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Enseignement agricole : le SNETAP ne voit pas la différence avec le précédent quinquennat

Paru dans Scolaire le mercredi 07 septembre 2022.

“C'est à peu près toujours la même méthode“ estime Frédéric Chassagnète pour décrire cette rentrée scolaire “sous une nouvelle présidence Macron“, et ce malgré un nouveau ministre, le cinquième qu'aura connu le syndicat depuis 2017. Le SNETAP-FSU, comme d'autres syndicats d'enseignants évoque en effet le “flou“ entretenu par le président réélu malgré une “salve“ de nouvelles réformes annoncées.

Il se dit surtout marqué par le “passif“ des cinq dernières années écoulées, minées par une “politique destructrice“ de l'enseignement agricole mêlant baisse des moyens, suppressions de postes ou encore fragilisation des statuts des personnels. Avec pour conséquences un manque de moyens dans les établissements, des blocages de plafonds de recrutement ainsi que la fin des dédoublements “pourtant nécessaires à la sécurité comme à la pédagogie“.

Sont citées “des réformes conséquentes qui ont bousculé l'enseignement scolaire“, comme celle du baccalauréat par Jean-Michel Blanquer qui “n'a pas pris en compte les spécificités de l'enseignement agricole“, et qui selon le syndicat va conduire à des baisses d'effectifs, les élèves ayant désormais davantage d'offres dans l'enseignement général.

De même, la réforme de l'apprentissage de la loi Pénicaud conduit selon le syndicat à “le libéraliser", à en faire un système marchand, et à mettre les CFAA en concurrence. Une loi qui de plus “a donné toutes les compétences aux seules branches professionnelles qui décident du contenu des diplômes“, poursuit le syndicat FSU de l'enseignement agricole public, et qui continue à dégrader les conditions d'emploi des personnels des CFA et CFPPA.

La nomination de Carole Grandjean et d'une conseillère “à la formation, l'entrepreneuriat, la transmission et l'emploi“ à la place de celui à l'enseignement agricole inquiètent également car elles montrent “la volonté de réformer la voie professionnelle dans un strict objectif d'employabilité des jeunes“.

Face à ces questionnements, le syndicat qui s'est entretenu ce mardi 6 septembre avec Marc Fesneau évoque un ministre de l'agriculture qui “ne montre pas qu'il est en capacité de corriger ce passif“. Il dénonce un ministère qui “manque cruellement d'ambition“, notamment dans les négociations sur le 7ème schéma prévisionnel des formations, ou sur le futur budget 2023, alors que seraient nécessaires 300 ETP pour combler les manques de personnel dus au précédent quinquennat.

“Il va vraiment falloir qu'on change de braquet si on veut être au rendez-vous des changements sociétaux“, estime ainsi Frédéric Chassagnète. Alors que 12 000 à 14 000 jeunes s'intallent par an en tant qu'agriculteurs, selon ses calculs il faudrait passer à 20 ou 25 000 installations ne serait-ce que pour freiner le manque de renouvellement du nombre de paysans, un déclin largement entrevu au niveau démographique et qui nécessite “un changement d'échelle“. Et donc de mettre les moyens. A contrario, le SNETAP-FSU se désole de voir le service public “de plus en plus menacé“ par les écoles privées (Hectar, Être...) dont certaines “jouent avec le décrochage et la nécessaire transition écologique“. “La planification ne peut pas être confiée au privé et ne doit pas l'être“, considère dès lors le co-secrétaire général du SNETAP-FSU, pour qui “c'est la puissance publique qui doit armer son dispositif“.

Sont également dénoncées la seconde professionnelle, avec l'introduction de l'EMC dans les programmes qui se fait “à horaires constants“, la mixité des publics dans les établissements (élèves en scolarité classique et en apprentissage), ou encore la précarité des personnels (AED, AESH) dans les CFA. Alors que l'attractivité du métier d'enseignant fait l'objet de nombreuses revendications et débats en cette rentrée, les 45 % d'agents contractuels de l'enseignement agricole font dire à Clémentine Mattei (co-secrétaire générale du SNETAP-FSU) qu'il y a “peut-être encore plus qu'ailleurs la nécessité de titulariser“.

Au final, le syndicat FSU de l'enseignement agricole explique qu'il jugera l'action politique du gouvernement “sur ce qui est fait“. Il appelle les personnels de l'enseignement agricole à participer aux grèves et manifestations prévues le 29 septembre. Le syndicat annonce son union aux cotés du SNUITAM-FSU, de la CGT agri et de Sud rural territoires pour les élections professionnelles prévues début décembre, “par conviction, obligation et nécessité pour pouvoir être plus efficace“ et défendre les valeurs qu'ils partagent.

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