9 % des mineurs ont consulté un orthophoniste en 2019, majoritairement à l'école primaire (DREES)
Paru dans Scolaire le vendredi 26 janvier 2024.
1,25 million d’enfants et d’adolescents ont consulté au moins une fois un orthophoniste en 2019, ce qui représente 8,6 % de la classe d'âge, calcule la DREES dans un note publiée ce vendredi 26 janvier. Au total, les quelque 23 000 orthophonistes en activité, des femmes à 97 %, ont effectué plus de 21 millions de consultations au cours de l’année. La moitié des enfants qui ont consulté avait entre 6 et 10 ans, donc scolarisés à l’école primaire. Ce sont plus souvent des garçons (60 %) que des filles (40 %), et ils recourent plus jeunes à l’orthophoniste : les âges les plus représentés sont 5 et 6 ans chez les garçons, contre 8 et 9 ans chez les filles.
Nathalie Guignon, Vianney Costemalle, Muriel Moisy et Céline Leroy, les statisticiens en charge de la note, indiquent par ailleurs que “les enfants vivant dans certains milieux parmi les plus modestes (foyers bénéficiaires de la CMU-C)“ ont, statistiquement, “moins souvent recours à l’orthophoniste que les autres“.
162 000 du total des jeunes ayant consulté un orthophoniste en ville en 2019 ont seulement réalisé un bilan orthophonique dans l’année, sans qu'il soit suivi d’une prise en charge. Parmi tous les autres, on distingue deux motifs de recours principaux : les pathologies du langage oral (42 %), et les pathologies du langage écrit (35 %). Suivent par exemple les consultations pour la rééducation de la communication et du langage dans les handicaps moteur, sensoriel ou les déficiences intellectuelles (7 % des enfants pris en charge), ou encore celles destinées à remédier aux difficultés de raisonnement logico-mathématique (5 %).
Le service statistique du ministère de la Santé constate également que les motifs de recours “sont intrinsèquement liés à l’âge, en particulier les troubles du langage écrit qui se manifestent surtout à partir de l’arrivée en école primaire, au moment où l’enfant entre concrètement dans les apprentissages de la lecture et de l’écriture, donc à partir de la sixième année“.
Ainsi, seulement 8 800 enfants de moins de 3 ans (0,4 % de cette classe d’âge) ont eu recours au moins une fois à un orthophoniste en 2019, dont une majorité de garçons (60 %). Il s'agissait dans près de deux tiers des cas (63 %) de “rééducation de la communication et du langage dans les handicaps moteur, sensoriel ou les déficiences intellectuelles“.
Chez les 3 à 5 ans, donc à l'école maternelle, ce sont 210 000 enfants qui ont consulté au moins une fois (8,9 % de cette classe d’âge), dont 65,6 % de garçons. Il s'agit majoritairement d'un traitement de “rééducation pour une pathologie du langage oral“ (pour 83 % des enfants). A noter qu'en primaire, les filles consultent plus souvent pour des troubles logico-mathématiques que les garçons.
Un pic est atteint parmi les enfants de 6 à 10 ans, qui sont 564 000 à avoir consulté au moins une fois un orthophoniste (13,6 % d’entre eux), dont 60 % de garçons. Les motifs de ces prises en charge étaient à 43 % des pathologies du langage oral et à 37 %, concernaient le langage écrit.
Au collège et lycée, 303 000 jeunes de 11 à 17 ans ont consulté un orthophoniste libéral, ce qui représente 5,2 % de cette classe d’âge avec toujours une majorité de garçons (59 %). Les pathologies du langage écrit (57 % des jeunes ayant consulté) est le principal motif de prise en charge, loin devant les pathologies du langage oral, “en très net recul (12,6 % de ces jeunes ayant une prise en charge)“, précise la DREES, tandis que progresse la part des troubles logico-mathématiques dans ce groupe d’âge, à 9,4 %.
A cette étude, les auteurs ajoutent les données concernant la répartition des orthophonistes en France et le taux de recours des jeunes. Si leur densité moyenne est de 135 pour 100 000 enfants ou adolescents de moins de 18 ans, elle varie de 40 orthophonistes pour 100 000 jeunes dans le Cantal à 255 dans l’Hérault.
Ainsi en dehors de Paris, la plupart des départements les mieux dotés (plus de 200 praticiens pour 100 000 mineurs) sont ceux qui ont une grande ville régionale (par exemple le Rhône avec Lyon et la Haute-Garonne avec Toulouse), tandis que les moins pourvus ont moins de 60 praticiens, comme en Seine-Saint-Denis ou dans l'Oise. A noter que la Guyane est “fortement déficitaire“ avec seulement 19 professionnels pour 100 000 jeunes de moins de 18 ans.
Le taux de recours (hors bilans) à l’orthophoniste libéral s’élève à 74,7 pour 1 000 enfants ou adolescents de moins de 18 ans en France et varie fortement sur le territoire. La DREES estime d'ailleurs que le taux de recours à l’orthophoniste “est globalement lié à l’offre de soins disponible, c’est-à-dire à la densité d’orthophonistes pour 1 000 enfants ou adolescents de moins de 18 ans“. La ville de Paris, en dépit de sa densité élevée en orthophonistes, présente pourtant un assez faible taux de recours (62,7/1 000), en revanche la capitale possède une proportion de jeunes patients résidant hors du département plus importante (32,5 % contre par exemple 2 % dans le Haut-Rhin).
Selon la Fédération nationale des orthophonistes, conclut la note, au cours de cette dernière décennie, “les demandes de prise en charge orthophonique ont augmenté, notamment en raison d’un repérage et d’un dépistage plus précoces des troubles des apprentissages, d’une meilleure reconnaissance des troubles ‘dys‘ : dyslexie, dyscalculie, dysorthographie“.
La note ici