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Stéphane Crochet : “C'est une rentrée difficile, le service public est dans un état de grande fragilité“ (SE-UNSA)

Paru dans Scolaire le jeudi 25 août 2022.

84 % des personnels interrogées craignent un manque de personnel (enseignant, CPE ou PsyEN) dans leur école ou leur établissement au cours de l'année scolaire, selon un sondage réalisé au mois d'août par le SE-UNSA auprès de 502 enseignants, CPE et PsyEN adhérents.

Un taux qui fait écho aux propos du secrétaire général du syndicat des personnels de 1er et 2nd degrés, selon qui “cette rentrée est marquée par l'accélération de la vulnérabilité de notre service publique d'éducation, et ça se voit aux yeux du public“. Ce jeudi 25 août, la conférence de presse annuelle du SE-UNSA était l'occasion d'évoquer les trois défis qu'il lui semble primordial de relever pour l'avenir de l'Ecole, mixité sociale, école inclusive et bien sûr, attractivité des métiers.

Pour Stéphane Crochet en effet, ce dernier “est en berne depuis des années“, et bien qu'il salue la mobilisation du ministère “dont nous ne doutons pas, car l'enjeu politique est énorme“, le recrutement de contractuels pour pallier le manque d'enseignants “n'est qu'une solution d'urgence“ qui lui fait craindre la constitution d'une “poche de personnels précaires“. Ainsi si l'objectif d'un personnel dans chaque classe est tenu à la rentrée, “cela ne suffira pas pour l'ensemble de l'année scolaire“, poursuit-il, c'est à dire dès l'apparition des congés maladie et maternité nécessitant des remplacements.

Le syndicat UNSA des personnels de 1er et 2nd degrés estime en outre que le système est fragilisé par le déficit des concours, la multiplication des profils (contractuels, étudiants alternants, stagiaires) avec une gestion comptable à flux tendu. Est ainsi demandée l'ouverture “entière“ des listes complémentaires des concours, plutôt que de façon ciblée.

Elise Capéran, en charge de la formation et du développement professionnel, précise que proposer des contrats pluri-annuels pourrait être positif pour sécuriser le parcours des contractuels ; elle insiste sur l'accompagnement “sous forme de tutorats qui soient sérieusement reconnus financièrement“, mais surtout en réinvestissant la formation continue “sans la renvoyer constamment sur des temps supplémentaires“, et en faisant en sorte qu'elle permette d'accéder aux concours.

Le syndicat critique par ailleurs le caractère très “flou“ de plusieurs réformes, notamment pour leur trouver de la place dans les emplois du temps, comme par exemple les “30 minutes de sport“ quotidiennes - généralisées cette année -, ou encore l'expérimentation de la demi-journée de “découverte des métiers“. Jérome Fournier, en charge de l'Education au sein du SE-UNSA, considère qu'il existe déjà le “parcours avenir“ (mis en place par Najat Vallaud-Belkacem en 2016), "qui a été mis en sourdine alors qu'on pourrait l'utiliser“. Il explique que le temps d'orientation existe mais n'est pas mis en œuvre faute de moyens ; le syndicat ne voudrait pas que cette demi-journée “soit un pré-recrutement pour le lycée professionnel“.

En outre, le syndicat juge positivement l'anticipation désormais en vigueur avec les ministères de la Santé et de l'Education nationale concernant l'annonce d'un niveau de protocole sanitaire ou encore la gestion du matériel, mais il reste inquiet sur les conséquences de la crise sanitaire, au regard “des stigmates laissés et dont on ne connaît sans doute qu'une partie de l'iceberg“, explique Elisabeth Allain-Moreno, responsable de la qualité de vie au travail. Le SE-UNSA demande que soit davantage prises en compte les problématiques de santé des personnels, et souhaite que soient accentués le recrutement et la formation “pour constituer de réelles équipes pluri-professionnelles sur le long terme“.

“Il faut que l'éxecutif accepte de regarder la réalité sur les conditions de travail, mais aussi la rémunération des personnels de l'Education“, affirme enfin Stéphane Crochet. Le conseil de la refondation ou les débats prévus dans les écoles cet automne sont pour lui du “déjà-vu“, et selon lui “la profession anticipe une opération de com' pour légitimer des projets déjà arrêtés“.

Au final, une des grandes interrogations se situe sur “la capacité du ministre à avoir complétement la main“ concernant la politique éducative qu'il compte mettre en œuvre. “Le ministre peut toujours compter sur les personnels, assure-t-il, mais c'est à lui de les défendre."

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