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Le Gouvernement a-t-il un projet pour l'école, s'interroge le SGEN-CFDT

Paru dans Scolaire le mardi 06 septembre 2022.

Le président Macron annonce des mesures mais ne parle pas des principes qui organisent son action en matière d'éducation, note le SGEN-CFDT. Le syndicat tenait, ce 6 septembre, sa conférence de presse de rentrée et regrettait l'absence de "vision de ce que doit être l'école", mais constatait aussi que l' "Appel de Bobigny" (2010) qui avait réuni de nombreuses organisations autour d'un projet commun soit aujourd'hui oublié par certains de ses signataires. Pour le SGEN, notre système éducatif est confronté à trois grands défis, la transition écologique, la transition numérique, mais aussi une crise démocratique qui empêche une réflexion sur ce qu'on attend de notre école, notamment du collège. Est-ce toujours l'acquisition du socle commun par tous ?

En ce qui concerne les conditions de la rentrée, le SGEN estime "qu'on est revenu plus ou moins aux conditions qui prévalaient les années précédentes", mais au prix, pour les services administratifs, d'un travail "au-delà de la souffrance", et de situations très déstabilisantes pour tous. Certaines affectations sont arrivées "dans la nuit avant la pré-rentrée". Dans certains collèges, on compte 30 élèves dans des classes de 6ème, dans le 1er degré, on a bien un adulte par classe dans la plupart des académies, mais aux dépens souvent des décharges et des temps partiels et pas en Ile-de-France, en Picardie ou dans des départements comme la Haute-Savoie, vu les difficultés de logement. Les stagiaires se retrouvent parfois très loin de leur domicile, et certains démissionnent déjà. Il faudra voir aussi avec les démissions d'AESH notamment, quand il s'agit par exemple d'accompagner 6 élèves en situation de handicap, dans 5 classes différentes. "Certains PIAL n'ont plus de coordinateurs." Le syndicat fait remarquer qu'on parle moins des médecins, des personnels infirmiers, des psychologues, pour lesquels la situation est tout aussi difficile... Pour les AED qui pouvaient demander un CDI, "les consignes ministérielles ne sont manifestement pas parvenues dans tous les établissements", des CDD transitoires ont pu être signés, "mais pas partout". De plus, les CDD supposent pour leur renouvellement l'absence d'échec alors que les universités promeuvent le droit à redoubler pour les étudiants salariés...

Quant à la "RH de proximité", si souvent évoquée par le précédent ministre, elle reste virtuelle quand aucun poste n'est mobilisé pour sa gestion. Plus globalement, le SGEN pose la question de l'attractivité des métiers et demande "une revalorisation significative" des salaires dans le cadre d'une programmation pluriannuelle de la réorganisation des carrières. Pour les contractuels, l'organisation syndicale demande leur titularisation sans concours, mais sous condition d'une durée d'exercice préalable, et d'une évaluation positive, ce qui suppose accompagnement et formation. Elle rappelle que les mesures prises devront aussi concerner les personnels non enseignants, des services sociaux, les AESH, les AED...

Sur la formation des enseignants, le SGEN rappelle qu'il est attaché à la masterisation et opposé au découplage des concours du 1er et du 2nd degré. Et, s'agissant de la place du concours en L3, il est dubitatif et rappelle qu'il a proposé de développer le statut d'apprenti pour les deux années de master.

Le syndicat évoque également la réforme du lycée professionnel, qui suscite des "inquiétudes fortes", qu'il s'agisse de l'acquisition par les élèves de "compétences transversales" si la part d'enseignement est réduite, de la recherche de lieux de stage et du risque de se heurter à des formes de discriminations ; la responsabilité sociale des employeurs est engagée... Le SGEN rappelle toutefois qu'il n'est pas hostile par principe à l'apprentissage, y compris à l'implantation de sections d'apprentissage dans les établissements, et donc en situation de complémentarité plutôt que de concurrence. Pour le lycée général et technologique, le SGEN a obtenu la relance du comité de suivi. Il estime que la décision concernant l'option mathématiques a été "précipitée", sans distinction entre les mathématiques conçues comme un outil, ou comme participant à la construction de la citoyenneté, à moins qu'il s'agisse de réconcilier les élèves avec cette discipline...

C'est donc la question pédagogique qui est posée, et le SGEN n'est pas opposé à voir les écoles et les équipes dans les établissements élaborer des projets, à la condition qu'ils ne soient pas une forme de réponse à une commande ministérielle ou à une injonction du CSEN (le conseil scientifique de l'Education nationale, présidé par S. Dehaene, ndlr). Il faut aussi que les règles qui présideront à leur financement soient claires et qu'ils soient pérennisés, leur interruption décrédibiliserait l'institution.

Elle est posée aussi par "l'évaluationnite". A quoi servent toutes ces évaluations nationales, au CP, CE1, 6ème, seconde, maintenant expérimentées en CM1 et 4ème ? Sont-elles des outils de communication pour le ministre qui peut faire, éventuellement, état de résultats positifs ? Ce ne sont en tout cas pas des outils de travail pour les enseignants qui ne les utilisent pas. Et elles ont déjà des effets négatifs, on voit en maternelle se développer des préparations à la réussite au test de CP, et elles génèrent des tensions dans les familles, du stress pour les élèves. Où en est d'ailleurs la réflexion du ministre sur le bien-être des élèves, présenté comme une priorité ? Les services sociaux, infirmiers, médicaux, les psychologues de l'Education nationale seront-ils mobilisés ? Pour l'instant, le SGEN n'a pas traces de travaux en ce sens.

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