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Les systèmes scolaires les plus performants font-ils perdre leur temps aux élèves ? (PISA)

Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 04 février 2013.

Les élèves qui trouvent l'école intéressante ne sont pas toujours ceux que l'on croit. La dernière note "Pisa à la loupe" a classé 65 pays en fonction du bilan (subjectif) que leurs élèves ont tiré de leur scolarité en 2009. Le résultat est surprenant : trois des trois meilleurs systèmes éducatifs au monde (d'après le classement international The Learning curve* et les résultats des évaluations PISA 2009**), la Finlande, la Corée et le Japon, figurent parmi les 15 pays où les élèves estiment que l'école a été une perte de temps.

Appartenir aux systèmes éducatifs les plus performants ne donne pas forcément confiance en soi : au Japon, moins d'un élève sur deux considère que l'école lui a donné confiance pour prendre de bonnes décisions, ce qui place la 4e meilleure Ecole du monde à la dernière place des 65 pays étudiés par PISA. La situation est à peine meilleure pour l'Allemagne : 40% des élèves de l'un des pays européens les plus performants aux tests PISA estiment que l'école n'a pas amélioré leur confiance en eux et plus d'1 élève sur 3 affirme avoir été mal préparé à sa vie d'adulte.

Inversement, les élèves qui estiment le plus n'avoir pas perdu leur temps à l'école sont aussi les élèves des deux derniers pays du classement "The learning curve", l'Indonésie et le Brésil. Les élèves Brésiliens sont plus satisfaits de leur école que les Coréens, qui appartiennent pourtant au "meilleur" système éducatif du monde : 85% estiment que l'école leur a appris des choses utiles (contre 65% des élèves Coréens), 75% qu'elle leur a donné confiance en eux (contre moins de 60% des Coréens), 75% qu'elle les a formés pour leur vie d'adulte (70% des Coréens).

S'agit-il d'un paradoxe ou d'une conséquence logique? Dans l'OCDE, les élèves Coréens sont à la fois ceux qui se montrent les plus déçus de leur système scolaire (35% considérent que l'école ne leur a rien appris d'utile pour exercer un métier), et ceux qui souhaitent poursuivre le plus loin possible leurs études : 80 % espèrent obtenir un diplôme univesitaire, selon une précédente note PISA (lire ToutEduc ici).

La France en manque de confiance ?

Souvent décrié pour ses mauvaises performances, le système scolaire Français ne décourage pas ses élèves. Plus de neuf sur 10 considèrent que l’école leur a enseigné des choses utiles pour exercer un métier, ce qui place la France à la hauteur de la Finlande. Les Français ne jugent pas leur école particulièrement inadaptée : si 1 élève sur 5 considère que l'école ne l'a pas préparé à sa vie d'adulte, ce résultat reste plus positif que la moyenne de l'OCDE (1 élève sur 4 en moyenne).

En revanche, les élèves Français souffrent d'un problème de confiance : 30% estiment que l'école ne leur a pas permis de prendre confiance en eux, contre 25% dans l'OCDE.

Selon un rapport récent du Conseil d'Analyse Stratégique, plus d'un tiers des élèves français considèrent être traités de façon injuste et inéquitable (lire ToutEduc ici). Seuls 50% des élèves Français trouvent que leurs enseignants s'intéressent à leur bien-être, soit 13 points de moins que la moyenne OCDE.

Cette méfiance pourrait expliquer certaines difficultés scolaires des élèves de l'Hexagone. Selon PISA, les résultats des élèves en compréhension de l'écrit dépendent de leur attitude envers l'école, et "les attitudes positives des élèves envers l'école sont liées à des attitudes positives envers leurs enseignants". Le "climat scolaire" des établissements aurait dix fois plus d'importance que les caractéristiques spécifiques des élèves (âge, classe sociale) et des établissements (taille, type d'enseignement, situation géographique). Selon PISA, ces "éléments contextuels" n'expliquent que 2% des variations observées d'un pays à l'autre, alors que 20% sont liées aux relations élèves-enseignants ou à la "discipline" qui règne de l'établissement.

Préjugés

Les "caractéristiques spécifiques" des élèves jouent malgré tout un rôle. Le sexe et le milieu socio-culturel des élèves jouent sur leur appréciation de l'école : dans les pays de l'OCDE, un élève aura davantage tendance à s'y sentir bien s'il est une fille issue d'un milieu favorisé. Les filles font état d'une relation plus positive à l'école dans 28 des 65 pays étudiés (contre 5 pour les garçons), tandis que les élèves issus de milieux favorisés donnent davantage de réponses positives dans 21 pays (contre 9 pour les élèves modestes).

Au niveau des caractéristiques spécifiques des élèves et des établissements, l'étude remet en question deux préjugés : le fait d'être issu de l'immigration ou d'appartenir à une filière professionnelle ne rend pas les élèves plus méfiants vis-à-vis du système scolaire. Au contraire. "Dans 18 des 49 pays et économies dont les données sont comparables, les élèves issus de l’immigration ont tendance à faire état d’attitudes plus positives envers l’école que les élèves autochtones", explique PISA. La situation inverse s’observe uniquement au Brésil, en Israël, en Lituanie, au Mexique et au Panama. Par ailleurs, dans 13 des 40 pays et économies dont les données sont comparables, "les élèves scolarisés en filière professionnelle ont tendance à faire état d’attitudes plus positives envers l’école que les élèves scolarisés en filière générale".
Raphaël Groulez
* Les références à ce classement international sont le fait de ToutEduc et non pas de PISA.
** Ce dossier de PISA ne fait pas référence au classement des écoles en termes de réussite éducative.

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