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La situation des enseignements optionnels amène à revoir la réforme du lycée (Inspection générale)

Paru dans Scolaire, Orientation le dimanche 08 août 2021.

La réforme du lycée d'enseignement général et technologique "met au cœur de sa logique la liberté des élèves et la personnalisation de leur parcours", et les enseignements optionnels y contribuent, constate la mission d'inspection générale dont le rapport d' "évaluation de la mise en œuvre des enseignements optionnels au sein du nouveau lycée général et technologique" vient d'être publié. Les élèves et les enseignants sont "unanimes à considérer cet enseignement optionnel comme un temps privilégié", du fait de conditions favorables, d'une "pression certificative" moindre, d'une liberté pédagogique "qui permet d’expérimenter des situations d’enseignement nouvelles". Les quatre auteurs y voient "un levier pour renouveler les pratiques enseignantes, lorsque "l’enjeu du plaisir d’apprendre" est "au premier rang". Les élèves y développent de plus "des compétences transversales". Ces enseignements optionnels jouent aussi un rôle important dans la vie de l'établissement : "présentation des productions d’arts plastiques dans les espaces communs, représentation du spectacle travaillé pendant l’année, jumelage avec un établissement étranger (...), voyage en Italie ou en Grèce (...)".

Mais ces enseignements ont-ils la place qu'ils méritent ? "La réforme du lycée semble avoir concentré toute l’attention, si bien que l’offre d’enseignements optionnels constitue un objet qui n’est pas systématiquement documenté." Certaines académies ne disposent d'ailleurs pas d'une carte de ces "EO". De plus, la mise en œuvre de la réforme "étant très complexe au niveau organisationnel (...), les proviseurs demandent souvent aux élèves de ne choisir qu’un seul enseignement optionnel en terminale". Or "la constitution d’un bon dossier en vue de l’intégration dans l’enseignement supérieur conduit les élèves à privilégier le suivi d’enseignements optionnels de terminale dont ils ont le sentiment qu’ils sont obligatoires pour être sélectionnés par la procédure de Parcoursup. Cela se vérifie fortement pour les deux enseignements de mathématiques."

Par définition, ces enseignements ne sont pas obligatoires. "Sur les 563 635 élèves inscrits en classe de seconde dans les lycées publics ou privés sous contrat, 120 316 ont choisi de suivre un enseignement optionnel général, soit 21,3% (enseignements artistiques, des langues anciennes, de l’EPS, des LVC) (LVC : langue vivante, étrangère ou régionale, dont l’apprentissage débute en classe de seconde, ndlr)." Les filles sont présentes très majoritairement dans les enseignements artistiques (70,4%) et l’étude d’une nouvelle langue (67,4%), tandis que les garçons sont très présents en EPS (68%). Aux comportements genrés s'ajoute une différenciation selon les catégories sociales. "LCA (langues et cultures de l'antiquité) est surreprésenté au niveau des CSP favorisées et très favorisées, LVC et EPS sont au contraire davantage choisis par les CSP les moins favorisés."

Quant aux enseignements optionnels technologiques qui préfigurent les séries technologiques (Biotechnologie, Création et Culture Design, Création et innovation technologiques, Management et gestion, Santé et social, Sciences de l'ingénieur, Sciences et laboratoire), ils ont été choisis par près de 21 % des élèves de seconde à la rentrée 2020", mais "les entretiens menés avec des professeurs principaux de troisième font apparaître une importante (voire une totale) méconnaissance de la voie technologique" alors qu'ils jouent un rôle important dans l'orientation et que ces enseignements "ont pour objet de présenter une filière de la voie technologique aux élèves de seconde" et qu'ils jouent ainsi " un rôle particulier dans le parcours des élèves". La mission suggère "qu’au cours de cette année de seconde chaque élève choisisse un enseignement optionnel général et un enseignement optionnel technologique", éventuellement semestriel pour en expérimenter deux. Mais c'est l'inverse qui se produit. "Le suivi des effectifs dans le temps met en évidence une baisse tendancielle de 2% à 3% depuis quelques années. Mais la mise en œuvre de la réforme du lycée général et technologique a fortement accentué ce phénomène en divisant en moyenne de moitié les effectifs."

De même pour la 3ème langue. "Toutes langues confondues, on note une baisse de –37,8% depuis la rentrée 2019". Elle touche particulièrement l’italien (–45,4%) et le portugais (–54,8%). " Seuls le japonais et le créole connaissent des variations positives." En ce qui concerne le latin et grec, "la situation fait apparaître une très forte diminution des élèves pratiquant ces enseignements optionnels, malgré le traitement plus favorable qui leur est fait au baccalauréat. La situation semble particulièrement inquiétante pour le grec, qui a vu ses effectifs fondre d’un quart depuis le début de la réforme." Pour l'EPS en revanche, "les flux semblent relativement stables". Et la réforme a profité aux enseignements artistiques.

La mission s'interroge sur les remèdes à apporter. La crise sanitaire a ouvert "de nouvelles pistes de réflexion pour assurer un accès plus équitable de tous les élèves aux enseignements optionnels". Pourquoi ne pas envisager des enseignements hybrides qui allieraient présentiel et distanciel, synchrone et asynchrone "et ce, dans des bassins ou territoires circonscrits, limités à deux ou trois établissements suffisamment proches pour permettre à l’enseignant en charge de cet enseignement optionnel de circuler de l’un à l’autre régulièrement" ?

Avec le passage en 1ère, "la question de poursuivre ou non ces enseignements se pose. Bon nombre d'élèves "abordent la classe de première en anticipant à la fois le choix des deux EDS (enseignements de spécialité) de terminale" et les enseignements optionnels ne sont plus perçus comme une ouverture "mais comme une obligation (réelle ou considérée comme telle dans l’imaginaire collectif) en vue de la sélection via Parcoursup".

S'ajoutent en effet en terminale trois nouveaux EO, "Droit et grands enjeux du monde contemporain", "mathématiques expertes" et "mathématiques complémentaires". La mission propose leur suppression. Le premier pourrait intégrer "le régime commun des enseignements optionnels en étant présent dès la classe de seconde, ou deven(ir) un enseignement de spécialité présent dès la classe de première". Les "mathématiques complémentaires" pourraient être intégrées au tronc commun. "Seul mathématiques expertes resterait accessible en terminale." Il est en effet inenvisageable de le supprimer puisqu'il est massivement suivi. Toutefois, la mission "s’interroge sur les biais qu’il est susceptible de produire dans le cadre de la procédure Parcoursup" et suggère d'en faire "une option évaluée par compétences et donc sans notes".

Assurer une permanence de ces enseignements

La mission s'interroge aussi sur l'évaluation de ces EO. Elle propose "une évolution du troisième temps du Grand oral vers une analyse réflexive du parcours de l’élève dans laquelle les différents choix –y compris ceux des enseignements optionnels, et l’analyse de leurs apports–, pourraient être explicités. Cet espace permettrait la prise en compte de l’ensemble du parcours suivi au lycée (EDS et enseignements optionnels)."

Ses propositions portent aussi sur la gestion de ces enseignements. Pour maintenir "un continuum entre la classe de troisième et la classe de seconde LGT", les académies, pour réaliser la carte des enseignements optionnels, devraient tenir compte "des options et dispositifs préexistant au sein des collèges. Cette carte doit "perdurer dans le temps", l’offre des enseignements optionnels d’un établissement devrait être "un élément constitutif du dialogue de gestion entre l’établissement et l’académie afin que la carte puisse être élaborée conjointement et contractualisée". Le rapport donne l'exemple de la 3ème langue : "l’ouverture ou, plus fréquemment, la fermeture d’un enseignement optionnel de LVC se fait généralement sur décision de l’établissement, pour des raisons fréquemment budgétaires et ce, sans coordination ni au niveau du bassin, ni du département, ni toujours au niveau académique ou national; c’est ainsi qu’apparaissent les déserts d’option et les ruptures d’offre linguistique sur de nombreux territoires."

Le rapport "évaluation de la mise en œuvre des enseignements optionnels au sein du nouveau lycée général et technologique" est téléchargeable ici

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