Découverte des métiers : des partenaires peu complémentaires, un pilotage à renforcer (IGESR)
Paru dans Scolaire le mardi 18 juin 2024.
“La découverte des métiers est un objet de formation au service d’apprentissages qui n’est que rarement considéré comme tel“ estime l'IGESR dans un rapport sur le dispositif publié jeudi 13 juin.
Malgré sa “place centrale“ et sa contribution à la construction progressive du projet d’orientation des élèves, notamment dans le but de favoriser l'égalité des chances, les inspecteurs généraux de l'éducation, du sport et de la recherche constatent de nombreux défauts en termes de cadrage et de pilotage.
Pédagogie
Cela concerne en premier lieu la place paradoxale de la découverte des métiers : la loi pour la refondation de l’école de 2013 impose d’amorcer les différents parcours (dont le parcours Avenirs) dès la classe de sixième, or la note de service de 2023 ayant précisé sa généralisation “ne requiert cependant pas sa mise en œuvre obligatoire dès la classe de cinquième“, et dans la très grande majorité des collèges, “ce n’est qu’à partir du cycle 4 et de la classe de quatrième que les équipes pédagogiques commencent le travail sur la découverte des métiers et l’orientation“. Les auteurs du rapport (Jean-Marc Moullet, Dominique Catoir et Sacha Kallenbach) préconisent au contraire de “généraliser dès le début du cycle 3 la découverte des métiers et (d')y encourager les approches ludiques“.
Si les équipes pédagogiques mettent en place une grande diversité d’actions, celles-ci sont “rarement intégrées aux programmes disciplinaires“ et sont réalisées “principalement sous forme de projets menés en dehors des heures de cours.“ La mission d'inspection constate “très peu de mises en valeur de travaux pédagogiques des professeurs en classe“, mais pour eux une ouverture potentielle des programmes disciplinaires de collège à cet égard “ne va pas de soi“ bien qu'ils se disent “ouverts pour une approche plus systématique sur les métiers, si toutefois cela ne demande pas plus de temps pour faire le programme d’enseignement.“ D'où l'importance de l'accompagnement pédagogique des équipes par les inspecteurs territoriaux, “peu impliqués dans le dispositif de pilotage“ et à qui il est demandé de “mieux faire apparaître les ancrages disciplinaires“. Une interrogation ensuite portée sur l'évaluation de la découverte des métiers, les enseignants et les équipes de direction considérant que celle-ci “n’est pas pensée, comme si ce ‘programme‘ ne concernait pas l’action pédagogique des enseignants.“
En outre, les équipes pédagogiques “rencontrent fréquemment des difficultés pour identifier les partenaires dans un environnement complexe où interviennent divers acteurs, tels que des institutions, des professionnels, des associations et des entreprises privées.“
Acteurs
C'est par exemple le cas de l'Onisep, dont “la majorité des équipes et élèves rencontrés ne connaissent pas (l)es ressources ou ne les utilisent pas“, car la présentation du site web n’est “pas propice à la lisibilité de l’offre proposée aux différents acteurs“, tandis que “le nom même de l’Onisep est peu parlant quant à ses missions pour les élèves et parents.“ Parmi les acteurs de la formation “activement impliqués“, les plus sollicités par les collèges sont les lycées professionnels qui ouvrent leurs portes et leurs plateaux techniques, alors que les centres de formation d’apprentis (CFA) le sont moins “et rencontrent même des difficultés pour présenter leurs activités et métiers dans les collèges“, cela “alors même que cette modalité de poursuite correspond aux souhaits et modalités de formation d’un collégien sur vingt“.
Quant aux régions, à qui incombe la responsabilité de fournir des informations, n'étant pas habituellement les partenaires des collèges, elles se sont “diversement emparées de cette compétence partagée“. Des structures dédiées ont été mises en place, en partenariat avec l’Education nationale pour développer une offre de découverte des métiers ainsi qu’une aide à l’orientation. Si elle est appréciée des collèges, “tous n’ont pas connaissance de cette offre et il peut être utile d’interroger la manière dont le lien avec l’éducation nationale est construit au-delà du pilotage au plus haut niveau.“
Ont également été constatés “des malentendus parmi les acteurs de terrain, qui rencontrent parfois des difficultés à identifier les services ou les interlocuteurs appropriés“, tout comme “des tensions“ qui peuvent également surgir entre les services offerts par la région et l'Onisep ou les centres d’information et d’orientation (CIO), “allant jusqu’à entraver la concrétisation de certains projets en raison d’un manque manifeste de volonté de collaboration“. C'est pourquoi “un travail d’accompagnement et de clarification sur le rôle complémentaire des différents partenaires reste à entreprendre.“
Le rapport ici