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Pour les parents de la PEEP, "ne pas se tromper de combat" et ne pas écouter "tout ce qui se dit" (O. Toutain)

Paru dans Scolaire le jeudi 06 juin 2024.

La PEEP organisait ce week-end son assemblée générale qui a conforté la ligne défendue par Olivier Toutain, réélu à la présidence de la fédération des associations de parents d'élèves de l'enseignement public l'an dernier (voir ToutEduc ici).

ToutEduc : La PEEP communique assez peu depuis que vous en avez pris la présidence. Pourquoi ?

Olivier Toutain : C'est vrai, nous ne publions que quelques communiqués chaque année, mais sur des sujets essentiels. Nous n'avons pas à nous exprimer publiquement sur tous les sujets car il n'est pas nécessairement utile et efficace d'ajouter du bruit au bruit, et je préfère rencontrer les responsables politiques et du ministère personnellement. C'est très souvent plus efficace.

ToutEduc : Mais sur certains sujets, comme les groupes, "de niveau" ou "de besoin", les élus de la PEEP dans les conseils d'administration des établissements vont être amenés à s'exprimer...

Olivier Toutain : Effectivement, et nous leur disons de ne pas se tromper de combat. Contrairement à ce qu'affirment certains, les collèges ont reçu leur DHG (dotation horaire globale, ndlr) quasiment à l'identique, voire identique, à celles ce qu'ils avaient obtenues l'année dernière, avec une dotation financière supplémentaire pour financer les groupes de besoins. Cependant, il manque 2 300 enseignants en français et en mathématique pour que chaque groupe de niveau puisse avoir un professeur. C'est pour obtenir cela que nos associations de parents d'élèves doivent intervenir auprès des responsables concernés. Il convient de noter qu'une partie de la dotation a d'ailleurs été mise en réserve pour des ajustements à la rentrée. Il faut donc arrêter d'écouter tout ce qui se dit, car c'est le plus souvent faux. Le vrai combat, c'est d'avoir des enseignants en face des élèves, que ces postes de français et de mathématiques soient pourvus. C'est une position qui a été approuvée par l'ensemble des président(e)s académiques, départementaux et les administrateurs de la PEEP lors de nos dernières instances.

ToutEduc : Vous parlez des moyens, mais il y a aussi le fond, le principe même de ces groupes est contesté.

Olivier Toutain : Mettons à part la question de l'inclusion d'élèves qu'on sort d'un IME pour les mettre dans une classe ordinaire, ce qui met ces enfants, les enseignants et les autres élèves en situation de souffrance. Un plan de formation des enseignants doit être mis en place de manière urgente, et qui soit plus rapide que l'actuel qui prévoit une formation sur 15 ans pour ce qui concerne l'inclusion. 

Les groupes de besoin comme on les appelle désormais, ont vocation à tirer les élèves vers le haut. En effet, chaque élève pourra avancer à son rythme au sein d'un groupe homogène de collégiens. L'objectif affiché est de permettre à chaque collégien d'acquérir les connaissances qui lui manquent pour intégrer le groupe de niveau supérieur, et lui redonner confiance en lui-même en voyant qu'il peut y arriver. 

ToutEduc : Ne court-on pas le risque de créer des groupes de niveau plutôt que de besoins ?

Olivier Toutain : Il faut d'abord noter que, pour les autres matières que français et mathématiques, les élèves seront en classe hétérogènes. Et regardez les effets de la réforme de Najat Vallaud-Belkacem, on a arrêté de mettre les meilleurs dans une même classe. Sur le papier c'était très bien. Nous ne sommes pas partisans de classes élitistes, mais le résultat a été de tirer le niveau vers le bas. Surtout, il faut bien le dire, ces groupes ne sont qu'un moyen de pallier les échecs du 1er degré. On s'est contenté jusqu'à présent de rustines alors que 33 % des élèves arrivent en 6ème sans savoir lire, ou/et écrire, ou/et compter. Il faut une vraie réforme du primaire.

ToutEduc : Vous comptez sur la réforme des programmes en primaire ?

Olivier Toutain : Effectivement, elle est très importante, c'est essentiel, mais personne n'en parle...Vous l'aurez compris, notre Fédération, comme d'autres, l'a réclamée afin que chaque élève maitrise au mieux les savoirs fondamentaux à la sortie du primaire.

ToutEduc : Le projet de programme de français et mathématiques pour la maternelle et l'élémentaire a été présenté aux syndicats. La critique a surtout porté sur le programme de français en maternelle, conçu comme une préparation à l'apprentissage de la lecture par la "méthode syllabique" (ou phonique). Il leur est également reproché d'être très normatifs, d'être conçus pour des "élèves types".

Olivier Toutain : Les recherches en la matière, tant en France qu'au Canada et dans d'autres pays, ont montré que certains élèves étaient à l'aise avec la "méthode syllabique", d'autres avec la "globale", c'est moitié moitié. On a besoin des deux, de la même façon que l'on a besoin des livres et des écrans. Comme nous savons enfin que les écoles et les établissements du secondaire ont besoin d'avoir des marges d'autonomie pour s'adapter aux spécificités de leurs élèves. Ce sont ces marges d'autonomie qui assurent le succès des systèmes scolaires d'autres pays, et dont nos établissements ne s'emparent pas toujours.

Propos recueillis par P. Bouchard et relus par O. Toutain

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