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Un collectif propose de repenser notre système scolaire autour de la notion de curriculum

Paru dans Scolaire le lundi 27 septembre 2021.

"Les savoirs des élèves ne servent pas qu’à passer des examens." Cette formule du texte introductif à la rencontre organisée le samedi 20 novembre 2021 à la Bibliothèque nationale de France sous le titre "Pour une politique curriculaire en France" en illustre le propos. Pour le "Collectif d’interpellation du curriculum français", l'enjeu est clair, voulons-nous une "école de la fracture" ou "une école de la culture" ?

Le constat est sans appel : "A la différence d’autres pays, la 'massification' scolaire a eu en France deux conséquences plus marquées qu’ailleurs, un accroissement de la compétition, avec un échec scolaire qui semble une fatalité pour beaucoup d’élèves d’origine sociale défavorisée" et "une dévalorisation des diplômes, de plus en plus remplacés par des jugements opaques sur des compétences valorisées sur le marché". L'importance donnée à la sélection "a entraîné une multiplication des filières, des voies, des sections, des options, entre lesquelles se sont créées des hiérarchies" et "on constitue les savoirs en hiérarchie pour répondre à la hiérarchie des filières" en évitant "de s’interroger sur le sens éducatif et éthique des savoirs dont, au fond, on ne sait souvent plus très bien pourquoi on les enseigne".

A cette "École de la fracture", le collectif oppose la notion de curriculum, laquelle suppose "qu’on se préoccupe de la globalité de ce qu’un élève apprend" (y compris ce qui ne figure pas explicitement dans les programmes, par exemple se documenter, mais aussi copier-coller sans réflexion critique des éléments d'une encyclopédie, ndlr). Cette notion s'inscrit dans une perspective anthropologique, que "le petit humain" découvre "ce que les hommes ont construit, au fil des millénaires, dans la diversité des sociétés", qu'il puisse "se situer explicitement en référence à l’aventure humaine, à la diversité humaine ainsi qu’aux valeurs de l’humanité, comme l’égale dignité des êtres et leur irremplaçabilité".

S'ils se défendent de proposer une nième réforme du système scolaire, les membres du collectif n'en posent pas moins certaines conditions à ce changement de perspective. "Il faut inventer un dessin institutionnel qui ne donne plus à un ministère éphémère toute puissance en matière de définition des savoirs à enseigner", définition qui changera avec son successeur. Nous avons donc besoin "d’une entité 'au-dessus' des 'programmes', permettant de comprendre pourquoi ils ont été retenus (...), de mener une réflexion large sur les choix que l’École doit faire entre tous les savoirs disponibles, et pour définir quels sont les savoirs 'communs' à tous", "de savoir en fonction de quelles finalités, elles-mêmes au service de quelles valeurs, les décisions concernant les savoirs à partager, notamment à l’École, sont prises".

Il faut ausssi "proclamer la liberté d’apprendre" et dénoncer les décisions d'orientation imposée, élaborer une vision critique et alternative des réalités scolaires, "introduire la réflexion sur les finalités au sein des activités d’apprentissage elles-mêmes", repenser les "disciplines scolaires"à l'aune de "leur contribution aux finalités générales du curriculum", rendre "l’écriture des programmes transparente, indépendante du pouvoir exécutif"...

Les contributions à la réflexion du collectif et à la préparation de la journée du 20 novembre ici et ici. Les membres du collectif organisateur sont Julia Brown, André Canvel, Philippe Champy, Benoît Falaize, Roger-François Gauthier, Michèle Haby ,Luisa Lombardi, Mélanie Jonquière, Denis Paget, Patrick Rayou, André Robert, Mariem Siala, Christine Vallin et Jean-Pierre Véran.

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