Faut-il relire Vygotski pour améliorer la formation des enseignants ? (ouvrage)
Paru dans Scolaire le mardi 25 juin 2013.
Le travail de la pensée "produit des effets en retour sur celui qui l'effectue". Cette formule du psychologue russe Lev Vygotski, mort à Moscou en 1934, et découvert hors Union soviétique dans les années 60, marque sa différence avec Piaget et explique pourquoi sa pensée tend à s'imposer aujourd'hui, aux dépens peut-être de celle du psychologue suisse.
Dans Se former avec Vygotski, Léon Miffre (maître de conférences à l'IUFM d'Aquitaine) propose à son lecteur, a priori un enseignant en formation, d'expérimenter sur lui-même cette pensée. Il doit ainsi "déterminer son cheminement en fonction de ses besoins" et "se confronter à des difficultés, les surmonter, construire de nouveaux concepts, les corriger, en mesurer la portée pour adapter ses fonctions psychiques supérieures aux exigences du métier".
A partir de ce processus "d'apprentissage-développement", l'auteur propose un modèle de formation des enseignants fondé sur les concepts dont Vygotski s'est servi pour étudier l'apprentissage scolaire (environnement, tâche, activité, habiletés, pratiques, médiation, expérience émotionnelle, prise de conscience, unification de la parole et de l'action, modèles culturels). La formation des enseignants passe principalement par des mises en situation car c'est "en agissant sur la nature extérieure pour la transformer [que] l'homme modifie sa propre nature" et acquiert de "nouvelles formes de comportement". A travers Vygotski, Léon Miffre définit un type de formation qui échappe à l'opposition traditionnelle entre théorie et pratique.
"Se former avec Vygotski", Léon Miffre, Presses universitaires de Bordeaux, 298 p., 20 €