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Les personnels de direction feront tout pour "neutraliser" des réformes auxquelles ils ne croient pas (SNPDEN)

Paru dans Scolaire le vendredi 24 mai 2024.

Le congrès du SNPDEN s'achève ce 24 mai et son secrétaire général, Bruno Bobkiewics voit son mandat à la tête du syndicat UNSA des personnels de direction renouvelé pour trois ans. Il a dit à la presse combien la profession était "fâchée", "ulcérée", mise en difficulté par une succession d’annonces que les personnels de direction n’ont pas les moyens de mettre en oeuvre, d’autant qu’ils "n’y croient pas", et qu’ils vont "neutraliser au maximum" les dispositifs prévus. C’est aussi que l’épisode des HSE a laissé des traces. "Du jour au lendemain, les chefs d’établissement ont appris qu’ils n’avaient plus leurs heures supplémentaires ni briques du Pacte. Depuis le ministère a fait marche arrière, mais le résultat est que le représentant de l’Etat dans l’établissement n’a plus confiance dans l’Institution."

Voici les principaux points évoqués par le responsable syndical.

Groupes. Les personnels de direction reconnaissent que le problème est réel, le collège unique "ne permet pas la prise en charge des élèves les plus en difficulté". Ils ne rejettent pas par principe l’idée de constituer des groupes de besoin, à condition de disposer de moyens complémentaires et que les établissements voient reconnue leur autonomie pour mettre en place des "solutions innovantes". Avec le soutien des IA-IPR, ils doivent pouvoir mobiiser l’intelligence collective des équipes pour "faire autrement". Le syndicat reconnaît d’ailleurs que le vade-mecum publié par le ministère (voir ToutEduc ici) donne de la souplesse au dispositif. Pour sa part, l'organisation syndicale met en place un "padlet" pour que les principaux de collège puissent échanger sur les solutions trouvées et pour envisager des groupes homogènes ou hétérogènes, à géométrie variable, selon les besoins.

Représentants de l’Etat, ils devront, quoi qu’ils en pensent et quelles que soient les solutions envisagées, présenter le projet au Conseil d’administration de leur établissement et, en cas de vote négatif, reconvoquer le CA. Mais que se passera-t-il en cas de nouveau refus, légalement ? Le SNPDEN rappelle que l’UNSA a porté l’affaire devant le Conseil d’Etat dont il attend la réponse.

La nécessité de faire des économies pourrait résoudre la question. Il faudrait créer au moins 4 500 postes d’enseignants supplémentaires pour installer des groupes en 4ème-3ème, le Gouvernement devrait y renoncer, espèrent les personnels de direction.

Prépa seconde. Ce dispositif doit être expérimenté l’année prochaine, mais avec des élèves volontaires et des enseignants volontaires, donc dans une configuration qui ne permettra pas d’envisager les conditions de leur généralisation en 2025-2026. "Les dés sont pipés."

Quoi qu’il en soit, la classe de prépa-seconde s’adressera à des élèves qui ont été affectés dans un lycée, le plus souvent un lycée professionnel, et qui sont souvent très motivés, mais qui ont échoué au brevet, ce qui n’empêche pas, souvent de très beaux parcours. On leur imposera pourtant une année d’attente. Ils veulent faire de la cuisine et se retrouveront à faire un peu de maths, un peu de cuisine, un peu de menuiserie. Cela risque d’accentuer les décrochages.

Comme ce n’est qu’au dernier moment qu’on saura si les élèves qu’attend le lycée sont ou non reçus au DNB, certaines classes vont se retrouver avec beaucoup moins d’élèves que prévu, voire pas d’élèves. Les enseignants seront alors priés de prendre la prépa-seconde : "ce n’est pas en imposant à un professeur d’enseigner dans cette structure que l’on va encourager l’innovation pédagogique", commente Bruno Bobkiewicz.

Stages de seconde. Le SNPDEN va lancer une enquête auprès de ses adhérents pour savoir quelle est la proportion d’élèves qui ont trouvé un stage à faire à partir du 15 juin. D’après les remontées de terrain, c’est vraisemblablement un tiers, parfois la moitié des élèves. Or les établissements ne pourront pas accueillir des dizaines, voire des centaines d’élèves sans stage en même temps qu’ils font passer le bac. D’ailleurs pour quoi faire et avec qui ?

"8h-18h". Là encore, l’accueil des élèves du matin jusqu’à la fin de la journée répond à "une problématique que partagent les personnels de direction". Mais pour quoi faire et avec quels moyens ? L’organisation ne peut pas être la même dans une Cité éducative qui a déjà toute une réflexion avec les autres acteurs du territoire et en zone rurale, quand les élèves dépendent des cars scolaires.

Téléphones. La ministre voudrait expérimenter le dépôt des téléphones portables à l’entrée du collège. "Dans le mien, j’ai 700 élèves, explique le secrétaire général du syndicat, il faudrait donc construire un mur avec 700 casiers, avoir un personnel pour surveiller que les élèves n’ont pas mis leur téléphone au fond de leur sac, surveiller le mur dans la journée car il attirerait les convoitises, puis surveiller encore les élèves quand ils récupèrent leurs téléphones. Et ça ne va pas changer grand chose. Les quelques problèmes que posent les téléphones dans les établissements, nous savons les gérer. C’est surtout en dehors des établissements que les difficultés surviennent."

Mobilisation. Le SNPDEN est membre de l’UNSA éducation qui appelle à la mobilisation demain 25 mai. "La profession est prête à se mobiliser." Ils n'en peuvent plus de devoir appliquer "ce que certains ont décidé à Paris".

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