfants faire deux heures de trajet pour une demi-journée de trois heures ! Avec la circulaire, certaines communes de montagne pourront reporter 8 mercredis matin sur les vacances, mais ce ne sera pas possible à Poitiers..."
Pour Sébastien Sihr, il est surtout urgent de sortir de cette réforme "où tout le monde est englué", alors que ce qui importe, c'est de s'attaquer à l'échec scolaire et de se soucier de "ce qui se joue dans la classe et dans l'école". Le SNUIPP mène actuellement une enquête sur les plans académiques de formation continue des enseignants, et "rien ne bouge", notamment sur l'école maternelle. Il ne s'agit évidemment pas de prescrire des "recettes miracles" qui représentent d'ailleurs "un grand danger", mais de "mobiliser les enseignants autour des nouvelles connaissances", de leur donner les pistes pédagogiques, au pluriel, dont on sait que les élèves les plus en difficulté peuvent tirer profit. "On ne fait pas le JT de 20h avec un plan de formation continue, mais c'est plus important. Sinon, rien ne se passera."
Toujours selon les informations de ToutEduc, Benoît Hamon a personnellement plaidé auprès de plusieurs dirigeants syndicaux qu'il a appelés avant la réunion du CSE. Sébastien Sihr indique à ToutEduc que le ministre de l'Education nationale savait parfaitement à quoi s'en tenir avant de l'avoir au téléphone et qu'il n'a pas cherché à le convaincre : "nous avons été clairs dès la première réunion et lors de tous nos échanges avec son cabinet comme avec Matignon."