Ecoles Steiner : G. Perra, leur détracteur a porté plainte contre N. Tavernier, président de l'association qui assure leur promotion.
Paru dans Scolaire le vendredi 14 juin 2024.
"Ca suffit !" dit l'un, "la coupe est pleine" dit l'autre. Grégoire Perra, ancien anthroposophe et professeur de philosophie dans une école Steiner, actuellement professeur de philosophie dans un lycée public a porté plainte pour diffamation et insulte publique contre Nicolas Tavernier, président de l'association de promotion de la pédagogie Steiner-Waldorf. Celui-ci avait traité le premier d' "agresseur sexuel" et de "menteur". L'audience se tenait hier 13 juin devant le tribunal correctionnel d'Evreux.
En 2011, G. Perra qui a démissionné (ou a été "démissionné") de son poste d'enseignant dans une de ces écoles et qui a tourné le dos à cette philosophie, a publié un article dans le revue de l'UNADFI (défense des victimes dees sectes), sur "l’endoctrinement à l’anthroposophie dans les écoles Steiner-Waldorf" et depuis attaque régulièrement ces établissements qui diffuseraient une doctrine sectaire de manière insidieuse, à l'insu des élèves et même de certains enseignants. Il apparaît depuis, dans le dernier rapport de la Miviludes (2021) et dans plusieurs média (notamment Le Point et Charlie) comme faisant référence sur ces écoles.
Il estime subir depuis 10 ans les effets d'une rumeur calomnieuse. Il nie farouchement avoir eu des gestes déplacés (des caresses du genou à l'aine) envers une élève de première, mineure au moment des faits. Quant à la lettre qu'il lui a adressée ensuite pour demander son pardon, elle lui aurait été dictée par sa compagne, qu'il avait eue pour élève en terminale l'année précédente. Pour son avocat, il s'agit "d'un stratagème" pour discréditer sa parole.
Pour sa part, Nicolas Tavernier produit notamment à l'appui de ses dires l'attestation de la personne qui a (aurait) été agressée, le témoignage de l'ex-compagne qui nie catégoriquement l'avoir poussé à écrire cette lettre et celui d'un ancien collègue de G. Perra qui évoque la décision prise par l'école en 2007 de lui demander sa démission, après donc l'agression de cette élève, mais aussi celle d'une jeune enseignante.
Malgré les efforts de la présidente pour que l'audience porte sur les faits qui fondent la plainte déposée par G. Perra, elle ne peut empêcher les parties et leurs conseils les uns d'accuser les écoles Steiner-Waldorf d'être l'expression d'une doctrine ésotérique et foncièrement sectaire, les autres d'évoquer les nombreux témoignages d'anciens élèves qui disent n'avoir jamais entendu parler d'anthroposophie et le tort causé à ces écoles par les propos "délirants" de G. Perra. Celui-ci a porté plainte pour que "cessent" d'être propagées des "rumeurs" qui lui nuisent jusque dans son métier d'enseignant, les autres demandent qu'il cesse de multiplier les interventions médiatiques de dénonciation d'établissements où aucune preuve d'une dérive sectaire n'a été portée.
Le jugement devrait être rendu jeudi 20 juin. Il confortera ou discréditera la position de Grégoire Perra, principale source pour plusieurs médias, d'informations sur ce mouvement pédagogique. A noter qu'un récent rapport d'Inspection générale sur l'une de ces écoles n'a pas été publié ni communiqué aux parties, malgré une demande à la CADA.