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A l'approche de la présidentielle, Nathalie Arthaud livre à ToutEduc ses “objectifs de lutte“ concernant l'éducation

Paru dans Scolaire, Justice le mercredi 02 mars 2022.

ToutEduc a interrogé Nathalie Arthaud, candidate Lutte Ouvrière à la campagne présidentielle 2022, sur les questions d'éducation.

ToutEduc : Que pensez vous de la politique d'éducation actuellement menée ?

Nathalie Arthaud : Etant enseignante moi-même (d'économie, ndlr), et ayant toujours exercé dans les établissements situés dans des quartiers populaires, je suis bien placée pour affirmer que l’Éducation se délite, comme tous les services publics. Et je devrais ajouter depuis une longue période, et quelle qu’ait été la couleur politique des gouvernements successifs ou des ministres de l’Éducation. Le rejet dont l’actuel occupant du poste, Jean-Michel Blanquer fait l’objet me rappelle notamment celui dont fut l’objet Claude Allègre qui avait déclaré, avec le même don pour la provocation, qu’il fallait dégraisser le mammouth de l’Éducation nationale. Il en avait fait un objectif, ses successeurs ont mis en œuvre ou poursuivi cette politique en gelant non seulement le point d’indice des fonctionnaires, et donc du personnel de l’Education nationale, mais aussi les recrutements, en multipliant les contrats précaires, les sanctions disciplinaires et j’en passe.

ToutEduc : Quelle politique souhaiteriez-vous mettre en place pour y remédier ? Embaucher davantage d'enseignants et de personnels d'éducation ? Augmenter leurs revenus ?

Nathalie Arthaud : Il est de notoriété publique que les traitements des enseignants sont nettement insuffisants : non seulement pour attirer de nouveaux candidats aux concours, mais tout simplement pour vivre pour beaucoup de ceux qui vivent en Région parisienne, ou sur la côte d’azur, pour ne prendre que ces deux exemples, ou doivent se déplacer chaque jour, ou partager leur emploi du temps sur deux, voire trois établissements ! Il y a une quarantaine d’années, un enseignant débutant avait un salaire équivalent à environ 2 fois le smic. Aujourd’hui, c’est autour de 1,2 fois ! Et ce pour des conditions de travail qui se sont elles aussi considérablement dégradées. Sans parler du sort des AESH ou des AVS qui sont exploités comme le sont au fond bien des travailleurs de l’industrie, à coups de contrats précaires, de temps de travail étalé sur des journées entières pour des salaires qui ne cessent de me révolter.

Une augmentation massive des salaires doit donc être mise à l’ordre du jour des luttes à venir. Elle devrait d’ailleurs permettre de réunir l’ensemble des travailleurs, du public, comme du privé, de l’éducation, comme de tous les secteurs, car c’est un problème général. La solution ne peut qu’être générale également, par la grève, le combat collectif avec lequel il nous faut renouer.

Un plan massif de recrutement est également indispensable, à commencer par l’enseignement pour les plus jeunes où beaucoup de choses se décident. Mais partout, il faudrait imposer les groupes réduits, et donc construire les locaux permettant de réorganiser les cours. Et ce d’autant plus que la période du confinement a démontré combien était indispensable la socialisation des élèves, l’échange, le dialogue entre élèves d’une part et avec les enseignants d’autre part.

ToutEduc : Que faire selon vous pour aider le plus grand nombre, et notamment les plus défavorisés à l'école, alors que les inégalités sociales et scolaires sont très fortes en France ?

Nathalie Arthaud : Ce sont toujours les élèves issus des milieux les plus modestes qui pâtissent le plus de l’austérité qui nous a été imposée et du délitement, non seulement des services publics, mais de toute la société, avec le chômage de masse, la misère qui croît, les problèmes de transport, etc. Comment étudier sereinement quand certains élèves ne mangent pas à la cantine le midi et saute un repas ou dorment à la rue ? C’est proprement indigne d’un pays qui se prétend une grande puissance et un pays de longue tradition en matière éducative. Qu’on prenne sur la fortune des Arnault, Pinault, Bolloré, Bouygues, Dassault, Peugeot, Michelin et consorts pour financer tout cela.

ToutEduc : Un autre élément que souhaiteriez ajouter ?

Nathalie Arthaud : J’ajouterai qu’un effort tout particulier devrait être fait pour les jeunes migrants dont la prise en charge reste aujourd’hui très insuffisante malgré le dévouement des collègues qui en ont la charge. Comment également peuvent-ils étudier sereinement quand certains d’entre eux, arrivés à leur majorité, sont sous la menace d’une obligation de quitter le territoire ?

Voilà quelques-unes non pas de mes propositions, car je ne prétends pas être élue en avril prochain, mais des objectifs de lutte que le personnel de l’Éducation nationale saura, j’en suis sûr reprendre à son compte aux côté de l’ensemble du monde du travail dont ils constituent une partie intégrante. Et le plus tôt sera le mieux !

Le site internet ici

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