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L'éducation prioritaire, un modèle pour l'Education nationale ? (audition de J-P Delahaye par les députés)

Paru dans Scolaire le mardi 23 juillet 2013.

L'Education prioritaire apparaît comme "un miroir grossissant" des problèmes de l'Ecole, voire de la société toute entière, estime Jean-Paul Delahaye. Le directeur général de l'enseignement scolaire était auditionné, ce 23 juillet, par les députés de la Commission des affaires culturelles et il leur a présenté le "rapport de diagnostic" sur la politique de l'éducation prioritaire établi par le ministère de l'Education nationale dans le cadre de "la modernisation de l'action publique". C'est, explique-t-il, dans ces établissements que "l'effet maître" est "le plus essentiel", que la taille de l'établissement joue le plus, que les difficultés dans les collèges sont les plus importantes. C'est aussi là que la question de la cohérence de l'action éducative, que celle des relations avec les familles, que la question du pilotage se posent avec le plus d'acuité...

Mais l'éducation prioritaire ne doit pas être "un système à part", et "ce qui doit y être fait doit être fait partout". Partout, il faut "remettre la pédagogie au centre de l'action", et se refuser à abaisser le niveau d'exigence. D'ailleurs, les habitants des quartiers en difficulté veulent "une vraie école". Il faut aussi "faire davantage confiance aux acteurs de terrain". "Renforcer le pilotage à tous les niveaux" passe par la contractualisation et l'évaluation du travail réalisé dans ces réseaux "quel que soit le nom" qu'ils auront à l'avenir.

Un plan d'action et une politique recentrée

Jean-Paul Delahaye a en effet évoqué le calendrier et l'esprit du "plan d'action" pour l'éducation prioritaire dont les perspectives seront tracées au tout début 2014 par Vincent Peillon. Auparavant, l'administration aura organisé des demi-journées banalisées "début octobre" dans les établissements et, au mois de novembre, des assises académiques ouvertes aux acteurs de l'éducation prioritaire et aux partenaires du système éducatif. Il s'agit de "faire partager le diagnostic" qui a été établi par le ministère.

Celui-ci souligne que les résultats de l'éducation prioritaire sont "décevants". "Nous n'avons pas réussi à réduire les écarts de réussite." En cause, le pilotage politique de l'éducation prioritaire qui a été "discontinu" depuis sa création en décembre 1981. On a même récemment "glissé" d'une logique d'égalité des résultats à une logique de "personnalisation des parcours" qui, avec les internats d'excellence par exemple, assurait la promotion des individus, et non pas de tous. Autre cause de cet échec, "le saupoudrage" des moyens alors que "de nombreux établissements en éducation prioritaire ne répondent plus aux critères de l'éducation prioritaire". Le pourcentage des élèves issus de catégories défavorisées varie de 40 à 95 % entre les écoles des réseaux ECLAIR, de 20 à 95 % dans celles des réseaux "RRS". Si "les établissements les plus difficiles sont bien, pour l'essentiel, d'ores et déjà inscrits dans l'éducation prioritaire", quelques uns ne le sont pas, tandis que "des établissements favorisés sont restés en éducation prioritaire".

Des établissements qui réussissent

Car l'une des difficultés, pointées dès l'origine, est d'organiser "la sortie progressive" des établissements qui ne présentent plus les caractéristiques qui justifiaient leur classement en éducation prioritaire, avec l'indemnité correspondante de 1 200 €. Mais il ne faudrait pas "punir" du coup ceux dont l'environnement reste difficile, mais qui réussissent. "Certains réseaux produisent des résultats remarquables" alors que leurs caractéristiques sociales sont exactement les mêmes que celles d'autres établissements. Et pourtant, la carte de l'éducation prioritaire ne peut pas être calquée sur celle des quartiers de la politique de la Ville, puisque les objectifs doivent rester scolaires.

Le ministère devra également "éviter les effets de seuil", avec un mécanisme d'attribution des aides mieux ciblé, et une progressivité des dotations. Parmi les pistes évoquées, figure une gestion des ressources humaines adaptée, qui accueille mieux les personnels. Les primes ne suffisent pas à éviter que dans certaines écoles, le turn over puisse être "de 100 % d'une année sur l'autre" et qu'il dépasse 60 % dans certains collèges. Jean-Paul Delahaye ne rejette par ailleurs pas tout ce qui a été fait précédemment. Si la dénomination "préfet des études" pouvait être critiquée, les fonctions de coordination n'étaient pas discutables. Quant aux marges d'autonomie des établissements, elles existent, les discours officiels les reconnaissent depuis 1890 ! La DHG (dotation horaire globale) d'un établissement pourrait tenir compte de projets locaux, aussi longtemps qu'ils s'inscrivent dans "un système qui reste national". Si le DGESCO n'envisage pas un statut des directeurs d'école qui irait à l'encontre de la "culture du premier degré", il estime que leurs fonctions méritent "une vraie reconnaissance".

Les facteurs de réussite

Le rapport liste d'ailleurs les éléments qui favorisent la réussite scolaire : "des leaders (directeurs d'école, IEN, chefs d'établissements) positifs", "un travail d'équipe formalisé", des évaluations qui mettent en évidence les difficultés des élèves "et leur donnent l'occasion de réussir quand elles sont reproposées après remédiation", "un professeur confiant dans l'éducabilité de ses élèves", "un élève en bonne santé, qui se sent en sécurité à l'école", "des parents accueillis, écoutés et aidés", "des partenaires (...) qui concourent à résoudre les difficultés"... Reste que, malgré la quarantaine de pages du "diagnostic", "nous manquons d'éléments d'évaluation" de l'éducation prioritaire, souligne Jean-Paul Delahaye.

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