La coopération résiste à la distance physique (Revue de l’OCCE)
Paru dans Scolaire le mercredi 07 octobre 2020.
Peut-on coopérer à distance ? Oui, mais si certains critères sont réunis et si cette forme de coopération reste limitée dans le temps. C’est la conclusion du dossier du nouveau numéro de la revue de l’OCCE "Animation & Education" qui réunit les témoignages de praticiens des pédagogies coopératives, tous surpris par l’annonce de la fermeture des établissements scolaires en mars dernier.
"Nous apprenons non seulement que les écoles ferment mais aussi que, dès le lundi, nous devons être en capacité d’assurer la continuité pédagogique !", s’exclame Soledad Garnier, professeure des écoles en CM2. Ancienne enseignante référente aux usages du numérique dans son école, elle comprend l’angoisse de ses collègues, peu habitués au maniement des outils numériques, qui se sont tout de suite demandé comment garder le lien avec leurs élèves. Elle créera des adresses gmail, elle initiera à l’utilisation de la plateforme monécole.fr… Et personnellement, elle ne se fera "pas trop de souci" car elle pratique d’ores et déjà "différentes modalités d’apprentissage dont la coopération et la classe inversée"
La continuité coopérative.
Le constat de cette enseignante pointe l’une des conditions de réussite de la coopération à distance. Comme le souligne Marie-France Rachédi, la rédactrice en chef de la revue, "les praticiens et les praticiennes des pédagogies coopératives utilisant régulièrement dans leur classe les outils numériques partageaient des expériences positives : leurs élèves qui avaient l’habitude de coopérer ont continué, ils ont pris des initiatives (création de journaux, de vidéos, de jeux, des défis…) et sont restés motivés".
Sylvia Crozemarie, IEN et conseillère 1er degré auprès de l’IA-DSDEN de la Haute-Loire, revient sur les trois priorités qui ont été les siennes : "soutenir les parents, identifier les besoins es élèves et gérer les ressources éducatives." Elle souligne : "Dans notre département rural, les liens maintenus avec une très grande majorité des familles ont renforcé la coéducation : les parents ont fait des retours très positifs aux enseignants et conforté la reconnaissance leur professionnalisme."
Les graines coopératives ont germé
Les enseignants de la Haute-Loire "constatent également le développement de l’autonomie des élèves" et "au niveau du pilotage des équipes enseignantes et de circonscription la situation de crise a fait sauter certaines limitations quant à l’intégration du numérique". Et Sylvia Crozemarie d’en conclure : "Ainsi finalement, les leviers pour rendre l’enseignement à distance efficace ne résident-ils pas simplement dans la recherche de stratégies qui améliorent l’enseignement ou l’apprentissage, qu’ils soient réalisés en présentiel ou en distanciel ?"
Emmanuelle Boddaert, animatrice pédagogique de l’OCCE du Pas-de-Calais et Monique Kozubek, mandataire de l’OCCE du Nord, rapportent l’expérience de l’annulation, pour cause de pandémie, d’un séjour découverte "environnement et énergie" de classes de CE2, CM2, et Ulis. Organisé dans le cadre du projet d’école, ce séjour aurait dû amener les élèves au centre des volcans d’Auvergne. Construit autour de l’idée qu’un "élève d’une classe est d’abord et avant tout un élève de l’école", ce projet de sortie scolaire et les actions nécessaires à sa réalisation ont favorisé la coopération entre les enseignants, les parents et élèves et, passée la déception due à l’annulation, cette coopération n’a pas disparu, au contraire : "Les graines coopératives déjà semées ont germé."
"La coopération à l’épreuve du distanciel", Revue Animation & Education, n°277-278 Juillet Octobre 2020, 5€.
Colette Pâris