Notre système scolaire ne développe pas les compétences socio-comportementales (introduction du colloque Quels professeurs au xxième siècle ?)
Paru dans Scolaire le mardi 01 décembre 2020.
Comment créer des conditions qui favorisent la collaboration et la coopération entre élèves et entre enseignants ? Cette question a été placée au centre des préoccupations du colloque scientifique "Quels professeurs au xxième siècle ?" par Yann Algan qui était chargé, ce 1er décembre, de son introduction. L'économiste insiste d'abord sur l'intérêt d'investir dans l'éducation puisque le retour sur investissement est de 5€ pour 1€, et même, selon des études américaines de 6 à 8$ pour 1$ investi dans la petite enfance.
Les citoyens diplômés ont d'ailleurs davantage confiance dans la démocratie, une année d'éducation supplémentaire augmente les niveaux de salaire obtenus plus tard et diminue le risque de chômage, les diplômés du supérieur sont en meilleure santé, les taux de délinquance diminuent avec le niveau d'étude, "les bénéfices sociaux de l'éducation sont considérables".
Or parmi les nouvelles compétences qui vont être de plus en plus nécessaires pour l'insertion sociale et professionnelle dans les années à venir, mais aussi celles qui sont prédictives de la réussite scolaire des élèves, figurent les compétences socio-comportementales comme la capacité à se concentrer, à collaborer, à créer, à innover, à rechercher le consensus, faire confiance aux autres, avoir de l'empathie...
"Ces compétences ne tombent pas du ciel", ajoute Yann Algan qui fait le lien avec les pratiques pédagogiques, le travail en groupes étant favorable, à l'inverse du cours magistral. La France connaît un sérieux déficit dans ces domaines qui s'explique par des manques dans la formation initiale des enseignants, par leur formation continue, qui est moins qu'ailleurs axée sur le travail avec les pairs, ainsi que par la faiblesse de l'accueil d'un jeune enseignant par ses collègues plus expérimentés dans un établissement.
Le colloque ici