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Sexualité et violences : Le HCE demande un “plan d’urgence de l’égalité à l’école“

Paru dans Scolaire le jeudi 01 septembre 2022.

“Du primaire au baccalauréat, l’école est le premier lieu de cristallisation du sexisme, de fixation des rôles sociaux et des stéréotypes de sexe“, indique le HCE dans une note d'alerte au gouvernement pour faire face à la montée des violences chez les jeunes.

Avec 1 jeune sur 4 qui déclare avoir déjà eu des rapports sexuels non consentis, 20 % de moins de 24 ans qui ont déjà subi un viol ou une agression sexuelle ou encore 1 jeune femme sur 2 qui a déjà vécu un acte ou un propos sexiste à l’école et a déjà subi des remarques sur son physique ou sa tenue, les jeunes générations sont pour le Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes “particulièrement sujettes aux violences sexistes et sexuelles“.

Il évoque l'impregnation de la culture du viol qui “persiste surtout chez les jeunes générations, et génère chez eux dans des proportions inquiétantes des violences sexistes et sexuelles“, et il décèle un “décalage persistant et inquiétant chez les jeunes générations“ - et particulièrement les jeunes hommes -, qui “peut s’expliquer par l’exposition, notamment précoce, à des contenus pornographiques et jeux vidéo en ligne, potentiellement très dégradants pour les femmes, érotisant la haine et la violence à leur encontre“ et dont les conséquences se font “lourdes et concrètes sur les relations affectives dans l'espace intime, comme public“.

Surtout, le HCE considère que l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle “brille par son insuffisance et son inadaptation aux besoins“, et que cette lacune explique “la prévalence de représentations erronées et de manifestations sexistes voire violentes chez des catégories pourtant intellectuellement sensibles à ces sujets, voire plus engagées que les générations précédentes.“

En cause, l'Education nationale qui “n'est pas au rendez-vous“ (en matière d'éducation sexuelle) avec par exemple des jeunes générations qui “ont rarement le souvenir d’avoir reçu l’enseignement obligatoire depuis plus de 20 ans“ et “quand elles s’en souviennent, nombre ne sont pas convaincu.es d’avoir eu une information adaptée à leur vécu.“ En outre, “le harcèlement et le consentement sexuels, les stéréotypes sexistes, les violences sexuelles, et l’identité de genre“ font partie des enseignements les plus négligés.

Le HCE rapporte même “des cas graves de désinformation des élèves sur l’éducation à la sexualité et à la contraception, assortis d’une sensibilisation à une vision inégalitaire des relations entre les femmes et les hommes“ ayant été “orchestrés par des établissements privés sous contrat“.

Au-delà, l'instance consultative fait valoir que c'est “le système éducatif lui-même qui renforce les comportements sexués, puisque, dès leur entrée à l’école, les jeunes élèves font face à des représentations genrées qui favorisent l’internalisation des normes, à travers notamment les manuels scolaires et les supports pédagogiques qui échouent à fournir une représentation réaliste“ ; “ces représentations biaisées ne sont pas sans conséquence sur la répartition encore très sexuée et très défavorable aux femmes des orientations professionnelles au lycée.“

Ainsi, “l’absence de 'role model' féminin, ajouté à une orientation genrée dès le plus jeune âge et l’ambiance souvent machiste qui règne dans les filières à dominance masculine découragent souvent les filles dans leurs perspectives de carrière".

Celles-ci sont dès lors sous-représentées en filière générale “dans toutes les matières scientifiques, hormis les SVT, tendance qui semble se renforcer avec la dernière réforme du lycée de 2019“, et dès lors “la polarisation se cristallise encore pour les enseignements de spécialité ‘numérique et sciences informatiques‘ (14 % de filles) ou ‘sciences de l’ingénieur‘ (13 % de filles)“.

“Harcèlement sexuel, culture du viol, sexisme destructeur, inégalité des chances, absence d’éducation à la vie sexuelle et affective, la société est en train de fabriquer des générations de plus en plus perdues“, s'émeut le HCE qui “exhorte les pouvoirs publics à faire de l’éducation à l’égalité et au respect entre les femmes et les hommes dès le plus jeune âge, une priorité absolue“, ce qui pour lui passe en premier lieu par la refonte et la tenue des séances d’éducation à la sexualité prévues par la loi.

Pour rappel, selon le site du ministère, à l'école primaire “les temps consacrés à l'éducation à la sexualité incombent au professeur des écoles“, tandis qu' “au moins trois séances annuelles d'éducation à la sexualité sont mises en place dans les collèges et les lycées“, la durée des séances et la taille des groupes étant adaptées à chaque niveau de scolarité.

La note du HCE ici

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