Une convention Réseau Canopé - EdTech France pour favoriser l'expérimentation des solutions numériques dans les établissements scolaires
Paru dans Scolaire le jeudi 25 août 2022.
Présents à Ludovia dans l'Ariège (Université d’été du numérique en éducation), Réseau Canopé et EdTech France ont signé mardi 23 août une convention nationale d'une durée de trois ans destinée à “renforcer la filière Edtech française à travers une offre numérique adaptée aux usages des enseignants“, selon le communiqué qui en détaille le contenu.
Ainsi cette convention “porte notamment sur le déploiement de l’accélérateur d’innovations pédagogiques au profit des membres de l’association“. Cet accélérateur, situé au siège de Réseau Canopé à Poitiers et qui se déploie dans les 101 Ateliers Canopé en France, permet aux entreprises EdTech “de tester et d’améliorer la qualité pédagogique de leurs solutions, de les mettre en relation avec l’écosystème éducatif, de permettre aux EdTech d’affiner leur projet entrepreneurial au regard des besoins des enseignants, de les accompagner dans l’adaptation au ‘cadre de confiance‘ de l’Éducation nationale (respect du GAR, RGPD, critères d’accessibilité technique, adaptation aux programmes)".
Sur la page internet dédiée à cet accélérateur (ici) sont diffusés les témoignages de deux créateurs de startups, Studytracks (transposition de cours en chansons) et Klassroom (plateformes d'échanges parents-professeurs-élèves).
“Alors que Klassroom n’était encore qu’un projet, explique son co-fondateur Frank-David Cohen ma rencontre avec des membres de l’Atelier Canopé de l’Essonne, fut l’une d’entre elles. Ni moi ni mon associé n’étions proches du monde de l’éducation. Jeunes papas, nous avions ce projet de renforcer le lien entre l’école et les familles grâce à une application mais sans savoir comment les professeurs des écoles allaient le percevoir.“ Il ajoute que Réseau Canopé a été le premier à leur donner l’opportunité d’échanger avec le terrain, ce qui a permis l'éclosion de la plateforme d'échanges Klassly, qui serait “aujourd’hui utilisée par 1,2 million d’utilisateurs, professeurs et parents d’élèves“.
Alexandre Houpert témoigne lui de l'aide de Réseau Canopé qui “a été un véritable accélérateur pour la diffusion de Studytracks dans les écoles. (...) Avec ses mises en relation et ses conseils, nous avons pu bâtir une véritable proposition de méthode pédagogique fondée sur nos morceaux. Le groupe de travail mis en place nous a aidés à mieux appréhender les besoins des professeurs et à y répondre concrètement.“
La convention, signée par Marie-Caroline Missir et Anne-Charlotte Monneret et que ToutEduc a consultée, explique qu'EdTech France “fédère les acteurs de l’écosystème EdTech Français pour représenter aujourd’hui un réseau inédit de plus de 400 entreprises membres, des partenaires institutionnels et associatifs, de grandes entreprises et des institutions d’enseignement supérieur, tous intéressés par la transformation des apprentissages à l’ère du numérique.“
Elle considère que “l’écosystème EdTech français est l’un des plus dynamiques d’Europe“ et qu' ainsi “EdTech France entend le faire savoir en rendant plus visible et plus lisible l’offre de solutions innovantes.“
Un diagnostic commun aux deux parties indique que la filière EdTech française est composée de jeunes petites entreprises “dont les modèles économiques sont encore exploratoires ou financés par des levées de fonds, et/ou des subventions, notamment pour celles visant l'enseignement primaire et secondaire.“ Les entreprises qui dépassent cinq millions d'euros de chiffre d'affaires “constituent de rares exceptions“ (60% des entreprises EdTech auraient un chiffre d'affaires inférieur à 500 000 euros, et un ‘business model‘ tourné principalement vers la formation continue). En conclusion, “bien que le potentiel de développement économique dans le domaine des EdTech soit important dans un marché partagé par des opérateurs publics et des entreprises, l'offre apparaît relativement segmentée, parfois peu lisible, la demande pas assez structurée et la solvabilité fragile.“
Les institutions publiques, de leur côté, poursuit le document, “pourraient soutenir avec des moyens plus diversifiés la capacité d'innovation des ‘start-up‘ de la EdTech afin de développer des solutions numériques de qualité à la pointe de l'innovation, adaptées aux usages des élèves comme des enseignants‘ tandis que les EdTech, “souvent peu robustes sur les plans financier et technique, ne sont pas toujours dimensionnées pour répondre au caractère massif de l'enseignement à distance, à la réalité des usages très hétérogènes des enseignants, et peinent à s'adapter aux caractéristiques du secteur public (absence de réponse concertée et unifiée dans le cadre de conglomérat par exemple, respect du RGPD, respect des normes d’accessibilité, prise en compte des référentiels et préconisations de l’éducation nationale).“
Du point de vue de l'usager pour finir, élève ou enseignant, “aucun élément objectif ne permet de repérer facilement la qualité de telle ou telle solution technologique, ni son apport pédagogique. Les enseignants ont donc devant eux une offre de service numérique très vaste mais qui leur est livrée sans accompagnement suffisant.“
L'objectif des “partenaires“ est alors “de mettre en œuvre à l'échelle du territoire français les conditions d'un renforcement de la filière EdTech française à travers une offre numérique adaptée aux usages des enseignants et formateurs, levier d'amélioration du système éducatif.“
Cette offre vise de plus “à construire des solutions d'excellence, faisant référence au niveau mondial, offrant le meilleur des solutions EdTech privées, adossées à l'expertise et la puissance du secteur public, en remettant la transparence au cœur de l'action, et résolument tournée vers les usagers enseignants.“
Les partenaires proposent donc “de mettre en place un écosystème favorable au développement de la EdTech (…). Il s'agit de construire un programme conjoint permettant à une entreprise EdTech de bénéficier d'une expertise en ingénierie pédagogique et d'un terrain d'expérimentation afin d'optimiser l'utilisation de la solution dans un cadre scolaire, d'en mesurer et d'en renforcer l'impact pédagogique à l'appui de la recherche, tout en s'inscrivant dans un cadre éthique et éducatif. Dans ce contexte, des établissements scolaires pourraient constituer des terrains d'expérimentation des solutions et usages numériques. En amont comme en aval des expérimentations, la startup peut être accompagnée par Réseau Canopé pour maximiser ses chances de pénétration des marchés d'une part et pour renforcer son modèle économique d'autre part.“