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Voie professionnelle, formation initiale des enseignants, autonomie, les trois chantiers qu'E. Macron ouvre pour son ministre

Paru dans Scolaire le jeudi 25 août 2022.

Après un hommage limité à l'action de Jean-Michel Blanquer et un remerciement "solennel" aux personnels de l'Education nationale, Emmanuel Macron, qui s'adressait ce 25 août aux recteurs, a reconnu que "quelque chose ne marche pas", que le système éducatif était le lieu de "trop de défiance", qu'il "ne corrige pas les inégalités de naissance", que les "vocations se tarissent"; le président de la République a estimé qu'il fallait "avoir l'audace de changer" des points fondamentaux. Il a évoqué une "révolution copernicienne" fondée sur la confiance a priori que la hiérarchie devait faire aux acteurs locaux.

Il y a "trop d'élèves malheureux", "trop de parents d'élèves anxieux", "trop de professeurs désabusés", "trop d'entreprises qui ne trouvent pas de jeunes formés". Le président en déduit que, "compte tenu de l'investissement qui est celui de la nation" et "compte tenu de la bonne volonté (qu'il voit) chez tous les acteurs", "quelque chose ne marche pas dans notre organisation collective". Il considère de plus que "ça ne se règle pas par plus de moyens", puisque "nous l'avons déjà fait plein de fois", et il passe en revue les divers niveaux d'enseignement avant de s'arrêter sur les trois grands dossiers qui lui tiennent à coeur, la "transformation profonde de la voie professionnelle", la réforme de leur formation initiale des enseignants, l'autonomie des établissements pour innover.

En ce qui concerne l'école maternelle, le président envisage de "poursuivre" l'action entamée. Pour l'école élémentaire, il faut "créer les conditions d'un enseignement plus adapté" et prolonger l'effort fait sur la formation continue des enseignants, notamment en mathématiques.

Le président en dit à peine plus sur le collège. Il faut que la transition entre l'école et la classe de 6ème soit plus "efficace". A noter qu'il n'évoque pas les dédoublements de classes de 6ème en REP et REP+ qui étaient pourtant inscrits au programme de J-M Blanquer. E. Macron évoque encore l'extension du "pass culture" et le rôle des enseignants pour l'accompagnement des élèves, la découverte des métiers à partir de la 5ème, tout en récusant l'idée d'une orientation précoce, la lutte contre le harcèlement "qui demeure un fléau". En ce concerne le lycée d'enseignement général et technologique, le président ne cite que le renforcement des mathématiques dans le tronc commun.

Il s'attarde en revanche sur l'importance qu'il attache à la "transformation", "profonde" de la voie professionnelle. Il souligne que, deux ans après l'obtention de leur diplôme de CAP, seuls 41 % des jeunes sont en emploi, 53 % après l'obtention d'un baccalauréat professionnel. "Ce qu'on a réussi à faire à travers la réforme de l'apprentissage, nous devons en tirer les conséquences pour réussir la réforme de la voie professionnelle (...). On a levé tous les tabous, on a fait confiance aux métiers (...), on a simplifié les aides, on en a mis davantage." Et il estime que déjà, nous sommes sortis "des débats que nous adorons chez nous" pour savoir si c'était l'Education nationale ou le Travail, l'Etat ou les Régions, qui devait gérer la formation professionnelle initiale, "pour dire ce ne sera personne de tout ça", mais tout le monde. "C'est la raison d'être de ce nouveau ministère" chargé de l'enseignement et de la formation professionnels, "avec une double tutelle".

Pour le président, "les jeux olympiques des métiers" en 2024 constituent une "formidable opportunité" pour valoriser ces formations dont la transformation nécessite un "travail en profondeur", il faut que les établissements aient l'autonomie et les moyens d'innover, afin de "mieux préparer les jeunes au monde de l'entreprise". Il faudra "développer les temps de stages d'au moins 50 %" et les rémunérer, "on va devoir aller vers une convergence" avec l'apprentissage.

Le chef de l'Etat invite aussi les académies à "recruter davantage de professeurs associés issus du monde professionnel", lequel "verra sa place renforcée dans les conseils d'administration". Il s'agit de "ré-arrimer très en profondeur et très en amont le lycée professionnel et le monde du travail". Il reviendra donc aux recteurs de revoir, "en lien avec les Régions", la carte des formations, de "fermer celles qui n'insèrent pas", de "développer celles qui marchent", d'en "créer de nouvelles tournées vers les secteurs qui recrutent", d' "adapter les diplômes aux nouvelles compétences requises"...

Second thème majeur de l'intervention d'Emmanuel Macron, le "pacte de confiance avec les enseignants" qui passe par leur rémunération, pas moins de 2 000 € net, une augmentation inconditionnelle de 10 % et une part variable, pouvant aller à 10 % (donc 20 % en tout), pour des tâches ou des missions supplémentaires.

Il faut aussi "repenser plus en profondeur qu'on ne l'a fait" la formation initiale des enseignants. "On a souvent demandé, compte tenu des rémunérations, des diplômes universitaires qui étaient excessifs pour certains, en formant insuffisamment au métier pour d'autres (...). Des gens ont le droit de s'engager dès le baccalauréat dans ce beau métier, d'avoir une filière qui est un peu fléchée, un peu accompagnée, valorisée, où on leur permet de consolider des savoirs fondamentaux indispensables pour leur métier, des savoirs pratiques, mais aussi un parcours ad hoc (...)." Il faudra aussi y "mettre plus de moyens".

Enfin "il nous faut changer de philosophie", "de méthode" pour, comme à Marseille, "partir du bas". Le président évoque à ce sujet le rôle qu'aura à jouer le "Conseil national de la refondation" qui sera installé le 8 septembre, et dont "l'un des piliers sera l'école". Il dénonce "les méthodes pensées d'en haut" et souhaite qu'on "lance un grand travail", "école par école". Il s'agit de permettre à tous les établissements de développer un projet (le PR ne distingue pas les écoles et les établissements dans ce discours, ndlr), à son niveau, mais éventuellement aussi au niveau du "bassin de vie", avec les enseignants, les parents, les partenaires associatifs, les élus locaux. "Donner plus d'autonomie aux établissements dans leur organisation, dans leurs recrutements, plus de liberté aux professeurs, redonner aux équipes de nouvelles marges de manoeuvre (...)", l'ensemble constitue une "vraie révolution copernicienne". Ces projets doivent permettre de mieux former les élèves, notamment aux valeurs de la République, de mieux gérer le remplacement des professeurs absents, d'assurer davantage le suivi personnalisé des élèves, leur orientation, leur insertion professionnelle... Et le président demande aux recteurs de faire confiance aux acteurs (voir à ce sujet ToutEduc ici)

L'allocution sur le compte twitter de l'Elysée ici

La transcription complète du discours ici

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