Opinions sur l’École et l’éducation, semaine du 20 au 26 mai 2024 (P. Watrelot)
Paru dans Scolaire le dimanche 26 mai 2024.
Comme chaque semaine, Philippe Watrelot nous propose sa sélection des tribunes et débats qui agitent le système éducatif.
Les tribunes, chroniques et autres points de vue peuvent aussi servir à faire la promotion d’un livre. C’est le cas cette semaine avec l’ouvrage de Roger-François Cauthier et Jean-Pierre Véran ("Manifeste pour les collèges. (P)oser les vrais problèmes" disponible sur toutes les plate formes en version numérique) qui fait l’objet de plusieurs recensions.
On évoque aussi le livre de la sociologue Christine Detrez sur le "crush" adolescent, celui de Yves Verneuil sur l’histoire de l’éducation à la sexualité et celui de l’économiste Youssef Souidi sur la mixité scolaire.
Bonnes lectures et bons débats !
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Défense des pelotes de laine, ponts en spaghettis et autres outils de formation
Il est de bon ton chez certains enseignants de se moquer des formations et des dispositifs qui y sont utilisés qu’ils estiment ridicules ou "humiliants". Récemment, la diffusion sur le réseau X de photos d’enseignants en (auto)formation avec des pelotes de laine a remis une pièce dans la machine de l’anti-pédagogisme. Comment analyser ce déferlement de violence ? Pourquoi tant de (l)haine ?
Philippe Watrelot – Blog Médiapart le 20 mai 2024 ici
De la scolarisation des élèves en situation de handicap
La loi de refondation de l’école de la République du 8 juillet 2013 a substitué à la tournure initiale, "l’inclusion scolaire de tous les enfants, sans aucune distinction", une nouvelle formulation : "la scolarisation inclusive" de tous les enfants, sans aucune distinction". Qu’implique ce changement ? Comment le mettre en œuvre ?
Par Godefroy Lansade AOC [€] le 20 mai 2024, ici
"Nous, parents d’élèves, apportons notre soutien aux enseignants qui font classe dehors"
Faire classe dehors favorise les apprentissages et améliore la santé physique et mentale des enfants, rappelle, dans une tribune au "Monde", un collectif d’acteurs de l’éducation qui plaide pour un meilleur encouragement de l’enseignement dans la nature.
Le Monde [€] le 21 mai 2024, ici
Resituer l’EPS dans les problématiques sociétales et politiques
"Les publications professionnelles, en EPS, sont généralement centrées sur la proposition de mises en œuvre de terrain. Ceci correspond à une attente légitime des enseignants, et ce partage de pratiques constitue un ciment essentiel pour la communauté des professeurs d’EPS, et en particulier un support précieux pour les enseignants débutants.[…] Il existe un autre niveau de réflexion, essentiel à mes yeux mais clairement négligé, que je qualifierais de philosophie politique de l’éducation. Philosophie de l’éducation parce que cette réflexion porte sur les finalités générales du système éducatif, philosophie politique parce que l’éducation, en s’adressant aux futurs adultes, prépare de manière active la société de demain : Il y a toujours un modèle de société derrière la manière dont l’école est organisée, au niveau macroscopique, mais aussi dans la manière dont elle fonctionne, au niveau des établissements et de chaque classe."
Didier Delignieres le 21 Mai 2024 sur son blog, ici
Corrections de copies : les annotations des enseignants aident-elles les élèves à mieux écrire ?
Entre conseils et questions, encouragements et remontrances, les annotations sur les copies font partie du quotidien scolaire. Mais comment les élèves en tirent-ils parti ?
Fanny Rinck, Arnaud Moysan, Sara Mazziotti The Conversation le 21 mai 2024, ici
Choc des savoirs : faire accepter l’inacceptable aux enseignants
"[…] De l’usine de la Bethlehem Steele en Pennsylvanie à la salle des profs d’un collège du 93, les organisations managériales du travail se ressemblent et, si l’époque et le milieu ne sont pas les mêmes, la volonté de domestiquer le travailleur demeure intacte et le projet clair : prolétariser les fonctionnaires pour leur faire accepter des tâches inacceptables du point de vue de l’éthique de leur profession. C’est dans ce but que des années de réformes ont fini par tanner le cuir du métier enseignant. Inflation des injonctions, formation réduite à la passation de bons gestes, guides de bonnes pratiques, protocoles inspirés par la science, manuels en voie de labellisation, prescriptions multiples et contradictoires, précarisation des carrières, outils et dispositifs en constants changements, resserrement de la chaîne hiérarchique… tous les ressorts de la taylorisation des enseignants ont été déployés pour les soumettre à l’ordre néolibéral, pour les faire adhérer à des mesures injustes. […]"
Par Frédéric Grimaud, Professeur des écoles et chercheur en sciences de l’éducation. –L’Humanité du 22 mai 2024, ici
Après le boycott du "choc d’autorité", favoriser la prise de décision des élèves ?
"Favoriser la prise de décision des enfants améliore leur bien-être, leur estime de soi et leurs capacités de leadership dans l’objectif de forger leurs compétences et leur confiance en tant que membres à part entière de la société." Ce ne sont pas les enseignants, les syndicats ou même les "pédagogistes" qui le disent, c’est l’OCDE dans son dernier rapport. Claude Lelièvre fait le lien dans cette tribune entre cette préconisation et la "grande concertation" sur l’autorité voulue par Gabriel Attal. Pourtant, les propositions pour tendre vers cette préconisation onusienne ne manquent pas, le dernier livre "Manifeste pour les collèges. (P)oser les vrais problèmes" de Roger-François Gauthier et Jean-Pierre Véran n’en manque pas comme le souligne Claude Lelièvre.
Le Café Pédagogique le 22 mai 2024, ici
Manuel de lecture labélisé : Surtout pas, selon Eveline Charmeux
Comment enseigner la lecture ? Résolument, pas avec un manuel scolaire labélisé estime Eveline Charmeux, spécialiste de la question. "Les manuels de lecture ne sont pas obligatoires et sont à même à rejeter, parce qu’ils sont inutiles et qu’ils trompent les enfants sur ce qu’est le fait de lire", nous explique-t-elle. "Inutiles : pourquoi ? On vit dans un monde où l’écrit est omniprésent : dès qu’on sort dans une rue on se heurte à des écrits de toutes sortes : enseignes, panneaux et affiches publicitaires. etc. L’écrit est partout autour des enfants." Elle répond aux questions du Café pédagogique.
Eveline Charmeux – Le Café Pédagogique le 22 mai 2024, ici
La désorientation de l’orientation scolaire
L’orientation scolaire post-bac a toujours suscité de l’appréhension pour les élèves et leurs familles. Il faut faire des choix importants dans un éventail de possibilités toujours plus large, parmi des filières de plus en sélectives, avec des outils de plus en plus opaques. Idem pour les professionnel.le.s chargé.e.s de les accompagner. De quelles manières le travail au quotidien de ces professionnel.le.s est-il bousculé par les dernières réformes et l’instauration d’outils tels que ParcourSup ?
Par Alexie Geers, Florence Legendre et Samuel Pinto, (sociologues) – AOC [€] le 22 mai 2024, ici
Le crush à l’adolescence : une pratique culturelle ?
Quand on entend pour la première fois "crush", ce petit mot qui claque, on est d’autant plus intrigué que les jeunes qui l’utilisent peinent à le définir. Est-ce un coup de foudre ? Un flirt ? Non : le crush ne ressemble à rien de ce que nous connaissons. Et pour comprendre cette nouvelle façon de dire l’amour, quoi de mieux que de donner la parole aux premières et premiers concernés ?
Dans "Crush.Fragments du nouveau discours amoureux", publié en mars 2024 aux éditions Flammarion, la sociologue Christine Détrez s’appuie sur des entretiens avec des jeunes de 13 à 25 ans pour disséquer ce phénomène contemporain. Le crush est à la fois une rêverie légère et une obsession, le prétexte à des enquêtes sur les réseaux sociaux et un sujet inépuisable de conversation entre amies et amis, comme le raconte l’extrait publié dans The Conversation.
Christine Détrez The Conversation le 22 mai 2024, ici
Éducation à la sexualité : "Une question chaude"
Dans son livre, "Une question chaude. Histoire de l’éducation sexuelle à l’école", Yves Verneuil fait le point sur cet enseignement hautement polémique aujourd’hui encore. "L’éducation à la sexualité est devenue une éducation à son corps et à sa sexualité ainsi qu’au corps de l’autre et à sa sexualité. La question du consentement et du respect du corps de l’autre est ainsi devenue primordiale", nous dit le professeur des universités en sciences de l’éducation à l’Université Lumière Lyon 2. Cela n’a pas toujours été le cas. Il répond aux questions du Café pédagogique.
Yves Verneuil - Le Café Pédagogique le 23 mai 2024 ici
Pour l'école, Gabriel Attal préfère la répression à l'éducation
"Dans la série "la bamboche, c’est fini", les annonces qui sortiront de la "grande concertation" sur l’autorité à l’école, lancée le 3 mai par Nicole Belloubet, risquent fort de privilégier la répression des élèves plutôt que leur éducation.»
Cécile Blanchard – Alternatives Économiques le 23 Mai 2024, ici
SNU : l’Éducation nationale gangrenée par une mystique identitaire
Avec l’intégration au cursus scolaire d’un SNU à forte dimension identitaire, l’Éducation nationale introduit dans la scolarité obligatoire une forme de religiosité malsaine, incompatible avec les principes qui devraient être ceux d’un service public d’éducation.
Bernard Girard – Blog Médiapart ici
La réforme du choc des savoirs : un choc contre l’École fraternelle
Les valeurs de la République, sont-elles respectées par l’État quand celui-ci annonce et impose une énième réforme de l’Éducation nationale ? En effet, la Réforme du Choc des savoirs a été décidée au sommet de l’État, sans aucune concertation. Pourtant elle aura des répercussions concrètes et effectives dès la prochaine rentrée scolaire pour des générations d’élèves de 6e et de 5e... Ce projet et la vision de cette réforme représentent un changement de paradigme historique pour notre École, elle entérine la fin d’une école commune et inclusive, dans tous les sens du terme.
Djéhane Gani - le Café pédagogique le 24 mai 2024 ici
Un vote enseignant en faveur du RN désormais bien installé ?
Il y a un an , j’avais sous-titré un article paru le 11 mai 2023 dans "The conversations" : "un vote enseignant en faveur du Rassemblement national minoritaire mais qui s’installe". Les intentions de vote déclarées par les enseignants étaient alors estimées à 10 %. On en serait désormais à 15 %
Claude Lelièvre – Blog Médiapart le 24 mai 2024 ici
Manifeste pour le collège
"(P)oser les vrais termes du débat !", c’est le titre du manifeste pour le collège que viennent de publier Roger-François Gauthier et Jean-Pierre Véran, tous deux membres du CICUR (collectif d’interpellation du curriculum). En un peu moins de 60 pages, les chercheurs montrent les failles du collège français – et les raisons de celles-ci -, et démontrent en quoi le "prétendu 'choc des savoirs' est une imposture intellectuelle". "À rebours de cette offensive réactionnaire, nous proposons de faire confiance aux élèves, aux équipes des collèges, aux territoires sur lesquels ils rayonnent", nous confient-ils. "En sortant des programmes prescriptifs dans le moindre détail pour donner des objectifs communs de formation à tous, que chaque établissement réalisera en s’appuyant sur les acquis de ses élèves, les ressources de ses personnels et de son territoire". Autre point d’appui pour repenser le collège, s’appuyer sur la mixité scolaire, "mixité sociale, mixité des savoirs et démocratie scolaire sont indissociables", affirment-ils.
Café pédagogique le 24 mai 2024 ici
Madame Pécresse ou le "deux poids deux mesures"
Alors que la présidente de la région annonce la suspension des subventions à Sciences Po, elle persiste dans le subventionnement du lycée Stanislas avec un versement de 1,3 million pour l’année 2024. Pourtant, ce célèbre lycée n’a eu de cesse de faire parler de lui, notamment pour ses cours homophobes, ses classes non-mixtes ou encore ses cours obligatoires en catéchèse. Dans cette tribune, Yannick Trigance dénonce ce deux poids deux mesures.
Yannick Trigance – Le Café Pédagogique du 24 mai 2024, ici
HGGSP : au bord de la falaise ?
Avril 2023. Les résultats des épreuves de spécialité des terminales, qui ont pour la première fois passé leurs écrits en mars, viennent de tomber dans mon lycée. C’est un établissement de la petite couronne parisienne, ni favorisé, ni défavorisé, mais où nombre d’élèves manifestent un intérêt marqué pour les enjeux contemporains. Pourtant – et contrairement aux SES où les résultats sont satisfaisants – en Histoire -Géographie-Géopolitique-Sciences Politiques (HGGSP), c’est la douche froide. La moyenne des deux groupes, qui rassemblent environ 50 élèves, est à 09/20. Mes collègues sont affecté·es, certain·es élèves désemparé·es par leurs résultats – les 06/20 ne sont pas rares. Nous cherchons les notes supérieures à 16 : il n’y en a quasiment pas. Une année de travail a été balayée.
Servanne Marzin - Le Café Pédagogique du 24 mai 2024, ici
Les valeurs à l’École : équilibre fragile ou déséquilibre manifeste ?
Pour gagner en profondeur, la réflexion sur l’École, ne gagnerait-elle pas à se questionner sur l’expérience réelle que l’on peut y faire de la liberté, de l’égalité, de la fraternité et de la laïcité ?
Jean-Pierre Véran – Blog Médiapart le 24 mai 2024 ici
Pédagogie : comment enseigner le réchauffement climatique ?
EEvoquer le péril écologique sans paniquer les élèves : c’est le conseil de la philosophe Catherine Larrère, invitée de l'après-midi "Education et urgence climatique
Catherine Larrère dans Le Nouvel Obs [€] le 24 mai 2024 ici
Mixité scolaire : “Le système met les familles face à des choix impossibles”
Les inégalités augmentent entre établissements privés et publics, et une ségrégation sociale, voire ethnique, s’installe, en particulier au collège. L’économiste Youssef Souidi, qui publie un livre sur le sujet, en explique les ressorts.
Entretien avec Youssef Souidi, Télérama le 25 mai 2024, ici
"Les “groupes de besoins” ou la mort annoncée du professorat
Les groupes de niveau au collège, devenus "groupes de besoin", vont sonner le glas des classes hétérogènes pour les mathématiques et le français, analyse l’enseignante Ophélie Roque. Or c'est cette hétérogénéité qui permettait à l'enseignant de tenter de hausser les acquis des élèves, explique-t-elle.
Ophélie Roque dans Le Figaro le 24 mai 2024, ici