Loi visant à démocratiser le sport : L'USEP s'inquiète d'un contournement du sport scolaire dans le 1er degré, voire de sa disparition
Paru dans Scolaire le mardi 08 février 2022.
C'est un “danger“ que L'USEP voit en un amendement à l'article 3Bis B de la proposition de loi “démocratiser le sport en France“ voté en commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale la semaine dernière.
L'union sportive de l’enseignement du 1er degré s'oppose à l'amendement AC99 proposé par la députée et rapporteure Céline Calvez (LREM), car, craint-elle, il “offre l'opportunité de contourner l'USEP“ en offrant à l’État et aux collectivités territoriales la possibilité d’organiser des projets sportifs dans le cadre d’alliances éducatives “sans lien avec les fédérations scolaires“, et “ouvre l'école à tout partenaire, notamment à but lucratif, sans garantie de sécurité ou de cohérence du projet“.
En outre, ces alliances n'offriraient pas non plus de garantie “en termes de qualité et d’engagement des communautés éducatives pour des activités qui touchent pourtant à des apprentissages corporels décisifs pour les enfants".
L'USEP, interrogée par ToutEduc, précise qu'elle craint que l'école puisse faire intervenir qui elle souhaite, avec la possibilité d'un détournement d'une association sportive scolaire, alors que selon nos confrères du Figaro, le ministère aurait récemment refusé l'expérimentation à grande échelle de la “méditation de pleine conscience“ à l'école, afin de lutter contre la possibilité de dérives sectaires (voir ici). Y sont évoquées des pratiques déployées dans des établissements “sans qu’un cadre ne soit fixé“, avec “des interventions de plus en plus nombreuses, mais aussi disparates d’associations“ et où se retrouvent “des mineurs sur lesquels l’instructeur peut facilement exercer un fort ascendant“.
L'union du sport scolaire au 1er degré craint de même l'installation d'une école à deux vitesses, née de la possible inéquité entre villes riches et villes pauvres, ces dernirèes pouvant se retrouver sans aucun projet ni sport. Elle regrette enfin, en ce qui concerne son développement qu' “un amendement réclamant la généralisation des associations sportives scolaires dans chaque école primaire a été écarté.“
L'amendement voté indique, comme ToutEduc le présentait vendredi 4 février (voir ici), que “dans les établissements du premier degré, l’État et les collectivités territoriales qui participent au plan sportif local (..) favorisent, dans le cadre d’une alliance éducative territoriale, l’organisation d’activités de nature à susciter l’engagement des élèves dans le cadre de projets culturels, sportifs, artistiques ou citoyens. Ces activités peuvent donner lieu à la création d’associations dans chaque établissement du premier degré.“
Est précisé dans son descriptif que “l’État et les collectivités territoriales participant à un plan sportif local peuvent favoriser par cet outil l’émergence de projets culturels, sportifs, artistiques ou citoyens, afin de susciter l’engagement des élèves. Dans cette perspective, des associations permettant la mise en œuvre de ces projets peuvent être créées dans les établissements scolaires du premier degré. L’amendement procède également à une coordination pour éviter que les nouvelles alliances éducatives territoriales soient affiliées à une fédération sportive.“
Le débat en séance plénière à l'Assemblée Nationale se tiendra demain 9 février. L'USEP, rattachée à la Ligue de l'enseignement, fédère plus de 10 000 associations sportives scolaires et accompagne 700 000 élèves chaque année.